Un plaidoyer pour le format RAW
Publié le 28 juillet 2007 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Inutile de lire cet article si vous photographiez toujours en format JPEG (quoique justement…) !
Port de Concarneau, Canon 1Ds avec EF 4/17-40 L USM.
Le format RAW est devenu le sujet vedette de nombre de livres ou sites Internet. Pourtant, son usage est loin d’être universel. Il fait partie, comme la gestion des couleurs, de ces concepts venus d’outre-Atlantique qui sont férocement combattus par une partie de la profession avant d’être acceptés avec quelques années de retard. Le format RAW (ou plutôt les formats RAW puisqu’il en existe un bon paquet) représente l’information brute recueillie par le capteur au moment de la prise de vue. Le capteur est un daltonien de pure souche et ne reçoit que des informations de luminosité habituellement interprétées à l’aide d’une matrice Bayer dotée de filtres couleurs RVB. Il est évident que ce fichier brut requiert un traitement sophistiqué pour conduire à une image présentable. Et là vous avez deux options.
Premièrement, faire confiance au processeur DSP de votre appareil photo qui transforme le fichier brut en format JPEG (ou TIFF, plus rare) en appliquant au passage tous les paramètres que vous avez sélectionnés au préalable : balance des blancs, saturation, courbe de tons, espace de couleur, netteté, etc. Parfait, vous voilà enfin en possession d’un fichier prêt à l’emploi. Le bonheur ? Oui, si vous avez parfaitement contrôlé votre prise de vue, fait une balance de blancs aux petits oignons et exposé avec une précision irréprochable. En ce qui me concerne, je n’ai jamais su frôler la perfection en shootant du JPEG, et ceci malgré l’emploi des techniques traditionnelles (posemètre et thermocolorimètre) utilisées pour vaincre mes angoisses face à une technologie nouvelle. L’emploi du JPEG implique de savoir ce que vous allez faire de votre image : impression offset, publication Internet, tirage photo en Minilab, chaque utilisation nécessite des paramètres de développement bien spécifiques et vous ne pouvez pas toujours savoir d’avance si telle et telle photo ne sera pas finalement utilisée dans un cadre différent de celui que vous avez envisagé au départ.
Mais au-delà des contraintes dans le choix des paramètres, savez-vous que le fichier JPEG ou TIFF n’est qu’une interprétation allégée, amputée de votre fichier capturé ? Alors que vous avez pris soin de bien caser les 4096 nuances par couche (12 bits = la profondeur habituelle d’un appareil reflex numérique), vous vous retrouvez avec seulement 256 niveaux (8 bits = fichier JPEG ou TIFF produit par votre APN) à l’arrivée. Et il est bien dommage de ne pas pouvoir choisir ce que vous avez jeté au passage…
Si vous faites comme moi partie des photographes étourdis, absorbés par leur sujet et/ou simplement perfectionnistes, vous avez déjà compris ou allez comprendre l’intérêt du format RAW : une incroyable souplesse ! Voilà enfin votre ordinateur transformé en laboratoire numérique, « en chambre claire ». Car maintenant vous pouvez employer un logiciel de conversion et toute la puissance de votre machine au profit d’un résultat de bien meilleure qualité. Ne croyez pas aux « forumanes » toujours prêts à diffuser sur Internet de fausses idées fondées sur des connaissances incomplètes ou des mythes de nature tenaces. « Pourquoi le format RAW ? » Une question que se posent toujours nombre de photographes. La réponse rapide : « Parce que c’est si bon ! » La manipulation et la retouche à partir d’un fichier codé en 16 bits par couche sont infiniment moins destructives : même si vous perdez un nombre important de niveaux lors de la retouche, ils vous en reste de toute façon bien plus que lorsque vous modifiez un fichier ne comportant que 256 niveaux.
Ce dernier se trouve mutilé, même après un « petit traitement de choc » de deux ou trois manipulations de base. L’histogramme en peigne en témoigne. Au lieu de livrer votre image à l’automate intégré de l’appareil, vous travaillez en RAW avec un logiciel de conversion dédié et optimisé pour en extraire la meilleure qualité possible.
« Encore un logiciel ! » vont s’exclamer les utilisateurs déjà rebutés par l’apprentissage laborieux de Photoshop. Pas forcément, puisqu’Adobe lui-même s’est lancé dans la séduction des photographes et offre un plug-in performant et pratique dans ses versions CS, CS2 et CS3… Sachez qu’un des avantages du format RAW réside dans les évolutions des algorithmes de développement. Les mises à jour du micrologiciel interne de l’appareil se limitent habituellement à la durée de vie de votre matériel, de plus en plus restreinte. Les logiciels de conversion, en revanche, évoluent au rythme des développements technologiques de tout un secteur. Un fichier RAW shooté il y a quelques années bénéficie parfois d’une amélioration spectaculaire une fois qu’il est traité dans un logiciel moderne. Aujourd’hui, votre flux de travail ne ressemble plus à une balade tortueuse entre les menus du logiciel : choix des paramètres, gestion des couleurs, traitement par lots, les logiciels sont de plus en plus adaptés aux besoins des photographes. Si vous travaillez toujours en format JPEG, osez le changement. Il n’est jamais trop tard !
Erreur : 12 bits = 4096 niveaux et non 16000
Exact, Gibus, et merci de nous le signaler. En fait, il y avait déjà une personne m’avoir signalé cette coquille et comme d’habitude (faute de temps ou manque de concentration..) je n’en ai rien fait. Mea culpa !
Bonjour,
j’hésite encore à acheter le livre sur Lightroom que vous avez traduit.
Qu’en estil d’une mise à jour annoncée dans le livre page VIII et censée arriver sur ce site ?
Le livre me semble vraiment bien, mais me lancer dans une méthode “dépasée” par rapport à mon logiciel me laisse perplexe !
Merci pour votre réponse.
3e essai pour laisser un message !
je vais faire plus court
quid de la mise à jour du livre sur Lightroom que vous avez traduit
(comme annoncé page VIII)
Bonjour François et bienvenu sur questionsphoto.com. Que ce Blog existe est une preuve que nous prenons nos lecteurs au sérieux, n’est-ce pas. Pour la mise à jour 1.1 du livre de Martin, nous avons décidé de la faire non pas en traduisant et adaptant les 170 pages supplémentaires, mais sous une forme plus digeste, des articles qui suivent le fil de Martin, tout en étant écrit par moi. Le premier de cette petite serie d’articles arrivera sans doute dans quelques jours, alors « stay tuned ».
Merci pour votre réponse.
(qui n’est pas celle que j’espérais, malgré tout)
Je reste en ligne pour voir les articles et souhaite longue vie à ce blog qui s‘annonce prometteur…
ps : désolé pour le double post précédent
(vous pouvez effacer mon 2e message !)
Quand la question se pose, je répond : «Travailler avec le JPG c’est comme si vous aviez à travailler à partir d’une photo imprimé, tandis que le RAW vous avez le négatif.»
Voilà,
Philippe