Maîtriser le Canon EOS 600D : adapter la mesure de la lumière
Publié le 17 août 2011 dans Livres par Aude Decelle
Les quatre modes de mesure du 600D
Le capteur sur lequel repose le posemètre du 600D est segmenté en 63 zones que l’on peut assimiler à autant de cellules indépendantes. En privilégiant ou en minorant certaines d’entre elles, le système autorise quatre modes de mesure de la lumière que l’on peut librement choisir dans les programmes d’exposition P, Tv, Av et M. Une fois familiarisé avec leur pictogramme respectif (rappelé sur l’écran de contrôle, mais malheureusement pas dans le viseur), passer de l’un à l’autre est assez simple et rapide (voir mode d’emploi page 102). Pour autant, adapter correctement le mode de mesure aux conditions de lumière et/ou à ses habitudes de travail implique d’en comprendre le fonctionnement et les limites.
Mesure Evaluative
Le principe de la mesure Evaluative est assez simple. Le champ de mesure couvre la quasi-intégralité de l’image qui est segmentée en 63 zones. Le système les mesure et les analyse une à une (pondérant ou minorant certaines zones par rapport à d’autres). Une moyenne est ensuite établie à partir de l’ensemble et le 600D en déduit les paramètres d’exposition adaptés à la scène et à la sensibilité de prise de vue.
La mesure Evaluative est appliquée par défaut. Efficace dans la grande majorité des cas, on la conseillera aux débutants pour son côté « rassurant » et simple.
Les détails du processus demeurent obscurs pour des raisons évidentes de concurrence, mais on sait notamment que la distance communiquée par l’objectif est aussi prise en compte. Partant du principe que l’élément de l’image qui prime est celui sur lequel a été fait le point, le système privilégie ce qui est a priori le sujet et applique une pondération supérieure à la zone de mesure correspondante et à celles qui la jouxtent. Tout l’intérêt de la mesure Évaluative réside donc dans la pondération des résultats des différentes zones et dans sa simplicité d’utilisation puisque c’est le boîtier (et lui seul) qui en interprète les données. Dans 80 % des cas, l’efficacité du système est bonne et l’exposition convenable, du moins globalement et d’un point de vue technique.
La mesure Evaluative est assez efficace et permet d’obtenir une exposition moyenne, le plus souvent correcte. Elle est en revanche à la peine dès que la lumière est contrastée et par essence inadaptée à une gestion réfléchie et créative de l’exposition. (© Pascale Brites)
Cette mesure n’a pas pour autant la faveur des photographes expérimentés, les uns estimant qu’elle surexpose systématiquement, les autres lui reprochant l’inverse. En réalité, le plus souvent, le problème n’est pas tant lié à la mesure en elle-même qu’à son interprétation par un système qui manque de discernement dans la pondération des zones et qui s’avère instable.
En théorie, le capteur à double couche et le nouvel algorithme auraient dû offrir une meilleure efficacité à la mesure Évaluative du 600D qu’à celle du 500D ou du 450D par exemple, tous deux équipés d’un système achromate. Or, ni plus ni moins que le précédent, le système iFCL est particulièrement sujet aux erreurs avec les sujets s’éloignant trop de la moyenne et se laisse facilement piéger en présence de scènes comportant des reflets (sur l’eau notamment) où la sous-exposition est fréquente. Face à une scène contrastée par exemple (et encore plus de nuit), il privilégie le plus souvent le rendu des ombres, qui s’avèrent trop claires, au détriment des hautes lumières qui ont tendance à percer. Inversement, quand le ciel est couvert, une relative sous-exposition des images est courante.
Autrement dit, malgré un a priori séduisant, force est de constater une fois encore que l’expérience du photographe est bien plus précieuse dans l’interprétation de la mesure qu’un système d’analyse, fût-il sensible à la couleur.
Les réactions de la mesure Evaluative ne sont pas linéaires et, faute de savoir vraiment comment sont pondérées les zones, il est très difficile d’en anticiper efficacement les erreurs, même avec de l’expérience. L’utiliser impose donc de faire confiance à son boîtier ; les photographes cherchant à maîtriser l’exposition de leurs images (pour des raisons techniques ou créatives) se tourneront vers un autre mode, plus stable, dont ils assureront eux-mêmes l’interprétation, le plus souvent d’ailleurs avec une bien meilleure efficacité.
Mesure Sélective
Avec la mesure Sélective, seule la partie centrale du champ est prise en compte dans le calcul de l’exposition. La couverture représente environ 9 % de la surface du viseur, ce qui autorise une mesure sur une zone assez précise du cadre. On notera d’ailleurs une malheureuse erreur de traduction du mode d’emploi puisque la page 102 l’annonce effective (au lieu d’efficace), ce qui pourrait laisser croire à son activation automatique « lorsque l’arrière-plan est beaucoup plus lumineux que le sujet ». Ce n’est évidemment pas le cas.
La mesure Sélective est réduite à une pastille au centre du champ. La périphérie du cadre n’est donc pas prise en compte, ce qui peut s’avérer utile en portrait ou à contre-jour. Le choix de la zone de mesure et son interprétation par le photographe demeurent essentiels.
En pratique, le champ de mesure n’est ni vraiment restreint, ni vraiment large… Plus grave, il n’est pas clairement matérialisé dans le viseur et donc plus complexe qu’on ne le croit à utiliser car il est fréquent qu’il couvre à la fois des zones claires et plus denses du sujet. Dans ce cas, son interprétation peut se montrer délicate et l’on peut avoir une impression d’instabilité alors qu’en fait, c’est le plus souvent la zone de mesure qui n’est pas homogène. Enfin, avec un objectif grand-angle, on ne disposera pas toujours de la précision attendue, il vaudra mieux alors utiliser la mesure Spot.
Une mesure Sélective effectuée sur le ciel m’a permis d’obtenir un bleu profond qui tranche avec le rendu chaud de l’enseigne lumineuse. Le contrôle de l’exposition renforce ici le graphisme et les couleurs de l’image. (© Vincent Luc)
La mesure Sélective est cependant adaptée au portrait serré (quand le visage occupe sensiblement la même surface que la zone de mesure) ou encore au contre-jour. L’arrière-plan (qu’il soit plus lumineux ou non d’ailleurs) n’est alors pas pris en compte et l’exposition du sujet est privilégiée. La zone de référence est toujours considérée comme moyenne (donc ramenée à un gris à 18 %), ce qui rend son interprétation assez facile, mais souvent indispensable. Il va en effet de soi que si la zone de mesure est plus claire ou plus dense, il faudra utiliser le correcteur d’exposition pour compenser manuellement l’erreur attendue et/ou mémoriser l’exposition (voir la rubrique suivante).
La mesure Sélective est une alternative séduisante à la mesure Évaluative. Pour autant, on peut se trouver plus à l’aise avec la Moyenne à prépondérance centrale (voir plus loin), qui s’avère peut-être plus facile à aborder et à interpréter quand on débute. Certains photographes estiment d’ailleurs les deux un peu redondantes et préfèrent souvent l’une à l’autre.