Photographier la nature (troisième partie) : les animaux
Publié le 6 juillet 2011 dans Articles et dossiers Livres par Erwan Balança
Les animaux en action
Les oiseaux et les mammifères offrent des opportunités d’images intéressantes lorsqu’ils sont en action : ils peuvent voler, courir, nager, chanter, se battre, pêcher… mais réussir à rapporter une belle image de ces moments souvent furtifs n’est pas simple.
Dans un premier temps, il faudra rechercher les situations offrant des opportunités de ce type. Les grands rassemblements y sont souvent propices, le nombre d’individus présents offrant une forte probabilité de voir un ou plusieurs animaux actifs. Les colonies d’oiseaux marins donneront ainsi d’excellentes occasions de photographies en action : beaucoup d’oiseaux vont et viennent, surtout s’ils ont des petits, car ils partent en mer capturer des poissons pour les nourrir. Il y aura aussi des rencontres entre les individus, peut-être des parades, des comportements de séductions, des postures agressives voire des combats.
Certaines actions sont difficilement prévisibles, et très rapides, tandis que d’autres durent plus longtemps ou sont plus faciles à prévoir. Il est donc important d’anticiper ce qui va se produire, dans la mesure du possible, et pour cela c’est la connaissance des animaux ou de l’espèce, acquise dans la documentation et sur le terrain, qui sera très primordiale. Généralement, les goélands poussent un cri particulier et inclinent leur tête vers le bas avant d’entamer une parade. Se concentrer sur ces signes est important pour saisir le bon moment.
Les animaux sont souvent plus actifs le matin et le soir. C’est à ces moments-là de la journée que vous aurez le plus de chance de pouvoir photographier un renard polaire qui chasse dans les dunes ou un faucon pèlerin en vol. Arrivez sur site avant les animaux et essayez de prévoir ce qu’il vont faire. Beaucoup d’entre eux sont très routiniers : ils empruntent le même parcours, se posent sur la même roche, etc.
Ainsi, les phoques ont souvent un rocher de prédilection, où ils viennent se reposer. Si vous connaissez bien leurs trajets, leurs lieux favoris, et que vous vous cachez à proximité avant l’arrivée des animaux, vous pourrez réaliser de superbes images. En revanche, si vous arrivez après eux, il y a de fortes chances qu’ils vous repèrent de très loin et qu’ils prennent la fuite bien avant que vous soyez à une distance correcte de mise au point.
Tous les réglages de votre boîtier doivent être faits à l’avance, car il faut être très rapide : vous n’aurez que quelques fractions de secondes pour saisir le bâillement du phoque qui vient de sortir de l’eau et s’allonge sur sa roche préférée. Seule la mise au point doit être ajustée au moment où se déroule l’action. Un autofocus rapide et fiable est alors précieux.
Dans le cas d’oiseaux en vol, l’autofocus se débrouille en général très bien car les sujets se découpent sur fond de mer ou de ciel et le boîtier fait la mise au point sans grande difficulté. Réglez l’autofocus en mode de suivi de sujet en mouvement (AI Servo chez Canon, par exemple). Essayez « d’attraper » l’animal dans votre viseur le plus tôt possible et suivez son mouvement, ainsi les collimateurs autofocus auront plus de temps pour bien faire la mise au point.
Les phoques gris se rassemblent à l’automne. Il y a les femelles qui viennent mettre bas, les jeunes qui jouent et les gros mâles qui dorment beaucoup ou, parfois, comme ici, se battent. Il faut anticiper le moment du combat pour être bien placé car les occasions ne sont pas très nombreuses, et utiliser une vitesse suffisante pour que les animaux soit nets sur l’image. Mode Av et grande ouverture du diaphragme étaient nécessaires ce matin-là, car la belle lumière dorée du lever du jour n’était pas très puissante.
Canon EOS 1D Mark II, 1/800 s, f/7,1, 160 ISO, 500 mm.
Pour assurer une bonne exposition, le plus pratique est d’utiliser le mode Priorité vitesse ou Priorité diaphragme. En mode Priorité diaphragme, ouvrez votre diaphragme au maximum afin de disposer de la vitesse la plus élevée possible – compte tenu des capacités de votre optique –, surtout si la luminosité est faible. Les optiques fixes, qui ont une ouverture plus importante que les zooms, peuvent avoir leur intérêt dans ce cas. De plus, l’autofocus d’une optique fixe très lumineuse est souvent plus rapide. En mode Priorité vitesse, réglez votre boîtier sur la vitesse qui vous semble nécessaire pour figer l’action, idéalement entre 1/250 s et 1/1 000 s.