La numérisation sans scanner est-elle possible ?
Publié le 8 février 2008 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Films négatifs couleur
Alors qu’il est facile de reproduire toutes les informations d’un négatif couleur, même avec un scanner dont l’étendue dynamique ne dépasse guère 3,0 D, le masque orangé, différent d’un film à un autre, complique bien les choses : il est très difficile d’évaluer la netteté d’une photo et encore plus difficile de restituer les couleurs qui sont dissimulées par le masque.
Si vous numérisez vos négatifs couleur avec un appareil photo, la correction sera ardue :
1. Numérisez votre image en cadrant un peu large, pour inclure la marge du film. Sous Photoshop, il vous faudra d’abord neutraliser le masque orangé du négatif : prélevez avec l’outil Pipette (raccourci I) la couleur dans une zone non exposée du film, puis créez un nouveau calque. Remplissez-le avec la teinte prélevée (Opt/Alt+Suppr), puis inversez-le (Images>Réglages>Négatif). Sélectionnez ensuite une opacité de 50 % et le mode de fusion Couleur : le masque orangé a été neutralisé.
2. Ajoutez un calque de réglage de type Inverser (bouton de la palette Calques). Le résultat est un positif très pâle, manquant de contraste.
3. Ajoutez alors un calque de réglage de type Niveaux et réglez les points blanc et noir, ainsi que le gamma (contraste des tons moyens) de l’image.
Le traitement des négatifs couleur n’est donc pas de tout repos et vous risquez perdre une partie du temps gagné à la numérisation (quelques secondes au lieu de quelques minutes…) lors de l’inversion négatif/positif puis de la correction tonale de vos photos.
Heureusement, il existe un logiciel fort pratique pour traiter les scans issus d’appareils photo numériques : bien que spécialisé dans le traitement des fichiers RAW de nombreux appareils, SilverFast DC Pro et DC Pro Studio de l‘éditeur allemand Lasersoft intègrent en effet toutes les fonctionnalités d’un logiciel de numérisation.
Il suffit d’ouvrir le fichier (outre les fichiers RAW, SilverFast DC Pro traite aussi les fichiers Bitmap aux format TIFF, JPEG et PSD), de sélectionner le mode Négatif puis le type du film dans la boîte de dialogue Négatif.
Intégrant de nombreux profils, le module NegaFix de Silverfast offre une correction automatique du masque orangé et affiche immédiatement les “bonnes couleurs” à l’écran.
Noirmoutier, 2001, Fuji GA 645W, Fujicolor NPC 160,numérisé avec un Canon EOS 1Ds et un objectif Micro-Nikkor 55mm f/3.5
Films négatifs noir et blanc
Le film noir et blanc “traditionnel” n’est pas le meilleur support pour la numérisation. Incompatible avec les dispositifs antipoussière (ICE, FARE, iSRD) des logiciels de numérisation, il offre un meilleur résultat lorsqu’il est traité de manière traditionnelle, sous l’agrandisseur. En revanche, il est bien plus facile d’y retoucher les rayures et poussières, l’outil Correcteur de tons directs (raccourci J) de Photoshop est alors très efficace. Contrairement au film négatif couleur, le film noir et blanc n’est pas masqué (sauf les films chromogéniques…) après inversion des valeurs (Image>Réglages>Négatif), il est ainsi facile de corriger la répartition des tonalités. Evitez toutefois de surexposer l’image à la numérisation, sinon vous risqueriez boucher les ombres (qui paraîtraient après inversion toutes noires, sans détails) !
Films diapos
Les films diapos offrent la meilleure qualité d’image, à la fois pour la restitution des couleurs et du contraste et pour leur grain dont l’aspect reste bien plus discret que celui d’un film négatif couleur. En revanche, les films diapos sont très exigeants quant aux performances du matériel de numérisation : celui-ci doit posséder l‘étendue dynamique la plus large possible et seuls les meilleurs et les plus onéreux des scanners arrivent à dépasser une densité égale à D=4.0, considérée comme le minimum pour restituer toutes les subtilités de la diapo.
Notez que le calibrage du scanner (et ainsi de votre appareil) est uniquement opérationnel lorsque vous numérisez des diapos. J’ai fait plusieurs essais pour calibrer mon appareil pour déceler d’éventuelles différences liées à la mire de calibrage. Avec notre environnement de travail, il serait certes plus cohérent d’utiliser une mire IT8 dont le calibrage tiendrait compte du rétroéclairage utilisé – les résultats, plus anciens, d’après une charte DigitaL TargeT de Christophe Métairie sont tout aussi concluants, bien qu’ils aient été obtenus en lumière du jour.
Paris, 1996, Canon T-90, objectif à décentrement 35 mm f/2.8, Fujichrome Provia 100, numérisé avec un Canon EOS 1Ds et un objectif macro EF 100mm f/2.8
Qualité et productivité
D’après mes propres essais, la qualité des scans est vraiment très satisfaisante, surtout lorsque l’on tient compte de la rapidité avec laquelle on passe d’un original au suivant. En effet, bien que la vitesse de numérisation des scanners film ait bien évoluée au fil des années, elle est encore insuffisante pour numériser des archives volumineuses (entre 1 et 10 minutes) ; les scanners à plat sont encore plus lents, surtout lorsque l’on active le dispositif de nettoyage des poussières (ICE ou FARE) : 15 minutes par négatif ou diapo à scanner ! Une fois l’équipement mis en place, les originaux nettoyés et les paramètres de prise de vue fixés, vous pouvez facilement faire entre 5 et 10 numérisations par minute, c’est-à-dire entre 300 et 600 par heure – une productivité largement supérieure à l’ensemble des scanners du marché…
Noirmoutier, 2001, Fuji GA 645W, Ilford Delta 400,numérisé avec un Canon EOS 1Ds et un objectif Micro-Nikkor 55mm f/3.5
La qualité des fichiers est d’ailleurs fort honorable, l’étendue dynamique de l’appareil parvient à restituer les nuances de la plupart des diapos ; dans les cas les plus désespérés, vous pouvez prendre deux photos à des temps de pose différents, puis les combiner dans Photoshop. Notez que nombre de scanners à plat offrent une résolution inférieure à celle de votre appareil numérique de 11 mégapixels, les chiffres fort irréalistes avancés par les fabricants correspondent souvent à une interpolation interne, les 6400 dpi d’un Epson V750 Pro sont en réalité plus proches de 3000 dpi et sa densité maximale est loin d’atteindre le D=4.0 annoncé… Votre appareil numérique fournit alors des fichiers plus petits mais tout aussi beaux : jetez un œil à la comparaison suivante !
Extrait agrandi à 100 % de la diapo 24×36. A gauche, la numérisation à 4000 dpi effectuée avec un scanner à plat Epson V750 Pro, sous SilverFast Ai Studio, et en sélectionnant le format HDR (format “brut” propre au logiciel) comme format d’enregistrement. A droite, numérisation effectuée avec un Canon EOS 1Ds, objectif macro EF 100 mm f/2.8 à f/9, format RAW, mode miroir relevé et déclencheur souple temporisé à 2 secondes. Les deux fichiers bruts ont été ouverts dans SilverFast DC Pro Studio, corrigés puis ouverts dans Photoshop où j’ai effectué un sous-échantillonnage du scan afin d’obtenir deux fichiers de dimensions identiques. Ils ont été ensuite accentués “au mieux”.
mouais
d ‘un autre coté le test a ete effectué avec un mark III
il aurai ete plus judicieux de mettre en face le ls 9000
non
une legere pointe de mauvaise foi derriere cet article ???
et ben non, pas du tout. Le test a été effectué avec un Canon EOS 1Ds de première génération qui ne dispose que de 11 mégapixels – ceci dit, j’aimerais bien avoir le nouveau 😉
OUI exact
enfin c’est quand meme du boitier pro
avec une technologie pas si differente hormis
plus de pixels et une tolerance moindre(saturation excessive au dessus d’ un diaph de surex)
et non du amateur averti comme se trouve placé le 750
qui au passage est tout de meme tres rapide
comparer aux ls
j ai un ls4000
un v 750
un markII
un markIII
c’est pas demain la veille que je vais perdre du temps a utiliser mes boitiers pour scanner 😉
Lorsque tu lis l’article (j’espère que tu l’as fait… ;-)) tu comprendras bien que je destine cette solution de « numérisation sans scan » à tous ceux équipés en appareils réflex numériques (de plus en plus) , mais qui ne possèdent pas (encore) de scanner en qualité correcte pour numériser leurs archives et justement, il ne s’agit pas de perdre du temps, mais d’en gagner: il y a déjà des sociétés prestataires dans la numérisation du patrimoine qui remplacent leurs scanners (trop lents et pas assez productifs) par des appareils numériques (pour celle que je connais un dos Mamiya ZD – 22 mpix. tout de même), autrement plus rapides et productifs ! Lorsqu’il s’agit de scanner des milliers de diapos, désolé, même les Nikon Coolscan ne sont pas assez rapides – d’autant que le LS 4000 que tu cite a été dépassé sur ce point par son remplaçant !
Bonjour,
Depuis le temps que je cherchais de la doc sur ce sujet, merci.
Je n’ai pas encore entrepris la numérisation de mes vieilles diapos mais j’avais songé à un système du type slide duplicator CASTEL-COP-DIGI de Novoflex aussi.
As tu une expérience ?
Merci.
Bonne journée.
Billet très sympa qui m’interpelle (actualité personnelle)… Je crois bien que ma colonne Rohen va reprendre du service avec un 100 macro et le Canon 5D. Je n’ai pas ton savoir-faire et mes résultats seront en deçà de ce que tu es capable de faire mais pour un petit objectif comme celui que je nourris, ça sera mieux que rien…! Amitiés…
Jean-Christophe,
avec ton banc de reproduction Rohen et ton appareil encore un peu plus puissant que le mien, tu obtiendras des résultats encore meilleurs …
Bonsoir
J’ai déjà effectué le test de la numérisation sans scanner, à l’aide d’un 60/2.8 Nikon macro monté sur un D200 plus pas mal de bouts de ficelles : une table lumineuse, un porte diapo Beseler et un « hood » en carton recouvert de velours noir.
l’appareil monté sur pied, c’est parti pour une expo manuelle à diaph fermé en 100 ISO.
Les résultats sont encourageants et me paraissent plus qu’ exploitables : j’ai « scanné » des vieilles diapos 24×36 et aussi 6×6 toutes rouges de vieillesse… Merci le numérique, elles ont retrouvé leur jeunesse grâce au post traitement en RAW sur RAW SHOOTER (que j’ai découvert sur votre site) …
Pourquoi s’encombrer de tout ce matériel quand on a tout sous la main ?
Cordialement G Chapelain
Bonjour,
je suis impressionné par le niveau technique et l’ingéniosité mais j’ai malgré tout 1 question : comment gérer la correction des poussières, automatique avec les modules ICE sur les scanners films ?
c’est cela qui prend le plus de temps … enfin j’ai des mauvais souvenirs avec mon scanner LS20 Nikon du début …
cordialement
@ecarlate : je le gère plus tard, dans Lightroom ou Photoshop CS3, bien que cela prend plus de temps que dans le logiciel de numérisation, le dépoussiérage est finalement assez rapide !
Merci pour cet article vraiment très intéressant pour un amateur comme moi.
Je vais ressortir mon 100mm macro.
Aujourd’hui, les réflex sont à 15 Mpix en moyenne, même en APS-C.
Mais y a-t-il contre indication à utiliser un APS-C de 14 Mpix actuel et donc très performant pour scanner des diapos 24*36 ?