Maîtriser le Canon EOS 60D : comprendre et gérer l’exposition
Publié le 29 mars 2011 dans Actualités Livres par Aude Decelle
Ce principe est juste, mais doit cependant être appliqué avec discernement car assez souvent, une “bonne” exposition oblige à conserver des zones percées. C’est notamment le cas des scènes comportant des reflets, de certains contre-jours et souvent de celles qui comportent des sources de lumière directes quand elles sont dans le champ. Ainsi, cramer une lampe ou un tube fluo en intérieur est souvent inévitable, paradoxalement souhaitable, et même indispensable pour que l’image conserve un rendu naturel. En effet, chercher à l’éviter à tout prix oblige à tellement réduire l’exposition que le sujet s’en trouve complètement plongé dans l’ombre, si ce n’est dans le noir absolu.
À contre-jour, exposer “pour les hautes lumières” bascule les ombres dans le noir à la façon des ombres chinoises. Si le contraste de la lumière est moindre et qu’elle vient de côté, l’effet obtenu est alors celui du clair-obscur, très intéressant en portrait notamment.
Exposition et lumières artificielles
Il s’agit sans doute là du point le plus délicat. En effet, sous certains éclairages, il est parfois pratiquement impossible d’obtenir un rendu d’image correct, quel que soit le niveau d’exposition. C’est notamment le cas la nuit, du fait d’un contraste excessif mêlé à un problème de couleur de la source que le réglage de balance des blancs ne suffit pas toujours à compenser.
La nuit, les éclairages artificiels induisent un contraste excessif et même avec une exposition soignée, il est fréquent que les hautes lumières crament. Quand une source est dans le champ, sa surexposition s’accompagne de “clipping”. Ces aplats très saturés sont souvent difficiles à éviter autrement qu’en disposant la source hors champ. © Pascale Brites
La situation est fréquente avec les éclairages urbains à vapeur de sodium (et dans une moindre mesure avec les ampoules domestiques au tungstène ou à quartz), mais aussi sur les couchers de soleil et certaines photos de concert car la surexposition d’un éclairage coloré provoque du “clipping”. La zone cramée (inévitable si la source est dans le champ) se voit entourée d’aplats colorés très saturés et particulièrement disgracieux. Réduire la température de couleur et la saturation ne permet que de limiter plus ou moins le phénomène. Une sous-exposition massive (pour éviter que ces zones ne crament) peut se montrer efficace, mais le résultat est alors tellement dense qu’il perd tout intérêt. La seule solution consiste à réaliser plusieurs images du même point de vue et à des expositions différentes dans le but de les assembler en ne conservant de chacune que les zones à la densité convenable.
Exposition et parti pris créatif
Au-delà des considérations techniques, l’exposition est aussi un parti pris esthétique, voire sémantique. Parfois même, l’exposition à elle seule peut justifier un déclenchement. Face à des reflets par exemple, une sous-exposition massive permet de dramatiser une ambiance et de jouer avec le caractère graphique d’un sujet qui aurait été anodin avec une exposition “normale”. L’exposition exprime aussi le point de vue du photographe. Les reportages de James Nachtwey ou de Sebastião Salgado, par exemple, sont souvent denses, un choix qui accentue la “lourdeur” des sujets traités. Inversement, une surexposition plus ou moins prononcée redonne plus de “légèreté” aux images et peut souligner la poésie qui s’en dégage.
L’effet dit “High key” offre un rendu doux et aérien. Utilisé en portrait et en nu, il est intéressant aussi pour les photos de bébés. Il suffit de surexposer sa prise de vue à la limite des blancs cramés avant d’augmenter la luminosité générale en retouche. L’effet inverse (dit “Low key”) implique, lui, une sous-exposition. Le rendu autrement plus dense est particulièrement adapté aux peaux mates et noires ; un éclairage rasant permet alors de dessiner subtilement les contours et les formes du sujet. © Pascale Brites
Cet article est extrait de “Maîtriser le Canon EOS 60D” de Vincent Luc, éditions Eyrolles, ISBN : 978-2-212-67340-1.
j’a precie trop