La numérisation sans scanner : prérequis et matériel (première partie)
Publié le 31 janvier 2015 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Matériel de prise de vue et éclairage
Je l’ai déjà écrit plus haut : plus la résolution de l’appareil est importante, meilleur sera le résultat en termes de piqué et de texture de grain. Si un appareil à capteur de 36 mégapixels (Nikon D800, D800E, D810, Sony 7R) est idéal pour la numérisation d’images argentiques, tous les appareils numériques récents conviennent, sous condition d’autoriser un changement de l’objectif.
À titre personnel, j’utilise actuellement un EOS 5D Mark II avec un capteur 24 x 36 de 22 mégapixels, mais je me suis servi, pendant plusieurs années, d’un EOS 1DS « Mark I » dont le capteur, également au format 24 x 36, possédait « seulement » 11 mégapixels. Avec ce dernier, il était déjà possible d’obtenir des numérisations de grande qualité, supérieure à celle d’un scanner à plat Epson V750, à partir d’originaux au format 24 x 36.

Les objectifs d’agrandisseurs sont parfaits pour numériser des originaux argentiques, et notamment lorsqu’il s’agit de dépasser le rapport 1/1. Privilégiez les modèles de type Gauss, à six lentilles, plus homogènes que les modèles économiques, dotés de trois ou quatre lentilles.
Plus encore que l’appareil photo, c’est l’objectif qui détermine la qualité technique (piqué et texture de grain) des images. Compte tenu des rapports de grossissement exigés pour exploiter tout le potentiel du capteur, vous pourriez opter pour un objectif standard avec une bague allonge ou, mieux, un objectif macro à même d’atteindre le rapport 1/1. Si les objectifs macro sont inégalés pour ce qui est de la planéité de champ et de l’absence de distorsion, vous pouvez également recycler un vieil objectif d’agrandisseur. Les modèles à six lentilles bénéficient tous d’une excellente qualité optique tout en étant proposés à des tarifs très intéressants sur le marché d’occasion. Ayant gardé mon matériel de labo, je possède encore une petite collection de ces objectifs spécialisés : deux EL Nikkor de première génération (50 mm f/4 et 80 mm f/5, 6), un vieux Agfa Color-Magnolar II 105 mm f/4, 5, un Rodenstock Rodagon 50 mm f/2, 8 et un Fujinon-EX 75 mm f/4, 5. Les deux derniers doivent être modifiés pour des travaux de numérisation : leur bague de diaphragme étant rétroéclairé, la lumière peut s’y engouffrer pour abaisser le contraste et générer des parasites. Parmi les objectifs mentionnés, l’EL Nikkor 80 mm f/5,6 et le Fujinon-EX 75 mm f/4,5, associés à un vieux soufflet macro, sont mes objectifs favoris pour saisir des extraits de mes originaux argentiques ; le « mythique » Fujinon-EX atteint son piqué optimal à f/5,6, ce qui est particulièrement appréciable avec des négatifs très denses.
Il est possible de choisir parmi différents matériels de numérisation :
- un banc de reproduction pour diapositives tel qu’il a été commercialisé par Elinchrom, Multiblitz et Beseler. Il intègre un flash électronique pour éclairer l’original par transparence, une colonne pour fixer l’appareil photo et un soufflet pour déterminer fixer le rapport de grossissement et effectuer la mise au point. L’objectif utilisé est un objectif d’agrandisseur ;
- un dispositif de duplication de diapositives comportant un petit soufflet et un cadre porte-diapositive. Parfois, un tube-allonge télescopique ou à longueur invariable remplace le soufflet. Une plaque translucide, située à l’arrière du porte-diapositive, permet d’éclairer l’original de manière homogène, en dirigeant l’ensemble vers une zone de ciel légèrement couvert ou une source d’éclairage (flash ou lumière continue);
- un dispositif fait maison, composé d’un support pour l’appareil photo, d’un porte-film pour assurer la planéité du film et d’une source lumineuse stable et de qualité. Pour obtenir un alignement parfait entre l’appareil photo et le film, j’ai choisi à transformer mon agrandisseur Kaiser : il a suffi d’enlever la tête et de la remplacer par un bras support sur lequel j’ai fixé l’appareil photo. La colonne à manivelle assure alors un support particulièrement stable tout en facilitant le positionnement de l’appareil et la mise au point.

Mon banc de reproduction : celui-ci se compose d’un statif de reproduction Kaiser, issu d’un agrandisseur de la même marque, d’un vieux soufflet macro « Sesnon » à monture Minolta X, de deux bagues d’adaptation (Minolta X vers Canon EF et M39 vers Minolta X), d’un boîtier Canon 5D Mark II et d’un porte-négatif Kaiser au format 6 x 7 cm. Notez que le Canon est relié à un Mac Pro et contrôlé via ce dernier à l’aide de Capture One Pro 8. La fenêtre LiveView, affiché à l’écran du Mac, est très utile pour effectuer la mise au point sur le grain du film.

Le porte-film, équipé de deux verres anti-Newton, assure la planéité du film et ainsi une netteté parfaite à travers l’image. Le pupitre lumineux offre un éclairage stable et proche de la lumière du jour, doté d’une douceur qui atténue les imperfections (rayures, poussière) sur la surface du film.
L’éclairage de la diapositive ou du négatif couleur ou noir et blanc est effectué exclusivement par l’arrière, c’est-à-dire par transparence. Faites donc attention à ne pas éclairer la face avant du film. Vous pouvez utiliser un flash électronique ou une source de lumière continue. Cette dernière est plus avantageuse puisqu’elle vous sert en même temps d’aide à la mise au point. À titre personnel, j’utilise un pupitre lumineux que j’employais autrefois pour examiner mes films. Il fournit une lumière homogène et « neutre », sa température de lumière étant proche de 5000 K et son indice de rendu de couleur (IRC) proche de 100.
Dans les deux autres parties de cette minisaga consacrée à la numérisation sans scanner, j’aborderai tout ce qu’il faut savoir pour réussir ses numérisations, aussi bien à la prise de vue que lors du développement et posttraitement. Prochain rendez-vous dans quelques jours !
Pour remarquables que soient les résultats obtenus, « l’imprégnation » numérique actuelle me fait dire que ce grain ….
Je sais, je sais, mais à titre personnel, le grain argentique ne me choque pas et à fortiori sur un tirage ou il reste beaucoup plus discret. D’habitude, je n’utilise pas de suppression de bruit, mais son usage est tout à fait possible pour atténuer la texture granuleuse….
Remarquable, merci à vous pour le sujet et le traitement.
Un article intéressant et précis, comme d’habitude!
J’attends avec impatience l’épisode suivant qui devrait me permettre sans nul doute d’affiner ma technique.
Merci Volker!
Passionnant quand on a rencontré toutes les misères avec un Epson V700 pour placer les films 24×36…impossible. Alors la solution la meilleure est bien de photographier avec un appareil, soufflet, etc…c’est ce que je fais maintenant, alors vite la suite Monsieur Volker, merci….
Super article et superbe photo de ce bébé révolutionnaire. vous écrivez sous cette photo: Numérisation avec un Canon EOS 5D Mark II (8 images).Qu’est ce que 8 images.
Merci par avance et re merci pour votre article.