Questions Photo

Meyer-Optik Görlitz : entre rêve et fiction

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Le fabricant Meyer-Optik Görlitz est surtout connu des « recycleurs de vieux cailloux » pour ses objectifs Trioplan, basés sur une formule optique simpliste et produisant un bokeh aussi beau qu’unique à pleine ouverture. Si l’usine n’existe plus depuis des lustres, la marque fait à nouveau à parler d’elle puisque son nouvel acquéreur, Globell Allemagne, annonce la sortie prochaine de deux nouveaux objectifs à opération entièrement manuelle.

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Zeiss : deux becs-croisés pour les alpha-7

Loxia

L’opticien allemand Zeiss continue à traiter ses objectifs de noms d’oiseaux : après les Touit, destinés aux compacts à objectifs interchangeables APS-C (Sony Nex et Fujifilm X) et l’Otus, véritable monument réservé aux DSLR 24 x 36 de Canon et Nikon, il présente les deux premiers représentants de la série Loxia qui s’adaptent sur tous les boitiers Sony à monture E et notamment les modèles 7/7R et 7S, dotés de capteurs en  » plein format « , c’est-à-dire au format 24 x 36 mm.

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Canon EF 16-35 mm f/4 L IS USM : le nouvel étalon ? (Seconde partie)

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Aberrations chromatiques

Aberration chromatique latérale (largeur en px.) aux bords de l’image, mesurée à différentes focales et ouvertures. Elle n’est jamais gênante ( < 1 pixel) et reste même souvent invisible. Mesures effectuées à l’aide du logiciel Imatest Master.

Les aberrations chromatiques latérales tendent à flouter les contours en leur ajoutant des franges colorées ; leur amplitude étant toujours proportionnelle à la distance qui les sépare du centre de l’image. Heureusement, elles ne sont jamais vraiment gênantes sur les images prises avec le Canon EF 16-35 mm f/4 L IS USM puisqu’elles sont tellement bien corrigées qu’elles restent peu visibles à travers le champ d’image et qu’elles ne nécessitent que rarement une correction logicielle. Même à la focale la plus courte, elles ne dépassent jamais la largeur d’un pixel, permettant de produire de grands tirages sans qu’elles sautent aux yeux. Pour atteindre la perfection, vous pouvez mettre à contribution DxO Optics Pro, Capture One, Camera Raw, Lightroom ou Photo Ninja pour en éliminer les dernières traces résiduelles.

Distorsion

Boite de dialogue dans DXO Optics Pro 9.5.2 proposant le téléchargement d’un profil de correction dédié au couple 5D Mark III et 16-35 IS L USM.

La plupart des objectifs ultra grand-angle à focale fixe ou variable se distinguent par une distorsion plutôt prononcée et c’est également le cas de l’ EF 16-35 mm f/4 L IS USM. À 16 mm, l’objectif souffre d’une distorsion en moustache (barillet au centre et coussinet aux bords) d’un peu plus de 3 % qui diminue au fur et à mesure que la focale s’allonge avant d’atteindre une ampleur quasi nulle à 24 mm. Le défaut devient une déformation en coussinet aux focales les plus longues. Au final, il s’agit d’un défaut « classique » qui se corrige facilement dans un logiciel de développement RAW ou un plug-in spécialisé tel que PTLens. À ce jour, Camera Raw 8.6, Lightroom 5.6 et DxO Optics Pro 9.5 proposent des modules de correction optique permettant de corriger la distorsion de façon automatique.

Vignetage

À 16 mm et à f/4, le vignetage atteint pas moins de -2,59 IL. L’obscurcissement affecte en revanche surtout la périphérie alors que le vignetage du 17-40 mm f/4 L USM se manifeste aussi sur les bords et au pourtour du centre de l’image.

Bien qu’il demeure plus discret aux focales plus longues et en fermant le diaphragme de deux ou trois crans, le vignetage ne disparait jamais complètement puisqu’il est encore supérieur à 0,5 IL à 35 mm et f/16.

Vignetage à 16 mm : f/4 (rangée haute, à gauche), f/5,6 (rangée haute, à droite), f/8 (rangée basse, à gauche) et f/11 (rangée basse, à droite). Toujours présent, le vignetage devient plutôt discret une fois le diaphragme fermé à f/8.

Reflets et lumières parasites

Avec 16 éléments en 12 groupes, le Canon EF 16-35 mm f/4 L IS USM possède une construction optique plus sophistiquée que l’EF 17-40 mm f/4 L USM qui se contente, quant à lui, de 12 éléments en 9 groupes. Malgré cela, il n’est pas plus sensible aux lumières parasites et au flare que son prédécesseur. Si on découvre dans certaines situations quelques reflets dans l’angle opposé au soleil, l’étendue de ces artéfacts demeure très faible. Bref, le traitement multicouche Spectra est d’une efficacité remarquable, d’autant plus qu’il s’agit d’un objectif de conception très complexe avec de nombreuses surfaces de verre.

Contre-jour, château d’Azay-le-Rideau, Indre et Loire. Canon 5D Mark III et EF 16-35 mm f/4 L IS USM, f/8, 1/250s à 100 ISO. Lorsque la source lumineuse est de très grande intensité (ici, le soleil d’été presque vertical), l’objectif produit souvent quelques artéfacts encore assez discrets (ici dans les angles inférieur droit et supérieur droit).

Bokeh et rendu des couleurs

Compte tenu de la plage de focale et de l’ouverture maximale de l’ EF 16-35 mm f/4 L IS USM, il est difficile de produire des images ou le bokeh est manifeste. Il faut donc travailler à la fois à la focale la plus longue et l’ouverture la plus grande tout en veillant à une faible distance de mise au point pour obtenir une opposition de zones floues et nettes. Cela étant dit, le bokeh est plutôt agréable, grâce au diaphragme composé de neuf lamelles, mais il ne faut pas demander à cet objectif de reproduire le rendu d’un objectif standard ou téléobjectif lumineux. A chacun sa spécialité ! Quant au rendu des couleurs, il est identique à celui de mes autres objectifs Canon – il sera donc très difficile de départager le 16-35 mm f/4 L US USM et le 17-40 f/4 L USM en s’appuyant sur  la seule restitution des couleurs. Le piqué, en revanche, est une autre paire de manches…

Rapport qualité/prix

Avec un tarif autour de 1100 euros TTC, l’objectif est presque aussi cher que l’ EF 16-35 mm f/2,8 L II USM, ce dernier étant deux fois plus lumineux bien que dépourvu du stabilisateur d’image. Quant à l’EF 17-40 mm f/4 L USM, il manque, lui aussi, le stabilisateur d’image  et le piqué homogène de l’ EF 16-35 mm f/4 L IS USM. En contrepartie, il est plutôt facile de le trouver à un tarif inférieur à 700 euros. Enfin, rappelons l’existence des optiques Tokina AT-X 16-28mm f/2.8 PRO FX et Tokina AT-X 17-35 F4 PRO FX, assez peu répandues, mais dotées de performances optiques intéressantes : si aucun des deux objectifs propose une stabilisation optique et une motorisation à ultrasons, le premier offre une luminosité plus importante et un tarif alléchant (autour de 700 euros TTC) alors que le second séduit en premier lieu par son prix (autour de 600 euros TTC).  Actuellement, le Canon 16-35 mm f/4 L IS USM n’est donc pas une très bonne affaire, mais à terme, son prix devrait baisser un peu. Toutefois, il ne s’agit pas non plus d’une mauvaise affaire, compte tenu de ses nombreux atouts et rares défauts. Finalement, un objectif est un investissement à long terme, dont on peut étaler le coût sur de nombreuses années, d’autant plus que les performances  du 16-35 mm f/4 L IS USM devraient encore convenir pour plusieurs générations de boîtiers.

Comment situer l’EF 16-35 mm f/4 L IS USM face aux objectifs à focale fixe ? Si ces derniers avaient jusqu’ici l’avantage d’un meilleur piqué, notamment en périphérie, on peut s’interroger désormais sur l’intérêt des Zeiss ZE ou Canon IS  compte tenu du fait que le zoom offre des performances optiques proches, voire identiques tout en proposant une plage de focales relativement étendue, de l’ultra-grand-angle 16 mm au semi-grand-angle 35 mm, dans un seul objectif. Si les objectifs TS-E bénéficient de caractéristiques les rendant irremplaçables (décentrement et bascule), les Canon IS (24, 28 et 35) jouissent d’une compacité et d’une luminosité supérieures. Quant au Zeiss ZE, ils peuvent faire valoir leur luminosité et leur rendu particulier (microcontraste, bokeh), mais leur gabarit et leur poids est assez pénalisant, notamment quand il s’agit d’en transporter plusieurs dans son fourretout photo.

Samyang : un nouvel objectif standard lumineux en versions photo et ciné

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L’opticien coréen Samyang s’apprête à lancer, lors de la Photokina 2014 à Cologne, un nouvel objectif avec une focale de 50 mm et une ouverture maximale de F 1,4 (T 1,5) qui sera décliné en deux versions différentes, Samyang 50 mm f/1,4 AS UMC (photo) et Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC (ciné). Si la gamme Samyang dispose d’ores et déjà de plusieurs objectifs grand-angle et télé lumineux, le nouveau venu permettra au fabricant de proposer un ensemble complet.

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Canon EF 16-35 mm f/4 L IS USM : le nouvel étalon ? (Première partie)

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Dans la pratique

A l’usage, l’ EF 16-35 mm f/4 L IS USM inspire immédiatement la confiance, tant la construction semble robuste et l’opération des commandes agréable. Si le stabilisateur d’image n’a pas vocation à remplacer un trépied, il est néanmoins très utile pour travailler à l’intérieur d’un bâtiment (église, musée, château, etc.) ou à l’extérieur, dans des conditions d’éclairage moins favorables. S’il faut attendre une seconde environ avant qu’il se mette à l’œuvre, le stabilisateur est quasiment inaudible : il faut tendre l’oreille et approcher l’objectif pour détecter un ronronnement très discret qui se fond le plus souvent dans le bruit ambiant.

Intérieur au château de Chambord. Canon 5D Mark III, EF 16-35 mm f/4 L IS USM, f/5,6 à 1/8 s et 2500 ISO à main levée.

Le stabilisateur, donné pour quatre « vitesses » et donc pour un gain de 4 IL, n’est pas aussi performant que la fiche technique donne à espérer. Suivant mes propres essais, son efficacité se limite à 3 IL environ, puisque j’ai fréquemment réussi à obtenir des images nettes à 35 mm et 1/4 s ainsi qu’à 16 mm et 1/2 s alors que les temps de pose plus longs généraient en majorité des images floues. Quoi qu’il en soit, le dispositif de stabilisation procure à l’objectif un avantage décisif sur le 17-40mm f/4 L  et même le 16-35 mm f/2,8 L II USM avec des sujets immobiles. Face à des sujets remuants, ce dernier conserve une légère avance, grâce à sa luminosité  plus grande. Toutefois, le stabilisateur ne remplace pas un trépied – n’espérez donc pas à opérer la nuit et à la sensibilité ISO la plus basse, avec pour seule assistance le stabilisateur d’image, car vos images seront alors inexploitables.

Entre chien et loup à Vézelay/Bourgogne. Canon EOS 5D Mark III et EF 16-35 mm f/4 IS L USM à f/14, 30s et 100 ISO,  l’appareil fixé sur un trépied. Notez le rendu des sources lumineuses, très naturel, et l’absence de fantômes.

Testée sur des boîtiers  Canon EOS 5D Mark II et Mark III, la mise au point AF est très réactive et d’une précision quasiment infaillible. La motorisation USM est très silencieuse et l’objectif possède une conception par-focale qui permet d’effectuer la mise au point à une focale et de saisir l’image à une autre sans qu’il soit nécessaire de modifier la mise au point une nouvelle fois en mode automatique ou manuel.

Invitations Salon de la Photo 2014

Le grand événement annuel de la photo se tiendra du
jeudi 13 au lundi 17 novembre 2014, porte de Versailles à Paris.

À cette occasion, les éditions Eyrolles et QuestionsPhoto ont le plaisir de vous offrir des invitations.

Pour bénéficier de votre entrée gratuite, cliquer ici en indiquant votre code d’accès QUS14.

Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous sur notre stand (B111) pour rencontrer nos auteurs (programme à venir) !

La macro à peu de frais (2) : utiliser une bonnette macro

La profondeur de champ étant très réduite en proxiphotographie, la mise au point est tout sauf une opération facile. Ici, un souffle assez fort nécessitait l'emploi d'une vitesse d'obturation rapide et donc une sensibilité ISO plutôt élevée. Malgré cela, le mouvement de la feuille sur laquelle ce vulcain avait choisi de se poser brièvement a suffi de rendre la plupart des photos d'une série floues. Canon 5D Mark III, Canon EF 100-400 mm f/4,5-5,6 L IS USM, bonnette Canon 500D et flash Canon 580 EXII à 260 mm, f/10, 1/800s et 1600 ISO.

Bonnette simple ou achromatique ?

La plupart des bonnettes macro commercialisées à vil prix ne produisent qu’un piqué assez abominable, avec une véritable explosion des défauts optiques à l’extérieur du centre de l’image. En fait, si elle ne dispose que d’une seule lentille, une bonnette génère des aberrations sphériques et achromatiques qui nécessitent une fermeture du diaphragme à des valeurs moyennes pour une netteté satisfaisante du sujet principal. Sous condition que celui-ci se trouve au centre de l’image, la périphérie étant irrémédiablement plongé dans un flou mystérieux.

Sous condition de choisir une bonnette achromatique et un objectif de qualité, les résultats n’auront quasiment plus rien à envier à ceux obtenus avec un objectif macro. Canon 5D Mark III, Canon EF 70-200 mm f/4 L USM et bonnette Canon 500D à f/8 et 1/60s et 400 ISO ; compensation d’exposition +0,67 IL (exposition à droite).

Si vous êtes un tant soit peu exigeant, envisagez plutôt l’achat d’une ou de plusieurs bonnettes achromatiques, composées chacune de deux ou trois éléments optiques soigneusement traités multicouches :

  •  Les excellentes bonnettes Nikon 3T (+ 1,5, diamètre 52), 5T (idem, diamètre 62), 4T (+ 3, diamètre 52) et 6T (idem, diamètre 62), optimisées pour des focales entre 80 et 200 mm, sont uniquement disponibles sur le marché d’occasion.
  • Par le passé, certains fabricants avaient privilégié la solution “bonnette macro” plutôt que la solution “bague-allonge” pour atteindre le rapport 1 avec leurs objectifs macro (Sigma 90 mm f/2,8, Cosina 100 mm f/3,5). Dans le même esprit, Cosina fournit encore des bonnettes macro dédiées avec certaines de ses optiques Voigtländer (40 mm f/2 et 90 mm f/3,5) pour parfaire leur aptitudes en proxiphotographie.
  •  Canon produit encore deux bonnettes achromatiques : les modèles 250D (+ 4) et 500D (+ 2). Le modèle 250D n’est proposé que pour les diamètres de filtres 52 et 58 mm alors que le modèle s’adapte sur les diamètres 52, 58, 72 et 77 mm ainsi que sur les diamètres intermédiaires, grâce à des bagues intermédiaires, disponibles dans le commerce. Si Canon préconise des focales entre 50 et 135 mm pour le modèle 250D et entre 70 et 300 mm pour le modèle 500D, vous pouvez déroger à cette règle, au prix d’une qualité optique un peu réduite.
  •  L’opticien Raynox propose trois produits encore plus  sophistiqués (3 lentilles au lieu de 2), mais commercialisés à des tarifs très raisonnables. Les bonnettes en question sont dotées d’une monture “universelle” qui s’adapte sur des objectifs à diamètre de filtre entre 52 et 67 mm : la bonnette DCR-150 possède une puissance de + 4,8 dioptries, le modèle DCR-250 offre pas moins de + 8 dioptries et la DCR-5320 est doté de deux lentilles + 2 (2 éléments) et + 3 dioptries (3 éléments) que l’on peut combiner pour produire un ensemble de + 5 dioptries et 5 lentilles.
  •  Le fabricant japonais de filtres Marumi propose deux modèles de bonnettes achromatiques, DHG Achromat Macro 200 (+ 5) et DHG Achromat 330 (+ 3), dotées du traitement multicouches DHG. Plus économiques que les bonnettes Canon, elles semblent pourtant très proches pour ce qui est de leur réalisation optique et mécanique.

Les bonnettes achromatiques citées plus haut partagent une très bonne qualité optique, pour peu que l’objectif soit fermé de plusieurs diaphragmes. Toutefois, elles se prêtent davantage à la photographie d’insectes et de fleurs qu’à la reproduction de pièces de collection (timbres, pièces de monnaie). Cette dernière reste un des domaines de prédilection des objectifs macro, seuls à garantir un piqué à la fois élevé et uniforme dans toute l’image.

De manière générale, plus les performances de l’objectif associé sont élevées, plus la qualité des images sera convaincante. Un téléobjectif lumineux à focale fixe ou un objectif zoom télé de qualité s’imposent donc pour obtenir des images saisissantes. Un tel équipement pourrait alors remplacer un de ces onéreux téléobjectifs macro (150, 180 ou 200 mm), très doués pour photographier des animaux craintifs, grâce à une distance de travail plus importante. En coiffant votre téléobjectif d’une bonnette macro, il vous sera possible de photographier des insectes tout en respectant leur distance de fuite. Si vous optez pour un objectif à focale variable, il vous sera possible de faire varier le grandissement en modifiant la focale tout en conservant la distance de travail – un atout indéniable pour la photographie de sujets remuants !

Pourquoi pas le grand-angle en proxiphoto ?

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La mode en proxiphoto est aux ambiances très douces créées par de grandes ouvertures et de longues focales. Lorsque le photographe prend soin de bien travailler l’éclairage de ses clichés, de superbes effets peuvent apparaître dans le fond des images : le fameux bokeh. Ce mode opératoire fournit des images puissantes très agréables à l’œil.

Une autre solution consiste à tourner le dos aux objectifs macro pour utiliser des optiques qui, par nature, permettent d’avoir un regard large sur le monde : les grands-angles. Avec ces objectifs, il est possible de distinguer le paysage derrière une composition en cadrage serré. Vous pouvez également rechercher des points de vue insolites, inaccessibles avec des objectifs macro de focale plus importante.

Très près du sujet

D’aucuns diront qu’il s’agit d’une folie car les conseils de cette section remettent en question nombre de pratiques de base de la macro. Pour approcher les insectes craintifs, il est en effet préférable d’utiliser un petit téléobjectif macro de 100 mm plutôt qu’une focale standard de 50 ou 60 mm. Les quelques centimètres de recul supplémentaires ainsi obtenus sont décisifs pour éviter la fuite du sujet et garantir que l’ombre du photographe ne vienne pas gâcher la scène. Les experts s’équipent même de 180 ou 200 mm macro, certes plus sensibles au flou de bougé, qui proposent une distance de travail encore plus grande.

Avec un grand-angle, la distance de mise au point fond comme neige au soleil dès qu’on recherche un cadrage serré. Et il ne faut pas se laisser leurrer par la distance inscrite sur la bague de mise au point qui représente la distance entre le sujet et le plan du capteur ou du film. Ce qui importe dans la pratique, c’est la distance entre la lentille frontale de l’objectif et le sujet, souvent appelée distance de travail. Par exemple, avec un grandissement de 0,25×, la distance de travail d’un grand-angle de 24 mm peut être limitée à 6 ou 7 centimètres seulement. Et ceci n’est pas simple à gérer sur le terrain. Cela explique pourquoi l’usage d’un grand-angle est limité à la proxiphoto, c’est-à-dire à des rapports de reproduction compris entre 0,1× et 0,4×.

 Le choix de l’objectif

La grande majorité des objectifs grands-angles disponibles sur le marché proposent un grandissement relativement faible à leur distance minimale de mise au point : 0,1× au mieux. Pour convertir votre grand-angle en optique pour la proxiphoto, vous pouvez l’associer à une bague allonge très courte. Il faut ici choisir le modèle qui allonge le moins possible le tirage, soit 10 à 12 mm selon les marques.

Cela peut sembler étrange a priori, mais un 24 mm associé à une bague de 12 mm reproduira le sujet dans un rapport 0,5× avec la bague de mise au point réglée sur l’infini. La distance de travail d’un tel couple devient si courte qu’il est quasiment impossible de prendre une photo car le sujet se trouve dans le pare-soleil.

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Il aurait été dommage de photographier ce nacré sans montrer le cadre magnifique qui l’entoure. L’utilisation du grand-angle permet de suggérer l’environnement autour du papillon sans qu’il soit pour autant net car la profondeur de champ est réduite en photographie rapprochée, même avec un grand-angle. Ainsi, on distingue les montagnes des Drus et de l’Aiguille Verte derrière les ailes du papillon. Nikon D3x ; objectif PC-E 24 mm f/3,5 ; rapport 0,15 ; lumière naturelle ; 1/500 s, f/5,6, 160 ISO

L’association de la même bague allonge de 12 mm avec un grand-angle de 35 mm est beaucoup plus intéressante. Le rapport de reproduction obtenu est de 0,3× et la distance de travail, certes très courte, peut être exploitée moyennant quelques précautions. Bien que cette solution limite grandement le choix des cadrages possibles à cause du grandissement minimal imposé par la longueur de la bague, je vous conseille de passer par cette étape intermédiaire pour tester vos goûts en matière de proxiphoto au grand-angle.

Quelques rares grands-angles possèdent une rampe de mise au point démultipliée qui donne accès à la proxiphoto sans recourir à un accessoire. Sigma commercialise un grand-angle parfait pour découvrir cette nouvelle manière de photographier en gros plan. Il s’agit du Sigma EX 24 mm f/1,8 DG Macro. Cette optique n’est pas exempte de défauts et, notamment, ses performances optiques à grande ouverture sont modestes. Mais, en fermant le diaphragme, on peut obtenir de bons résultats. Et surtout, ce 24 mm Sigma descend jusqu’au rapport de reproduction de 0,4× sans accessoire ! C’est cet objectif qui m’a fait prendre conscience de l’intérêt d’utiliser le grand-angle pour certaines proxiphotos.

Mais j’utilise aujourd’hui un autre objectif, une optique qui n’est pas destinée a priori à l’amateur de macro : un 24 mm à décentrement et bascule. Le 24 mm PC-E de Nikon ou le 24 mm TS-E II de Canon combine ainsi une rampe de mise au point démultipliée pour des plans serrés avec des possibilités de maîtrise du cadrage et du plan de netteté très utiles en proxi et, tout ceci avec des qualités optiques de haut vol. Ces deux objectifs constituent sans doute des « must have » pour tout pro de la photo de nature – je reviendrai plus loin sur l’intérêt des fonctions de décentrement et de bascule en proxiphoto. Si le prix du 24 mm Sigma reste relativement modéré, comptez environ 500 euros pour faire son acquisition, les optiques à décentrement et bascule sont beaucoup plus chères. Les 24 mm PC-E Nikon et TS-E II Canon affichent un tarif catalogue proche de 2 000 euros.

 L’approche

Placer son appareil à seulement quelques centimètres du sujet n’est pas chose aisée. D’abord, lorsqu’on photographie un insecte, il faut faire en sorte que l’animal ne prenne pas la fuite à l’approche de l’énorme objectif. Pour cela, appliquez un principe toujours valable en macro : travaillez de préférence tôt le matin ou tard le soir. De même, un papillon occupé à butiner une fleur sera beaucoup moins sensible à l’approche du photographe que s’il est posé au sol au milieu d’un sentier. Avec un grand-angle plus encore qu’avec d’autres optiques, il faut privilégier les conditions dans lesquelles les animaux se laissent approcher plus aisément.

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L’utilisation du grand-angle sur le terrain est délicate car le choix du point de vue détermine le contenu de l’arrière-plan. C’est pourquoi on est souvent contraint de placer l’appareil très près du sol. Dans ces conditions, le viseur d’angle est un accessoire précieux pour conserver un bon confort de visée.

Puis, lorsque vous réglez le cadrage et la mise au point l’oeil dans le viseur, n’oubliez pas que votre objectif ne se trouve qu’à quelques centimètres du sujet. Il faut autant que possible anticiper les réglages afin d’éviter de manipuler le boîtier à proximité d’un insecte. Si vous devez tout de même modifier un paramètre, déplacez vos doigts très lentement. Quoi qu’il en soit, le taux de réussite d’une proxiphoto prise au grand-angle reste plus faible que la même image prise avec une optique macro de longue focale car les conditions de travail sont plus exigeantes.

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Cette photographie d’un tabac d’Espagne a été prise à l’aide de l’objectif Sigma EX 24 mm f/1,8 DG Macro. La lentille frontale n’était qu’à 5 cm du sujet. Même si avec un grand-angle, la profondeur de champ reste identique qu’avec une autre focale, le rendu de l’image est totalement différent. L’arrière-plan est beaucoup plus lisible et il paraît moins flou. On distingue très bien les fleurs derrière le papillon et on devine même les branches des arbres plus loin. On notera que le flare est très présent avec cet objectif mais, ici, ses couleurs se marient bien avec celles du tabac d’Espagne. Nikon D2h ; objectif Sigma 28 mm f/1,8 DG ; rapport 0,2 ; lumière naturelle en contre-jour ; 1/500 s, f/5,6, 200 ISO

L’éclairage

À très courte distance, un autre problème apparaît : l’éclairage. Le risque de projeter l’ombre de l’appareil sur le sujet est décuplé. C’est pourquoi la proxiphoto au grand-angle se marie bien avec les contre-jours ou les lumières diffuses des journées nuageuses. Prenez donc soin d’observer où se trouve le soleil avant de tenter une approche. Choisissez d’avancer plutôt face au soleil.

Les contre-jours sont très intéressants pour mettre en relief des détails dans l’image mais ils mettent à rude épreuve les performances du grand-angle. Le risque de flare, notamment, est important. Ce phénomène se traduit par l’apparition d’images fantômes produites par la lumière entrant directement dans l’objectif et se reflétant sur les éléments optiques internes. Les traitements réalisés par les opticiens pour rendre le grand-angle résistant au flare, comme le traitement Nanocristal de Nikon ou le traitement SWC de Canon, sont donc de première importance en proxiphoto. De toute façon, si ce phénomène apparaît tout de même dans votre image, il est possible de l’inclure dans la composition en jouant sur son graphisme car l’éclairage en contre-jour reste la meilleure façon d’éviter la fuite d’un sujet brusquement recouvert par l’ombre du photographe.

L’utilisation d’un flash avec un grand-angle est très délicate car la distance réduite entre l’objectif et le sujet interdit de placer une source de lumière près de l’axe optique. De plus, il est impératif de travailler en fill-in afin de combiner la lumière naturelle pour l’arrière-plan et l’éclairage au flash du sujet. Je vous déconseille donc d’user de l’éclairage artificiel en proxiphoto au grand-angle, à moins que vous ne soyez très à l’aise avec le fill-in en multiflash.

 

Fujifilm-X, un système expert complet ?

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Une qualité d’image attachante

Lors de la présentation du X-Pro1, l’ambition de la marque était d’atteindre avec  un plus petit capteur la qualité des 24 × 36 numériques, en supprimant le filtre passe-bas (qui évite le moiré au prix d’une dégradation de la netteté des fins détails) et grâce à une technologie innovante de filtrage de couleurs s’apparentant à la trame aléatoire de ses films couleur (au lieu de la traditionnelle matrice de Bayer qui avait été inventée par son grand concurrent, Kodak). Comparé à d’autres capteurs de taille APS, les Fujifilm X-Trans se caractérisent d’une part par des rendus d’images reprenant des styles très « argentiques », dans la lignée des émulsions pour certaines encore commercialisées par la marque, et par un très bon comportement en haute sensibilité. On note aussi qu’en face de lumières composites et délicates, la mesure automatique de la balance des blancs s’en sort le plus souvent très bien, ce qui fait qu’en usage courant et au format JPEG on réussit très facilement ses prises de vue.

Le paradoxe est que l’appareil offre un peu moins d’options de réglages fins que d’autres marques (qui ont des profils Portrait, Paysage,  etc.,  qui parlent mieux au débutant),  ce qui implique de posséder une certaine culture photographique dès que l’on sort des réglages par défaut.

Attention à la simulation de film Monochrome (noir et blanc) en JPEG, on n’a pas le droit au remord, les couleurs ont disparu pour toujours, alors qu’en opérant en RAW on peut les récupérer ou convertir au mieux une image couleur en noir et blanc.

 

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JPEG en simulation de film Provia, assez neutre, le réglage de base de l’appareil.

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JPEG en simulation de film Velvia, un film diapo historique très utilisé jadis dans les magazines de voyages, comme National Geographic ou GEO.

 

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JPEG noir et blanc direct (simulation de film Monochrome).

 

Cependant on sera déçu par les fichiers RAW si on les traite avec le logiciel fourni par la marque. Peut-être Fujifilm serait-il mieux inspiré de suivre l’exemple de Leica qui livre une licence Lightroom avec ses appareils, car celui-ci offre des performances remarquables pour récupérer les ombres et les lumières dans l’image tout en contenant, depuis sa version 5.4, les profils argentiques que l’appareil utilise lors des prises de vues.  Si cette série d’appareils offre une très belle qualité par défaut, pour une qualité encore supérieure il faudra impérativement travailler un excellent logiciel de post-traitement des fichiers RAW, qui hélas n’est pas dans la boîte.

Quand il s’agit de récupérer les hautes lumières l’écart est encore plus grand, le logiciel Adobe semble faire des miracles.

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Développement d’un RAW en simulation de film Velvia par le logiciel fourni avec l’appareil, à comparer avec le JPEG montré plus haut.

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Développement d’un RAW en simulation de film Velvia par Lightroom 5.4.

 

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Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !