Magic Lantern et Dot-tune : le microajustement malin

Bien que les fabricants  prétendent le contraire, les dispositifs de mise au point automatique de nos appareils sont loin d’être infaillibles. Les appareils hybrides sont très fiables en mode Vue par vue, mais révèlent encore quelques faiblesses lorsqu’il s’agit de suivre des sujets mobiles. Quant aux appareils réflex numériques, leur dispositif de mise au point à détection de phase est plus ou moins décalé en fonction des tolérances de fabrication et de l’état de l’usure du matériel utilisé.

Il en résulte alors un défaut de mise au point qui se manifeste par une mise au point se faisant systématiquement en avant (front focus) ou en arrière (back focus) du sujet visé. Si le défaut est minime, il est compensé par la profondeur de champ de l’objectif utilisé, notamment avec un objectif zoom à luminosité modérée et/ou en fermant le diaphragme de l’objectif à des valeurs intermédiaires. Si le défaut est important, il provoque en revanche des images irrémédiablement floues, surtout avec des objectifs très lumineux et/ou à grande focale. Heureusement, la plupart des appareils experts et professionnels permettent d’apporter une solution à ce problème fâcheux, via un microajustement du dispositif AF.

La méthode la plus répandue consiste à choisir une première valeur de correction à partir du menu de microajustement de l’appareil, de prendre une photo d’une cible de calibrage dédiée, d’analyser l’image sur l’afficheur de l’appareil ou sur l’écran d’un ordinateur puis de réitérer la procédure en variant les valeurs de correction jusqu’à ce que vous ayez trouvé une valeur de correction permettant de produire des images nettes à différentes distances de prise de vue. Au final, c’est une procédure très chronophage bien qu’il existe des logiciels tels que FoCal  et FocusTune  pour automatiser la prise de vue et/ou l’analyse des résultats.

La mire Spyder Lenscal de l’éditeur Datacolor se prête parfaitement à l’utilisation de Dot-tune, sous condition d’approcher l’appareil photo plus que la distance préconisée par le fabricant de l’appareil (50 fois la focale de l’objectif). Notez la présence d’aberrations chromatiques longitudinales (bokeh fringing) à l’ouverture maximale de l’objectif (un Canon 50 mm f/1,8 de première génération)  qui rendent la mise au point manuelle très délicate et ce, même en mode LiveView et au grossissement maximal.

Avec Dot-tune, le micrologiciel alternatif Magic Lantern opte pour une approche quelque peu différente : au lieu de refaire la mise au point et d’évaluer le contraste pour chaque valeur de correction, Dot-tune intervient uniquement sur l’algorithme de l’appareil photo pour aligner le système AF à détection de phase avec le système à détection de contraste tel qu’il est utilisé en mode LiveView. Le moteur de mise au point de l’objectif n’est donc jamais mis à contribution. D’une part, il s’agit d’un gage de précision (les objectifs plus anciens et/ou moins onéreux intègrent souvent des moteurs qui n’arrivent pas  à se caler deux fois de suite sur la même distance) et d’autre part, Dot-tune fonctionne ainsi avec des objectifs à mise au point manuelle pour peu que ces derniers soit équipés d’une puce.

Il est également possible d’utiliser une mire imprimée telle que cette mire de résolution conçue par Bart van der Wolf.

Dot-tune s’appuie sur le témoin de confirmation AF de l’appareil photo. Il modifie les valeurs de correction du menu Micro-ajustement de l’AF  tout en analysant l’allumage (permanent ou intermittent) du témoin de confirmation aux valeurs choisies. Une fois le bon intervalle trouvé (c’est-à-dire la plage de valeurs dans laquelle s’allume le témoin de façon permanente), Dot-tune élève la valeur médiane au rang de nouvelle valeur de correction.

Rappelons que le micrologiciel Magic Lantern fonctionne uniquement avec les appareils réflex numériques Canon qui utilisent le système d’exploitation DryOS, à savoir les modèles 5D Mark II, 5D Mark III, 6D, 7D, 50D, 60D, 500D, 550D, 600D, 650D, 700D, 1100D et EOS M. Parmi eux, les modèles 5D Mark II, 5D Mark III, 6D, 7D, 50D et 60D sont les seuls à autoriser un microréglage de l’autofocus. Avant d’installer ce micrologiciel « officieux », assurez-vous d’avoir la bonne version  du micrologiciel « officiel ». Installez ensuite les fichiers de la version stable de Magic Lantern  sur la racine d’une carte mémoire CF ou SD, puis remplacez-les par ceux de la version la plus récente (nightly build). Pour davantage de détails sur la  procédure à suivre, consultez le guide d’installation .

Attention : l’installation et l’utilisation de Magic Lantern, surtout d’une version récente, ne sont pas sans risque et l’éditeur n’offre aucune garantie en cas de problème ! L’utilisation de ce micrologiciel n’est donc conseillée qu’aux utilisateurs les plus intrépides, bien rodés à l’utilisation de leurs appareils photo et ordinateurs.