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L’objectif standard revisité (troisième partie)

Distorsion et vignetage

À la distance de mise au point mesurée, située autour de 4 mètres, la distorsion est quasiment nulle avec le Micro Nikkor 3,5/50, le Tessar 2,8/50 et le Helios 2/58. Sinon, elle se manifeste sous la forme d’une déformation en barillet, très discrète avec le Summicron 2/50, ou alors plus visible, mais encore peu gênante, avec les Nikkor 2/50, S-M-C Takumar 1,4/50, Pentacon 1,8/50 et Industar 3,5/50. Sensible entre f/2 et F/2,8, le vignetage des Nikkor 2/50 et Leitz 2/50 s’estompe à partir de f/4. L’obscurcissement des bords du Micro Nikkor 3,5/50 est très sensible à pleine ouverture , sensible à f/5,6 et négligeable entre f/5,6 et f/32. Quant aux Takumar  1,4/50, Pentacon 1,8/50 et Helios 2/58, le vignetage est sensible entre la pleine ouverture et f/2,8, puis quasi négligeable à partir de f/4. Pour faire disparaître le vignetage du Tessar 2,8/50, il faut fermer d’au moins  deux crans. Alors qu’il s’agit de l’objectif le moins lumineux, l’Industar 3,5/50 souffre d’un vignetage très sensible à pleine ouverture et encore sensible entre f/4 et f/5,6. Il  ne devient négligeable qu’à partir de f/8.

Aberration chromatique

Le Micro-Nikkor, le Summicron et le Helios présentent une aberration chromatique latérale assez sensible à pleine ouverture qui disparait au fur et à mesure de la fermeture du diaphragme. L’aberration chromatique des autres objectifs reste peu sensible (<1 pixel). Notez que ce défaut ainsi que le vignetage peuvent être corrigés convenablement dans la plupart des logiciels de développement RAW.

Flare et reflets parasites

Parmi les objectifs testés, les objectifs japonais, le Summicron et le Pentacon bénéficient d’un traitement multicouche des lentilles. En pointant les objectifs traités monocouche (en provenance de l’RDA et de l’URSS) en direction du soleil, les images présentent un voile lumineux et une baisse importante du contraste. Toutefois, les objectifs dotés d’un traitement multicouche ne sont pas pour autant irréprochables : tandis que le Micro Nikkor est assez bien protégé des reflets parasites, grâce à l’enfoncement de la lentille frontale et  la simplicité de la formule optique (Tessar modifié à cinq éléments), le Nikkor et le Summicron n’échappent pas au flare et aux reflets parasites. Doté du célèbre traitement à sept couches de la marque, le Super-Multi-Coated Takumar n’est pas aussi performant qu’un objectif moderne. Les reflets parasites y sont assez intrusifs. Quant au Pentacon, il ne mérite guère son sigle MULTI COATED, gravé en lettres majuscules, son traitement antireflet n’étant que peu efficace.

Bokeh

J’avoue que je ne choisis pas mes objectifs en fonction de leur rendu dans les parties hors profondeur de champ. Toutefois, un mauvais bokeh, c’est-à-dire un rendu trop « nerveux » des zones en question, peut détourner l’attention du sujet principal. Mieux vaut donc un bokeh harmonieux ou, au moins, un bokeh « neutre », sans caractère particulier. La construction du diaphragme influe sur le caractère de cet indice de qualité très subjectif, bien que son importance soit souvent surestimée. À l’exception des Takumar 1,4/50 (huit lamelles), Helios 2/58 (huit lamelles) et Tessar 2,8/50 (cinq lamelles), le diaphragme des objectifs testés se compose de six lamelles. Forte de sa grande ouverture maximale, le S-M-C Takumar 1,4/50 incite à jouer avec une faible profondeur de champ : à f/1, 4, celle-ci est minimale et le bokeh saisissant, avec des cercles de confusion circulaires au centre et étirés en ellipses aux bords de l’image. En fermant le diaphragme, les cercles de confusion conservent pendant longtemps une forme circulaire avant d’adopter la forme octogonale du diaphragme. Le Helios 44 2/58 est un autre objectif souvent apprécié pour son bokeh. La qualité de celui-ci émane d’une part de la correction perfectible du coma et de l’aberration sphérique et de l’autre de la forme, bien arrondie, du diaphragme à huit lamelles. La plupart du temps, le bokeh reste doux et discret, mais dans certaines situations, par exemple avec du feuillage à l’arrière-plan, les parties hors profondeur de champ semblent suivre un mouvement circulaire autour du centre de l’image. Bien que sa formule optique soit assez proche de celle de son alter ego russe, y compris pour les défauts optiques aux grandes ouvertures, le Pentacon 1,8/50 produit un bokeh plus tranchant, tout comme le Nikkor 2/50 qui ne brille qu’à pleine ouverture. Le rendu du Summicron-R est assez agréable entre f/2 et f/4, avec un bokeh assez « neutre », sans caractère particulier. Quant aux Tessar 2,8 et Industar 3,5/50, ils ne sont pas particulièrement doués en la matière, leur ouverture maximale étant déjà assez étriquée pour bien servir la cause de l’opposition flou-net.

Le Summicron-R 2/50 présente un bokeh très agréable, bien que peu typé.

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