Tourner en vidéo HD avec les reflex Canon
Publié le 10 août 2010 dans Articles et dossiers par Stéphanie Poisson - éditions Eyrolles
Jean-Marie Delorme, directeur photo en cinéma et publicité (film et vidéo)
J’ai rencontré Jean-Marie Delorme par l’intermédiaire du chef machiniste Olivier Georges “Castor”, que nous avons comme ami commun. Ce talentueux directeur de la photographie a très vite été conquis par les possibilités esthétiques et pratiques offertes par les EOS qu’il utilise à présent sur la majorité de ses productions (témoignage du 03/01/2010).
J’ai travaillé pendant plus de 10 ans comme assistant opérateur en film, puis en SD en enfin en HD. J’ai donc suivi toutes les évolutions techniques des caméras numériques. Depuis que l’on demande aux opérateurs une image “film” avec un support vidéo, ceux-ci se démènent pour casser la profondeur de champ, d’où la quête des grands capteurs. Mais l’image, c’est l’optique plus que le capteur, et les caméras vidéo de reportage ne nous offraient que peu de choix concernant les optiques.
Lorsque j’ai assisté à la projection du travail du photographe JR sur les favelas de Rio, par la société Digimage sur un projecteur 2K et l‘écran de la Fémis en 2009, j’ai été littéralement subjugué par la matière, la densité et la force de l’image. Je me suis alors lancé dans la photo à 30 images par seconde. Avec mon expérience du film, j’ai approché l’EOS comme une caméra de cinéma, qu’il a fallu accessoiriser pour travailler avec les contraintes de l’image de fiction. Je vois le reflex EOS comme LA caméra HD du moment, qui répond à toutes mes attentes, et je la place sur tous mes projets qui n’appellent pas le support film.
L’image c’est l’optique, le capteur, lui, va poser la question de la distance au sujet dans le cadre d’une profondeur de champ dite “cinéma”. Le grand capteur apporte également plus de détails, de couleurs et de définition de l’image. Enfin, la gamme pléthorique des optiques photo répond très bien aux besoins des clips, des pubs, ou des documentaires. Cependant, elle ne répond absolument pas aux contraintes de la fiction. Seules les possibilités récentes d’adaptation des objectifs cinéma autorisent l’introduction d’une écriture cinématographique pour les EOS.
Pour le rendu final, la différence des trois capteurs n’est pas spectaculaire, j’aurais même tendance à la réduire en 5D MkII, c’est-à-dire à travailler avec un diaph plus fermé qu’en 7D ou 1D MkIV. Ma préférence va toujours au 5D MkII car la profondeur de champ n’est pas la seule variable en jeu. Je trouve notamment la gestion des basses lumières dans les tons moyens mieux maîtrisée qu’avec le 7D.
Thierry Pouffary, premier assistant opérateur
Premier assistant opérateur prise de vues film, photo et relief, Thierry Pouffary a utilisé les HDSLR Canon en mode vidéo sur de multiples tournages (clips musicaux, films publicitaires, téléfilms, captations 3D). Il nous fait part de ses impressions et réflexions sur leur maniement (29/03/2010).
Grâce aux HDLSR Canon, j’ai pu dès la sortie du 5D MkII fin 2008 allier mes compétences de premier assistant opérateur cinéma à celles d’assistant photographe, car bien que captant de la vidéo, ces appareils se règlent comme des boîtiers photo. La fonction à ne pas négliger est la customisation des Styles d’image. N’enregistrant pas du RAW, on peut s’approcher d’une image plus douce que celle d’usine en jouant sur ces Styles d’imageet surtout en ayant la possibilité d’en créer de nouveaux (avec le logiciel PictureProfileEditor), appropriés à ses propres conditions de tournage. On peut ainsi améliorer sensiblement la gestion du rendu des peaux.
Les essais caméra sont différents : le travail d’accessoirisation devient primordial, chaque loueur ayant développé ses spécificités et chaque film répondant à ses exigences:
- conversion du signal HDMI en HD-SDI pour bénéficier de l’utilisation de Waveform et de retour image de qualité (il est à noter que seul le 5D MkII bascule en PAL pour la preview lorsque l’on enregistre, mais qu’il vient de bénéficier d’une mise à jour lui permettant de gérer le 24/25p et d’avoir l’histogramme en live. Certains firmwares indépendants permettent l’affichages des niveaux sonores, de zébras, de tracés 1,85 et 2,40 et de la durée d’enregistrement restant),
- adjonction de viseur HD pour le cadreur,
- enregistrement sur d’autres supports via la sortie HDMI,
- Follow focus à butée pour l’utilisation des focales photo Canon,
- choix de Rigs pour cadrer à l‘épaule, à la main, sur grue, etc.
En relief, les Canon autorisent une utilisation sur des modules bien plus petits que des caméras conventionnelles et l’exploitation d’une taille d’image bien plus intéressante que des paluches – mais pour la captation de mouvements rapides, des progrès restent encore à faire sur la synchronisation de plusieurs appareils.
Avec le choix entre le 5D MkII, le 7D et le 1D MkIV, on peut couvrir tous les projets, le boîtier le plus robuste étant le 1D MkIV et sa patte d’accroche bien pratique pour la prise HDMI.
Connaissant leurs qualités inhérentes (faible encombrement, haute sensibilité, possibilité d’utiliser toutes les focales du parc photographique et même du parc cinéma avec la création de monture PL et Panavision), il y a fort à parier que l’on retrouvera de plus en plus souvent ces appareils sur les plateaux. J’ai pour ma part couplé ces boîtiers avec des caméras de tout bord (2/3 HD, Red, Phantom…), sur différents projets et sans rencontrer aucun problème.
est-ce que l’ouvrage traite des différentes possibilités logicielles pour le montage ? je peine à trouver des informations sur la compatibilité du format vidéo avec certains logiciels, et le choix du format à adopter sur certains (du coup j’utilise imovie qui gère tout seul comme un grand :))
Si l’auteur mentionne les workflows Avid, Premiere Pro, iMovie, Vegas 9 et Final Cut Express dans la partie « montage » de son chapitre 9, il met l’accent sur la suite logicielle Final Cut Pro Studio. Il s’en explique dans le livre :
« Pour éviter une mauvaise interprétation sur le choix arbitraire du workflow recommandé, il serait préférable que je mentionne une partie de mon passé. Cinq années de ma vie ont été dédiées à la profession de monteur (de 1994 à 1999). Après avoir reçu une formation sur un système trois machines Beta SP, j’ai vu naître le montage virtuel et je l’ai adopté immédiatement. Les systèmes de montage Avid sur lesquels j’ai le plus monté professionnellement, le MEDIA 100 ou Première (Adobe), ont tous été en ma possession sur une longue période, pourtant ma préférence va aujourd’hui à la suite complète Final Cut Pro (FCP) Studio 2 (Apple). Étant amoureux de la firme Apple depuis sa création, la chaîne idéale de postproduction workflow que j’ai choisie de vous présenter est composée spécifiquement d’équipements professionnels de la marque (hardware et software). La suite Final Cut Pro Studio comparée aux performances des autres stations de montage s’est révélée la plus efficace pour la gestion des rushs des boîtiers EOS et apparaît comme la référence sur tous les forums. Ce workflow prend en compte les temps de conversions et divers calculs, et n’a qu’une seule vocation : optimiser les vitesses d’exécution des process image et garantir un rendu de la meilleure qualité possible. »
Pour info, voici le sommaire du chapitre 9 :
Chap 9 – Montage et conformation
I. Quel workflow pour le montage ?
1. Une solution idéale : FCP Studio en cinq étapes
a/ Étape 1 : La conversion systématique
L’EOS Movie Plugin-E1, plug-in incontournable pour FCP
Le cas particulier du 720p
Les cadences 50 et 60 i/s en 720p et le ralenti
b/ Étape 2 : importation et identification des rushs
c/ Étape 3 : création d’une séquence et synchronisation des rushs
d/ Étape 4 : le montage traditionnel
e/ Étape 5 : une sortie non compressée privilégiée
2. Les autres alternatives
a/ Les solutions économiques
b/ Le workflow Avid s’est fait attendre
II. La conformation
1. Le mixage audio
a/ Postsynchro, voix off, création de BOF
b/ Le nettoyage et le mixage
2. Image process : workflow idéal et rendus ultimes
a/ Correction des rushs EOS
b/ Étalonnage du montage des rushs EOS
c/ Les effets spéciaux
d/ Conversions pour la diffusion
Mais la question des formats des vidéos (enregistrement, conversion, diffusion) revient de nombreuses fois au fil de l’ouvrage.
Excellent article, avec enfin le point de vue des professionnels qui éclaircit beaucoup de point obscurs pour ceux qui, comme moi, ne font pas de vidéo. Et je me précipiterai en librairie à la sortie du livre.
Merci Stéphanie, du coup j’attends la sortie avec impatience !
Excellente nouvelle que la sortie en librairie de ce livre dédié à la vidéo des réflexes Canon. Equipée d’un Canon 500D et d’un 7D, j’apprécie chaque mois de pouvoir filmer en Full HD avec ces 2 appareils et de pouvoir faire de timides montages amateur grâce à iMovie (en tant qu’utilisateur Apple). Le récit de mes voyages sur mes blogs y gagne en qualité, sauf que… j’ai bien besoin de conseils pro sur l’art de filmer et sur l’art du montage. Rien qu’en lisant les commentaires ci-dessus cela me confirme la nécessité d’acquérir Final Cut…
J’attends donc le livre avec impatience, et notamment pour apprendre à filmer un paysage en travelling en conservant une ligne d’horizon stable ! 😉
J’espère donc que le livre aborde également un chapitre sur le matériel complémentaire à utiliser pour filmer avec les réflexes Canon.