Samyang T-S 24 mm f/3, 5 ED AS UMC : décentrement et bascule
Publié le 22 septembre 2013 dans Actualités Articles et dossiers par Volker Gilbert
L’annonce en automne dernier d’un nouvel objectif à décentrement et bascule par Samyang fut l’effet d’une bombe. Si quelques fabricants (Canon, Hartblei, Nikon et Schneider-Kreuznach) proposent d’ores et déjà des objectifs à décentrement et bascule plutôt onéreux, le Samyang T-S 24 mm f/3, 5 ED AS UMC est le premier modèle relativement abordable, tout en étant disponible en plusieurs montures (Canon, Nikon, Sony et Pentax).
Rappelons que ces objectifs sont très prisés des photographes de paysage, d’architecture et de produits, car ils permettent de contrôler la perspective et la profondeur de champ, grâce à deux mouvements indépendants : le décentrement ajuste la position du sujet à l’intérieur du cercle d’image sans pour autant déplacer l’appareil photo et la bascule incline l’orientation du système optique par rapport au plan focal. Alors que le décentrement repose sur un cercle d’image dont les dimensions sont nettement plus importantes que celles de l’imageur, la bascule exploite la loi de Scheimpflug pour faire converger ou diverger les plans de netteté avant et arrière dans le but d’élargir ou de rétrécir la profondeur de champ. Une autre application d’une telle optique consiste à éviter des reflets dans un miroir ou une vitre à l’aide d’un déplacement de l’appareil, suivi d’un mouvement latéral de l’objectif (décentrement) qui restaure le cadrage initial.
Réalisation mécanique
Le Samyang T-S 24 mm f/3, 5 ED AS UMC, également distribué sous les appellations Bower, Rokinon, Pro-Optic et Walimex, est un objectif à mise au point manuelle qui est dépourvu de tout composant électronique. Contrairement aux objectifs PC Nikkor et Canon TS-E, il possède un diaphragme à commande manuelle dont l’information n’est pas transmise au boitier. L’objectif ne communique donc à ce dernier aucune information habituellement inscrite au sein des métadonnées EXIF (identité de l’objectif et données de prise de vue). Si la présence de contacts métalliques et d’un diaphragme motorisé autorise l’utilisation de l’ensemble de modes d’exposition et de mesure avec le Canon TS-E 24 mm f/3, 5 L II et le Nikon PC-E 24 mm f/3, 5 D ED, le Samyang n’opère qu’en modes Priorité ouverture et Manuel. De même, il faut fermer le diaphragme de l’objectif à son ouverture réelle avant de déclencher.
La réalisation mécanique de l’objectif rappelle celle de ses alter ego de chez Canon et Nikon : elle autorise une latitude de 17 mm (+/-8,5) en bascule et de 24 mm en décentrement (+/-12) ainsi qu’une rotation de 90° pour la partie bascule et de 180° pour la partie décentrement. Les deux axes de décentrement et de bascule peuvent être déplacés indépendamment l’un par rapport à l’autre, permettant une combinaison des deux mouvements pour des effets créatifs. Si le Canon TS-E 24 mm f/3, 5 L II et le Nikon PC-E 24 mm f/3, 5 D ED sont entièrement réalisés en métal, le Samyang T-S 24 mm f/3, 5 ED AS UMC possède une construction hybride qui fait la part belle aux pièces plastiques : mis à part le dispositif de décentrement, la monture et les vis de réglage, la plupart des pièces de l’objectif sont usinées en plastique, notamment le fut avant, la bague de mise au point, la bague de diaphragme et les vis de serrage. La mise à point opère par un déplacement linéaire du fut avant à l’intérieur du fut arrière. À noter que la butée de la bague de mise au point ne coïncide pas avec le repère de l’infini. Il s’agit là d’une particularité des objectifs Samyang qui rend leur mise au point plutôt délicate. Heureusement, la bague de diaphragmes permet un réglage précis, au demi-diaphragme près. Si les boutons de réglage pour le décentrement et la bascule possèdent des dimensions correctes, autorisant une utilisation plutôt confortable, les verrous de serrage, réalisés dans une matière plastique grise (gare à la fiabilité dans le temps…), sont trop petits, écorchant la peau délicate sur les pointes de doigts après plusieurs heures d’utilisation. Faute d’un serrage à fond, l’objectif pique du nez et nécessite ainsi un nouvel ajustement de l’axe en question. La disposition des différentes commandes rend l’emploi de l’objectif à main levée très difficile, car il faudrait idéalement avoir trois mains pour commander l’appareil photo, maintenir l’ensemble boîtier/objectif et contrôler les différents réglages de ce dernier. Le Samyang T-S 24 mm f/3, 5 ED AS UMC sera donc beaucoup plus à l’aise sur un pied solide, équipé d’une rotule aux réglages précis, d’un niveau à bulle et (idéalement) d’un verre de visée quadrillé.
Si le fabricant coréen fournit un étui de protection, il a malheureusement oublié un accessoire de plus essentiel : le pare-soleil. Doté d’une lentille frontale plutôt imposante, le Samyang T-S 24 mm f/3, 5 ED AS UMC adopte un diamètre de filtre de 82 mm, peu courant. La monture de filtre ne tourne pas et favorise ainsi l’utilisation de filtres polarisants et dégradés. Quant au diaphragme, il ne possède que 6 pétales (8 pour le Canon et 9 pour le Nikon), transformant des points lumineux en hexagones : si l’ouverture est parfaitement circulaire à la pleine ouverture, elle produit un bokeh moins esthétique une fois fermée à des valeurs moyennes. A noter aussi qu’elle ne transforme pas des sources lumineuses en étoiles – il s’agit pourtant d’un effet très recherché en photo nocturne.
Hello
Deux fois moins cher que mon 24 mm PCE Nikon qui a la même ouverture et qui a (je trouve) le même « défaut » > celui de me massacrer un peu les bouts de mes petits doigts boudinés sur les serrages. Donc 1000 euros pour ce type d’objectif, je ne trouve pas le tarif abusé face aux 2000 e demandés par Nikon. Surtout qu’il me faudrait encore 4000 euros pour posséder le 45 mm et le 85 mm. Allez les coréens, encore un effort pour nous sortir de nouvelles focales
Je conviens que le tarif des objectifs Nikon et Canon est trop élevé. Mais j’ai tout de même des doutes quant à la durabilité des cailloux Samyang dans le temps. Ayant ouvert mon Samyang 14 mm pour corriger la butée de mise au point, je sais de quoi je parle 😉
Cet objectif me laisse quand même assez perplexe car je ne vois pas à qui il peut s’adresser.
En effet, le ticket d’entrée reste quand même à 1000 euros et, malgré tout, les résultats obtenus semblent plutôt passables.
Il me semble que ce genre de matériel très spécialisé s’adresse avant tout à des personnes relativement exigeantes, et là, ça risque d’être la déception pour certains, notamment quand on tient compte de la mise en oeuvre qui reste quand même contraignante.
Déjà, même avec mon ex 17 TSE je n’ai pas toujours été très emballé, même si le piqué était de haut niveau, et je me mets dans la peau de l’amateur qui va se précipiter sur ce Samyang en se disant, chic, la bonne affaire et, finalement bof. D’autant qu’en accumulant les prises de vue et la maîtrise du matériel, le niveau d’exigence quant aux résultats finit par s’élever également.
Je ne crois donc pas que cet objectif va démocratiser le décentrement. Par contre, on va avoir droit, sur le Web, à des floppées d’images sur-accentuées pour compenser son côté mou et son manque d’homogénéité.
Bonjour Gilles,
tu as raison, il s’agit d’un outil hautement spécialisé qui s’adresse surtout aux fanas d’architecture et de paysage. Si je trouve ses performances optiques plus qu’honorables (lorsqu’elles sont « shootées » à f/11 et correctement traitées, les images ne sont ni moues ni manquant d’homogénéité, sauf dans les coins de l’image dans lesquels on ne place jamais des détails importants…), je ne suis pas vraiment convaincu par sa réalisation mécanique qui me semble trop fragile pour un objectif de ce tarif. Je considère les objectifs Samyang un peu comme des consommables : lorsqu’ils sont cassés, on les remplace (chose que je pratiquerais avec mon 14 mm, vendu à 300 euros environ…), mais avec un objectif à 1000 euros, il faut disposer d’un véritable service après-vente car au lieu de dépenser 1000 euros de plus, mieux vaudrait alors acheter un objectif Canon ou Nikon…
Bonjour à tous,
Si l’initiative est intéressante et à immédiatement retenu ma curiosité -j’ai déjà des B&D à dispo-, après réflexion et en ne raisonnant que sur Canon (car c’est la marque que j’emploie) je suis également perplexe vis à vis du tarif de cet objectif.
En « pro » :
Il affronte le 24 mm « première génération » de la marque sur le marché de l’occasion au niveau prix. On y trouve des exemplaires en état remarquable et peu utilisés.
Il est hautement improbable (et c’est bien compréhensible d’ailleurs, car ce n’est pas son but ) qu’il puisse être préféré au 24mm « II », qui est certes cher, mais aussi exceptionnel qu’amortissable sur le terme pour un pro travaillant dans l’archi ou sujets nécessitant ce genre de prise de vues.
Et 1000 euros, pour un photographe Amateur, c’est cher.
D’une part parce que dans cette enveloppe, il aura un autre objectif plus polyvalent, ou encore la possibilité de s’acheter un boitier un gros cran au dessus.
D’autre part parce que ce sont des objectifs à l’utilité floue. Je parle en connaissance de cause : rares sont ceux qui « accrochent » au concept. J’ai souvent eu l’occasion de montrer et faire essayer ce genre d’objectif, une fois l’amusement passé (uniquement basé sur la bascule inverse en règle générale, ce qui est réellement très réducteur et sur des focales plus standard / longues, car moins marqué sur un 24mm), ça ne conduit pas vraiment à l’achat envisagé, sauf exceptions, qui ne feraient pas à mon avis dans la « demie mesure ».
Si on se base juste sur le redressement des perspectives/ élévation du point de vue (utilité première finalement d’un 24mm de ce type), il sera rapidement argumenté que « un coup de photoshop et zou ». (ce qui serait un sujet de long débat … mais là n’est pas le sujet ni mon propos.)
Sur APS-C, on tourne aux alentours d’un équivalent 35mm. « Focale » qui à ses adeptes, mais aussi considérée par d’autres comme plate et rébarbative…
Autre point : en cas de défaut, à plus forte raison si l’opticien envisage de sortir un duo standard / longue focale, un jeu rapide qui apparaitrait, surtout sur ces deux focales, dans les parties mobiles à l’usage en ferait rapidement un objet tout à fait inutilisable.
Les B&D sont des outils (a mon gout et besoins, s’entend) tout à fait exceptionnels pour ne pas dire irremplaçables. Mais comme le souligne Gilles dans son commentaire, ce sont aussi des objectifs, comment dire … « lents à l’usage » et pas très spontanés. On aime ou pas.
En bref, initiative louable, sympa pour les marques n’en disposant pas, mais pour le duo Canon / Nikon, j’ai donc des doutes sur la pertinence de l’offre à ce tarif…
Bonne photos à tous 🙂
Pour le prix il n’existe pas mieux sur le marché actuellement en particulier sur du plein format.
Énorme distorsion qui se corrige très via les logiciels du marché.
Très grand angle déroutant au début. Un superbe piqué.
Bonjour, il est vrai que le Samyang est un excellent (le seul…) choix pour les Sonyistes » et les « Pentaxistes ». En revanche, les « Canonistes » et « Nikonistes » peuvent investir dans un objectif d’occasion de leur marque, plus polyvalent puisque doté de contacts pour communiquer avec le boîtier, ou dans un Olympus 24 mm f/3,5.
Pour ma part je ne crois pas qu’il faille faire croire qu’on peut comparer cette optique ou celui des grandes marques deux fois plus chères à photoshop ou tout autre outils.
En effet le fait de respecter les perspectives permet d’être fait directement à la prise de vue avec ce type d’objectif et de construire précisément son image avant de déclencher.
tout photographe c’est cela et dire qu’on peut remplacer un objectif dédié et spécialisé par un logiciel est une méconnaissance totale du sujet (mais ce n’est que mon humble avis). Une image sur laquelle on viendrait intervenir que par voie logicielle perdrait automatiquement une grande partie de sa matière, je parle ici de ses dimensions hauteur / largeur en étant pleinement et fortement recardée chose qui est tout le contraire avec un objectif permettant le redressement puisque le photographe peut voir la construction de son image tout en maîtrisant le respect des perspectives lors de l’acte de prise de vue.
Aussi pouvoir dire je cites : « Si on se base juste sur le redressement des perspectives/ élévation du point de vue (utilité première finalement d’un 24mm de ce type), il sera rapidement argumenté que « un coup de photoshop et zou… » est une ânerie et une méconnaissance totale de la photographie.
Comme dirait un bon ami, photographe professionnel, il faut les deux
Bonsoir,
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Aussi pouvoir dire je cites : « Si on se base juste sur le redressement des perspectives/ élévation du point de vue (utilité première finalement d’un 24mm de ce type), il sera rapidement argumenté que « un coup de photoshop et zou… » est une ânerie et une méconnaissance totale de la photographie.
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En me re-lisant, je vois que je me suis mal exprimé. c’est au sens : « ce qui sautera à l’esprit du client potentiel ».
Qui serait une erreur et en aucun cas ce que je pense à titre personnel. Ce sont des outils que j’emploie et apprécie suffisament pour en connaitre la valeur et l’usage, sur le plan photographie stricto sensu, mais également … alimentaire.
Pour les objectifs, ma comparaison ne concerne qu’une marque et modèle : Canon avec son TS-E 24mm « première génération », qui se trouve (presque) régulièrement d’occasion, en parfait état, à un tarif fort proche voir moindre, et avec une maintenance qui existe (testé à titre personnel sur un TS-E 45mm, satisfaction totale et délais J+3 expedition/retour inclus)
Bonne soirée.
Pour ma part je ne vois pas en quoi ce rajout inutile fait avancer le sujet ni même amène quoi que ce soit sur l’utilité du respect des perspective par une optique dédiée. Mais certain s’écoutent parler sans bien souvent maîtriser le sujet.
Pour ma part je trouve que le tarif peut être à retenir sur optique neuve donc garantie et permettra à ceux qui n’ont pas deux milles euros de mettre le pied à l’étrier. Après la qualité n’est peut être pas au rendez-vous face aux concurrents mais c’est juste deux fois moins cher pour du neuf. Le consommateur choisira
« Mais certain s’écoutent parler sans bien souvent maîtriser le sujet. »
Hélas !
J’espère que cette remarque ne me soit pas adresser car ma modeste et toute petite expérience pourrait bien surprendre. Mais ce n’est pas l’idée ici de parler de moi mais tenter d’apporter de vraies réponses et un vrai débat en connaissance de cause puisque je n’ai pas attendu de connaître le Digital pour savoir ce que peux être une image respectant les perspectives
@ Volker > après vérification, il semblerait que le tarif constaté chez les revendeur est à ce jour 949 euros TTC. Le constructeur annonçant une garantie de trois ans sur cette optique c’est quand même pas si moche en terme de positionnement face à la concurrence Canon / Nikon. Faudra que je me le procure pour me faire aussi une idée de l’objet pour voir si il possible de le conseiller (ou pas) à mes stagiaires 😉
Bonjour à tous( je suis nouveau)
Le D&B est une chose trés compliquée et nullement ludique. Professionnel, j’ai longtemps travaillé avec une TOYO 45-G 4X5 inches + les obj ad+hoc en studio et un KOMURA 75mm pour l’archi! Un dépoli de contrôle est INDISPENSABLE pour bien vérifier les corrections et bien sûr un un gros pied bien stable 058B avec une bonne tête 3D ( MANFROTTO 229 ou 400)par ex. Un TS à 1000 € c’est tentant mais pour ma part, en industrie, les gammes canon en GA sont parfaites.(photoshop faisant le reste).Cordialement à tous. FD
Complément:
Reprendre aussi les lois de l’optique étudiées au Lycée
et un peu de recherche sur le@ sur leD&B.
Courage.
FD.
Bonjour
je viens de lire vos petites remarques que je respecte sans problèmes.
cet objectif me tente beaucoup.
au premier plan, car je n’ai pas de logiciel important pour le redressement des perspectives
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et surtout que je voudrais enfin avoir des clochers et murs droits
de plus n’ayant pas les moyens de m’offrir un Canon,
peut être auriez vous une bonne occase
merci a l’avance
Ray