Photographier sous l’eau / (1) Choisir le bon matériel
Publié le 23 avril 2014 dans Articles et dossiers Livres par Amar et Isabelle Guillen
La photographie sous-marine est un domaine photo très particulier. Il réclame non seulement un matériel spécifique mais aussi un état d’esprit et une approche artistique très différents de ceux que l’on expérimente en prise de vue terrestre. Le monde marin est régi par des règles physiques qui lui sont propres (par exemple, toutes les prises de vue sont faites dans un état comparable à l’apesanteur), d’autre part, les temps de plongée sont très limités. Mais malgré ces contraintes, l’expression « créer des images » peut prendre tout son sens sous l’eau si le photographe sait s’y préparer. Voici, dans ce premier article, quelques conseils liés au choix du matériel ; il sera suivi dans quelques jours par un article plus orienté comportement et techniques de prise de vue.
Photographier sous l’eau, ce n’est pas photographier sur terre
La principale différence entre les deux milieux concerne la lumière naturelle. De plus, elle ne se comporte pas tout à fait de la même manière dans toutes les mers du monde ; les plongeurs sous-marins s’accordent cependant à dire que le rouge, les couleurs orangées disparaissent dans les cinq premiers mètres, ensuite c’est le jaune ; à partir de 25 mètres de profondeur, seules les couleurs bleue et verte sont visibles. Dans certains endroits, le noir absolu règne à partir de 20 mètres de profondeur.
- La première cause de la perte de la lumière naturelle émise par le soleil est la surface de l’eau : elle agit comme un immense miroir réfléchissant une partie des rayons lumineux.
- En se réchauffant, l’eau absorbe une bonne partie de l’énergie des rayons qui ont réussi à traverser la surface.
- La lumière subit enfin un phénomène de diffraction à cause du plancton et de toutes les particules organiques en suspension dans l’eau. Au final, la lumière naturelle qui pénètre dans l’eau n’est plus suffisante pour montrer les couleurs naturelles et chatoyantes des sujets sous-marins.
La deuxième différence entre les photographies sous-marine et terrestre concerne les plongeurs photographes eux-mêmes : nous sommes toujours en suspension dans l’eau, nous régulons notre flottabilité grâce à nos poumons et à un gilet de stabilisation, nous sommes comme des cosmonautes dans l’espace, en apesanteur. Chaque prise de vue est un véritable challenge, car il ne faut pas bouger au moment du déclenchement, or les courants marins et la houle rendent notre position instable…
La troisième grande différence concerne la progression en photographie sous-marine. Cette progression est lente, il faut s’armer de beaucoup de patience, car les temps de plongée sont limités :
- comptez 45 minutes pour une immersion à 20 mètres de profondeur ;
- comptez moins de 15 minutes pour une immersion à 40 mètres de profondeur.
De plus, le nombre de plongées est limité à 2 ou 3 par jour… La progression des photographes dépend uniquement du temps consacré à la plongée sous-marine ; pour profiter au mieux du temps d’immersion, tous les concepts techniques doivent avoir été acquis avant les plongées.
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