White Christmas : gestion des couleurs et point blanc
Publié le 21 décembre 2009 dans Articles et dossiers par Jean Delmas
Qu’est-ce qu’un objet blanc et pourquoi la balance des blancs ?
Un objet de couleur neutre, achromatique, est un objet dont la surface renvoie vers notre oeil ou vers l’objectif de notre APN un rayonnement dont le spectre est identique à celui de l’illuminant qui l‘éclaire.
L’opération nommée “balance des blancs” a pour objet d’identifier la couleur de cet illuminant (sa situation sur le diagramme de chromaticité) et de rendre neutres les pixels appartenant aux objets qui renvoient le même rayonnement. Les logiciels de développement RAW accomplissent cette difficile mission mais uniquement dans l’hypothèse où l’illuminant de la scène est unique. Si la scène est éclairée par de multiples illuminants se combinant ou se juxtaposant selon la zone considérée dans le volume scénique, l’affaire est alors beaucoup plus complexe, et, pour tout dire, non encore vraiment élucidée.
Si l’image est définie dans un espace RVB dit “équilibré”, ce qui est le cas des espaces de travail classiques, les pixels rendus neutres par la balance des blancs se voient dotés de composantes égales R=V=B.
Balance des blancs opérée avec une mire grise et la pipette de Camera Raw pour développer la photographie RAW d’une oeuvre de Claude Viallat dans l’espace équilibré Adobe RGB (1998).
Qu’est ce que le “point blanc” d’un écran ?
Le blanc d’un écran, dit aussi son “point blanc”, est la couleur qu’il affiche quand on lui injecte des pixels dont la couleur est définie par les composantes R=B=V=255 sur l‘échelle tonale variant de 0 à 255. En effet, si l’image est définie dans un espace de travail équilibré, comme sRGB, Adobe RGB (1998) ou ProPhoto RGB, et si elle a fait au préalable l’objet d’une balance des blancs convenable, les couleurs pour lesquelles les composantes RVB sont égales sont des couleurs neutres ; la couleur dont les trois composantes sont nulles étant le noir (absence de tout rayonnement), le blanc étant celle dont les trois composantes possèdent la valeur maximale 255.
Le rayonnement émis par un écran non étalonné quand on lui envoie un pixel R=V=B=255 n’a bien entendu aucune raison d‘être réellement blanc. Sa couleur a même de nombreuses excuses pour être “n’importe laquelle” puisqu’elle dépend du réglage de l’appareil, de son état de décrépitude, de son modèle, etc. L‘étalonnage va remédier à cette imprévisibilité en contraignant l’appareil à afficher une couleur déterminée quand on lui envoie de tels pixels blancs. Encore faut-il pour cela préciser au logiciel d‘étalonnage la couleur que l’on souhaite pour le blanc affiché.
Mais alors, quel blanc adopter ? Pourquoi ne pas prendre tout simplement Super Blanc, le blanc absolu E (5 400 K), le seul à être plus blanc que tous les blancs ? Nous allons voir que la réponse est à la fois plus complexe, à cause des questions liées à la confrontation écran/papier, et plus facile, car nous serons tirés in extremis de notre blanche angoisse par la flexibilité de la perception visuelle.
Perception visuelle du blanc et adaptation chromatique
Figurez-vous que, quand vous observez une scène éclairée par un illuminant blanc légèrement bleuté, par exemple l‘éclairage solaire D65, votre perception visuelle vous fait tenir pour blancs les objets qui renvoient vers votre œil des rayonnements de distribution spectrale identique à D65, c’est-à-dire des rayonnements légèrement bleutés. Si vous remplacez l’illuminant D65 par son frère jaunâtre D50, ce sont les rayonnements jaunâtres réfléchis par les objets neutres que vous allez dés lors trouver blancs, alors que leur couleur est devenue assez différente de celle que ces mêmes objets neutres avaient sous l’illuminant précédent.
Ainsi, votre système perceptif fait-il un travail de balance des blancs qui corrige continûment votre perception de la blancheur en fonction de votre environnement. Ce mécanisme correctif, appelé “adaptation chromatique”, est influencé principalement par la couleur de l’illuminant dans lequel vous baignez. Il peut aussi dépendre de certaines caractéristiques de l’objet observé, marges d’une photographies, blanc d’un écran…
Cette influence de l’environnement d’une image sur sa perception visuelle est mise en oeuvre dans l’expérience classique suivante. Les couleurs des deux carrés centraux sont composés de pixels identiques mais sont perçues comme différentes car elles sont influencées par les couleurs qui les entourent.
Adaptation de la perception visuelle aux marges d’une image.
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Ah oui mais non ! Comment faire autrement, après la lecture de ce billet, que de courir chez mon libraire suite à l’éveil de ma soif de compréhension et de mon désir d’apprendre ?
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Alors le livre doit être sacrément bon 😉
Effectivement, article très bien écrit et très didactique !
On a carrément l’impression que c’est simple comme tout la gestion de la couleur…
Faut que je jette un coup d’œil au livre…
Juste de temps en temps, un remerciement pour vos articles remarquables, bien sur qui nous amorce pour aller plus loin en achetant vos livres et ce que je fais quelquefois avec grande satisfaction.