Prix, bourse, résidence photo : une étape formatrice (1/2)

Une distinction est le résultat d’un processus, c’est une étape dans votre création, dans votre façon de produire et d’être photographe. Si l’on devait donner un seul objectif à l’ensemble et à chacune de ces distinctions que sont les prix, les bourses et les résidences, il serait la progression. La participation à un prix, une bourse ou une résidence doit donc être un acte réfléchi et elle doit servir d’exercice pour structurer sa proposition et apprendre à la défendre Même sans être lauréat, le simple fait de participer, de se préparer à participer, est formateur.

D’abord, très concrètement, préparer le dossier oblige à organiser son travail, à formuler sa réflexion et rédiger un ou des textes de présentation. Et puis, on ne peut oublie une participation, les retours que l’on en a, les rencontres, la tension, l’adrénaline lors de la préparation, l’espoir au dépôt du dossier… c’est pourquoi je conseille toujours aux candidats d’être appliqués et responsables.

La visibilité d’un photographe relève d’une logique ; rien de ce que font les experts n’est dû au hasard. Didier de Faÿs, fondateur du webmagazine photographie.com, décrit les choses ainsi : « c’est un ensemble de processus liés qui apportent aux photographes validation, monstration et valorisation ». C’est un circuit normal de construction de carrière avec ses étapes successives. Tout l’enjeu est de parvenir à se positionner par rapport à d’autres personnes, des galeries, des musées, des collectionneurs avec pour seul point de départ votre réflexion et la traduction visuelle que vous en faites.

Vous êtes un jeune auteur, un auteur émergent. On vous qualifie ainsi, vous avez vu qu’il existe des prix, des bourses, des festivals dédiés à l’émergence ou encore à la jeune photographie. Qu’est-ce que cela veut dire ? Quand est-on un photographe « émergent » ? Faites-vous partie de la « jeune photographie » ? D’abord, sachez que l’on ne fait pas partie de la jeune photographie quand on a quelques années de photographie derrière soi ou que l’on débute ; on n’est pas non plus un photographe « émergent », dans ce cas, on est simplement un photographe débutant.

Un photographe émergent est un photographe qui entre tout juste sur la scène professionnelle, qui n’a pas encore montré son travail, n’est pas diffusé ou représenté par un agent ou une galerie. Mais son travail est sûr. Son propos est, sans doute, mal organisé, son écriture mérite de la maturité mais il sait de quoi il parle et surtout de quelle façon il souhaite en parler. Il va « errer », chercher, tâtonner, toutefois il le fera dans un espace qui lui est familier et qui peut déjà être reconnu comme tel. L’émergence affirme déjà un propos, une position, un point de vue. Ils sont audibles et ce qui donne envie aux professionnels de s’engager avec ce type de photographes est le travail qui peut être accompli à partir de la reconnaissance de cette matière. « Il faut oser se montrer ; aujourd’hui, cela fonctionne ainsi. Il ne faut pas hésiter à proposer son travail à un prix qui se consacre à la photographie émergente, il ne faut pas attendre le parfait. Il ne faut pas avoir honte », encourage Didier de Faÿs.

Trop attendre n’est pas une solution. Ce n’est pas le but avec ces prix qui sont là pour soutenir l’émergence. Être trop avancé, c’est avoir dépassé le stade de leur possible intervention.