Photographier sous l’eau / (2) Des conseils pour bien débuter
Publié le 26 mai 2014 dans Articles et dossiers Livres par Amar et Isabelle Guillen
Nous avons vu dans un article précédent que le matériel de prise de vue pour la photo sous-marine était très spécifique. Mais la création de belles photos nécessite aussi une approche particulière, notamment dans la gestion de l’éclairage et dans la distance boîtier-sujet. Voici quelques conseils de base pour réussir rapidement vos premiers clichés.
Conseil n°1 : maîtriser son boîtier
Sous l’eau, le temps de prise de vue est compté, et il dépend de chaque plongeur. À titre d’exemple, retenez que le temps de plongée à 20 mètres de profondeur est seulement de 40 minutes. Les plongeurs sont par ailleurs soumis au phénomène de narcose qui empêche de bien réfléchir et de raisonner rapidement. Vous devez donc maîtriser parfaitement tous les réglages de votre boîtier avant de plonger, comme celui de la balance des blancs, du choix d’une bonne vitesse ou d’une ouverture adaptée au type de prise de vue que vous voulez réaliser, ou encore le passage en mode macro pour les compacts et les bridges. L’affichage de l’histogramme, lui, doit être devenu un réflexe : c’est l’outil le plus important que vous aurez à votre disposition pour juger de l’exposition des clichés sous-marins. Ce conseil s’applique aussi à l’utilisation des réglages du flash.
Le réglage de la balance des blancs est la clé de voûte d’une bonne photo sous-marine. Le photographe doit savoir ajuster et choisir rapidement sa balance, et la paramétrer sous l’eau avec une ardoise blanche – en effet, les boîtiers utilisés sous l’eau sont à l’origine destinés à la photographie terrestre, le mode automatique correspond donc généralement à un étalonnage qui n’a rien à voir avec le milieu marin…
En photographie sous-marine, les plongeurs utilisent souvent la compensation d’exposition du boîtier : c’est très facile sur terre mais sous l’eau cette opération devient difficile à cause du masque de plongée qui limite le champ angulaire. Il faut donc s’entraîner.
Conseil n°2 : utiliser un flash ou une lampe
Pour réussir de belles photos, équipez-vous d’un éclairage artificiel de type flash ou lampe – complètement indispensable au-delà de 5 ou 6 mètres de profondeur pour saisir des couleurs : à ces profondeurs en effet, seul l’éclat de la lumière émis par l’éclairage artificiel, parce qu’il sera réfléchi par les sujets, pourra révéler les couleurs. (Nous avons décrit le phénomène de perte de la lumière naturelle en fonction de la profondeur dans l’article précédent.) Bien sûr, il est possible d’utiliser le flash interne des compacts et des bridges, mais la portée sera limitée (pas plus de 60 cm) ; avec un flash externe, la portée est plus importante et l’orientation de la tête permettra d’éviter les particules sur les photos.
Même si le caisson ne permet pas de connecter un flash avec un câble, vous pourrez toujours utiliser une fibre optique. En photographie, la plupart des connexions se font par câble et on retrouve les normes TTL, eTTL pour Canon et iTTL pour Nikon. Cependant, l’apparition de la fibre optique dans la connexion entre le caisson et le flash externe a fait naître une nouvelle norme, appelée sTTL (s comme slave en anglais).
Le sTTL consiste à utiliser le flash externe comme flash esclave du flash interne. Lorsque ce dernier (qui doit toujours être actif) envoie les pré-flashs, le flash externe les détecte et envoie les siens en retour. Une fois que la puissance de l’éclair à envoyer a été déterminée par le boîtier, le flash interne envoie son véritable éclair, qui est véhiculé par la fibre optique vers le flash externe qui émet à son tour son éclair.
Dans le mode sTTL, le flash interne a toujours l’impression que c’est lui qui envoie l’éclair vers le sujet, pourtant, c’est le flash externe asservi en mode esclave qui effectue tout le travail. Cette norme, qui a longtemps été utilisée pour les compacts et les bridges dont les caissons ne disposaient pas d’un sabot de flash, est aujourd’hui employée avec les reflex, car la fibre optique est plus résistante que les câbles (de plus, les caissons ne risquent plus la noyade à cause d’une mauvaise étanchéité des connecteurs flashs…).
L’avantage de l’éclairage artificiel de type flash est qu’il permet de figer le mouvement des sujets qui bougent, mais son utilisation peut être complexe, car le résultat n’est visible qu’une fois la photo faite : il est souvent trop tard pour refaire une photo quand on constate qu’elle est manquée – si le sujet était mobile, il aura disparu… La lampe est donc une bonne alternative au flash : elle permet de prévisualiser le rendu sur l’écran, avant la prise de vue. La prise de vue en elle-même est aussi plus facile à réaliser qu’avec un flash. Mais la lampe a ses inconvénients, comme son poids, et les difficultés que l’on rencontre pour figer le mouvement de sujets rapides.
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