Spyder3 Studio SR : une solution complète pour calibrer la chaîne graphique (deuxième partie)
Publié le 5 février 2010 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Alors que le produit concurrent de X-Rite se contente d’un seul instrument de mesure, Datacolor en fournit deux. De même, le rapport qualité-prix du produit semble plus favorable que celui du produit rival : si Datacolor propose un somptueux ensemble, composé d’une valise en aluminium, de deux colorimètres, leurs accessoires, logiciels et guides de mise en route ainsi que de l’astucieux SpyderCube, les acheteurs de la ColorMunki doivent se contenter d’une simple boite en carton abritant le spectrophotomètre, son étui doublé d’un contre-poids et son logiciel.
De son côté, X-Rite a opté pour un seul instrument de mesure, qui maîtrise à la fois le calibrage et la caractérisation des écrans et des imprimantes et qui est piloté par un seul logiciel – une solution finalement bien plus simple à mettre en œuvre que la suite logicielle de Datacolor.
Et bien que Datacolor a choisi à ajouter le préfixe spectro (parfaitement légitime car Spyder3 Print SR donne des valeurs Lab), l’appellation “spectrocolorimètre” contribue à brouiller les pistes et à faire disparaître les différences entre un colorimètre et un véritable spectrophotomètre : alors que le premier s’appuie sur une série de filtres pour analyser tant bien que mal les différentes couleurs, le second offre un système de miroirs permettant d’analyser la lumière du spectre visible avec davantage de précision. Par définition, un colorimètre est donc nettement plus assujetti à certains phénomènes comme le métamerisme et le bronzing, rendant les mesures moins homogènes.
La mire, conçue par Norman Koren, utilisée pour évaluer la qualité des profils d’imprimante. Vous pouvez la télécharger à cette adresse
Dans l’absolu, la qualité des profils élaborés avec Spyder3Print est plutôt convaincante et je m’en serais largement contenté si je n’avais pas fait des essais en parallèle avec le ColorMunki. Une analyse de plusieurs tirages de la mire de Norman Koren révèle en fait un certain nombre d’imperfections parfois visibles sur des “vraies” photos.
Voici deux mires imprimées et numérisées avec un scanner caractérisé qui sont représentatives pour les tirages imprimés en utilisant les trois papiers et les deux fois trois profils construits avec Spyder3Print et ColorMunki. Notez les différences avec la mire “idéale” de la figure précédente.
Mires imprimées sur papier Hahnemühle Fine Art Baryta, profils Spyder3Print….
Voici les différences relevées :
- En utilisant le profil Datacolor, l‘échelle des gris n’est pas unifome, les teintes claires y sont trop chaudes, et ce, pour les trois supports profilés.
- L’arc en ciel Granger dans la partie supérieure gauche de la mire témoigne d’une désaturation des teintes bleues et vertes, phénomène que l’on retrouve dans les plages couleur de la charte Q- 13, située en dessous. Les plages bleues et magenta y ont perdu tout leur éclat.
- L’arc en ciel Granger et le spectre des couleurs disponibles à L=0,5 (partie supérieure droite) affiche des ruptures dans les verts (>L=0,5) et bleus (>L=0,6) et entre les magentas et les rouges.
- Quant aux tirages “test”, effectués à partir de vraies images, ils exhibent systématiquement une petite dominante chaude (plutôt plaisante…) dans les tons moyens et clairs.
Compte tenu du matériel employé pour mesurer les plages de la mire, la solution de Datacolor réussit plutôt bien mais force est de constater que la technologie du ColorMunki procure de meilleurs résultats, malgré le faible nombre de plages analysées. Il est bien évidemment possible de parfaire les résultats obtenus avec le Spyder3Print SR en vous appuyant sur les amples fonctionnalités de son éditeur de profils. Mais pour cela il faut à la fois du temps et de l’expérience. Alors que la partie création du profil écran est limitée par les algorithmes de Spyder3Elite (la sonde n’a plus à prouver son excellente qualité…), la partie création du profil d’imprimante de la suite souffre d’un instrument de mesure démodé. Il serait donc temps de lui offrir un véritable spectrophotomètre.