La numérisation sans scanner est-elle possible ?
Publié le 8 février 2008 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Les scanners du futur ?
Alors que le marché des scanners est aujourd’hui stagnant, voire moribond, celui des appareils reflex numériques est en plein boom. Les boîtiers sont remplacés à un rythme de plus en plus court, et le grand public semble séduit par ce type d’appareils largement plus performants et polyvalents qu’un compact numérique ou qu’un bridge – et pas tellement plus onéreux.
S’il n‘était que peu (ou pas) intéressant d’utiliser un appareil numérique pour reproduire des diapositives ou négatifs argentiques il y a quelques années encore, leur résolution a aujourd’hui atteint un niveau fort honorable.
Bien évidemment, la structure à base de pixels d’une image numérique diffère de celle d’un film disposant, lui, des grains repartis de manière aléatoire (stochastique). Les images numériques possèdent donc une texture plus propre, plus régulière, ce qui contribue à lisser les différences pour la résolution, d’autant qu’une photo scannée à 4000 dpi comprend de nombreuses informations inutiles (notamment la structure de grain qui paraît très accentuée à cette résolution).
La résolution d’un Canon EOS 1Ds MkIII est tout de même largement supérieure à celle d’un film 24×36, même lorsqu’ils s’agit un film noir et blanc à très forte résolution et dépourvu de grain associé à un objectif de très haute gamme ! De même, la résolution d’un capteur CMS ou CCD à environ 11 mégapixels génère des images d’une qualité au moins équivalente à celle du format 24×36.
Film instantané Polaroid 655, Mamiya RZ Pro , objectif 140 mm f/4,5 macro, numérisé avec Canon EOS 1Ds, objectif Micro-Nikkor 55 mm f/3.5
Alors que l’on sait que l‘équation suivante est fausse (pour de multiples raisons), certains détracteurs de la photographie traditionnelle prétendent que seul un capteur de 22 mégapixels délivre une qualité équivalente à celle d’un film argentique. Voici le calcul à l’origine d’un débat qui n’est toujours pas clos :
- une résolution de 4000 ppp (points par pouce, ou 4000/25,4 points par millimètre) correspond à 3780×5670 pixels (21,4 mégapixels effectifs) pour le format 24×36 ou à 8660×11024 pixels (95 mégapixels effectifs) pour le format 6×7 (55×70 mm).
- une résolution de 2900 ppp (points par pouce, ou 2900/25,4 points par millimètre) correspond à 2740×4110 pixels (11,3 mégapixels effectifs) pour le format 24×36 ou à 6279×7992 pixels (50 mégapixels effectifs) pour le format 6×7 (55×70 mm).
Pour nos besoins spécifiques, un capteur de 11 mégapixels produit des fichiers pouvant être agrandis jusqu’à 23,2×34,8 cm (300 dpi) ou 29×43,5 cm (240 dpi), ce qui est amplement suffisant pour faire de beaux tirages jet d’encre au format A3.
Si toutefois vous cadriez un peu plus large autour de vos diapos ou négatifs, vous perdriez entre 5 et 10 % de la surface exploitable – loin du ratio largeur/hauteur de votre capteur, les films moyen format (4,5×6, 6×7 cm ou, pire, 6×6 cm) génèrent encore plus de pertes, sauf si vous utilisez un appareil à capteur “Four Third” des marques Olympus, Panasonic ou Leica. Il ne reste alors qu’une partie des onze mégapixels…
Nous l’avons évoqué, en plus d’un appareil reflex numérique performant, il vous faudra une table lumineuse et un trépied bien stable ou, mieux encore, un banc de reproduction avec rétroéclairage intégré. Il existe même des adaptateurs spécifiques pour dupliquer des originaux 24×36 ou moyen format, le CASTEL-COP Digital de Novoflex en est un exemple. Pour que le plan du capteur de votre appareil soit parallèle à celui du document à numériser, je vous conseille l’utilisation d’un niveau à bulle ; pour garantir la planéité du film à dupliquer, vous pouvez utiliser soit le porte-films d’un ancien agrandisseur (à verres anti-newton ou sans verre), soit celui d’un scanner à films. Utilisez de préférence le mode miroir relevé de votre appareil ainsi qu’un déclencheur souple pour éviter des vibrations pouvant réduire la netteté de vos “scans”.
On pourrait être tenté de réemployer un objectif agrandisseur. En effet, ces objectifs sont généralement de très bonne qualité, à la fois pour leur piqué et leur planéité du champ. Mais ils ne peuvent être utilisés avec un soufflet macro (ce qui est souvent peu confortable pour la mise au point et la fermeture du diaphragme). Je préfère de loin les objectifs macro, aux focales 100 mm pour les originaux 24×36 et 50 mm pour les moyens formats. Tous les objectifs macro bénéficient d’une très bonne qualité optique, tant que vous les utilisez autour de leur diaphragme optimal – situé deux ou trois crans en dessous de l’ouverture maximale. Evitez de surdiaphragmer, entre f11 et f32 : la diffraction annulerait tout gain pour le piqué ou la profondeur de champ.
Nettoyage préalable
Compte tenu du fait que nous ne disposerons pas des dispositifs antipoussière d’un logiciel de numérisation, il faut bien nettoyer les originaux avant leur numérisation. Les quelques minutes passées à enlever les poussières sur vos films vous épargneront ensuite quelques heures pénibles dans Photoshop. Un tissu doux et propre risque de charger le film en électricité statique et ainsi attirer davantage de poussières. Utilisez plutôt une bombe à air sec, tenue verticalement pour éviter le dépôt d’éventuels résidus du gaz sur la surface sensible. J’utilise depuis peu un pinceau dédié au nettoyage des capteurs (Arctic Butterfly de Visible Dust), très efficace à la fois pour enlever toutes les poussières sur la surface du film et pour éviter leur renouvellement grâce à son action antistatique.
mouais
d ‘un autre coté le test a ete effectué avec un mark III
il aurai ete plus judicieux de mettre en face le ls 9000
non
une legere pointe de mauvaise foi derriere cet article ???
et ben non, pas du tout. Le test a été effectué avec un Canon EOS 1Ds de première génération qui ne dispose que de 11 mégapixels – ceci dit, j’aimerais bien avoir le nouveau 😉
OUI exact
enfin c’est quand meme du boitier pro
avec une technologie pas si differente hormis
plus de pixels et une tolerance moindre(saturation excessive au dessus d’ un diaph de surex)
et non du amateur averti comme se trouve placé le 750
qui au passage est tout de meme tres rapide
comparer aux ls
j ai un ls4000
un v 750
un markII
un markIII
c’est pas demain la veille que je vais perdre du temps a utiliser mes boitiers pour scanner 😉
Lorsque tu lis l’article (j’espère que tu l’as fait… ;-)) tu comprendras bien que je destine cette solution de « numérisation sans scan » à tous ceux équipés en appareils réflex numériques (de plus en plus) , mais qui ne possèdent pas (encore) de scanner en qualité correcte pour numériser leurs archives et justement, il ne s’agit pas de perdre du temps, mais d’en gagner: il y a déjà des sociétés prestataires dans la numérisation du patrimoine qui remplacent leurs scanners (trop lents et pas assez productifs) par des appareils numériques (pour celle que je connais un dos Mamiya ZD – 22 mpix. tout de même), autrement plus rapides et productifs ! Lorsqu’il s’agit de scanner des milliers de diapos, désolé, même les Nikon Coolscan ne sont pas assez rapides – d’autant que le LS 4000 que tu cite a été dépassé sur ce point par son remplaçant !
Bonjour,
Depuis le temps que je cherchais de la doc sur ce sujet, merci.
Je n’ai pas encore entrepris la numérisation de mes vieilles diapos mais j’avais songé à un système du type slide duplicator CASTEL-COP-DIGI de Novoflex aussi.
As tu une expérience ?
Merci.
Bonne journée.
Billet très sympa qui m’interpelle (actualité personnelle)… Je crois bien que ma colonne Rohen va reprendre du service avec un 100 macro et le Canon 5D. Je n’ai pas ton savoir-faire et mes résultats seront en deçà de ce que tu es capable de faire mais pour un petit objectif comme celui que je nourris, ça sera mieux que rien…! Amitiés…
Jean-Christophe,
avec ton banc de reproduction Rohen et ton appareil encore un peu plus puissant que le mien, tu obtiendras des résultats encore meilleurs …
Bonsoir
J’ai déjà effectué le test de la numérisation sans scanner, à l’aide d’un 60/2.8 Nikon macro monté sur un D200 plus pas mal de bouts de ficelles : une table lumineuse, un porte diapo Beseler et un « hood » en carton recouvert de velours noir.
l’appareil monté sur pied, c’est parti pour une expo manuelle à diaph fermé en 100 ISO.
Les résultats sont encourageants et me paraissent plus qu’ exploitables : j’ai « scanné » des vieilles diapos 24×36 et aussi 6×6 toutes rouges de vieillesse… Merci le numérique, elles ont retrouvé leur jeunesse grâce au post traitement en RAW sur RAW SHOOTER (que j’ai découvert sur votre site) …
Pourquoi s’encombrer de tout ce matériel quand on a tout sous la main ?
Cordialement G Chapelain
Bonjour,
je suis impressionné par le niveau technique et l’ingéniosité mais j’ai malgré tout 1 question : comment gérer la correction des poussières, automatique avec les modules ICE sur les scanners films ?
c’est cela qui prend le plus de temps … enfin j’ai des mauvais souvenirs avec mon scanner LS20 Nikon du début …
cordialement
@ecarlate : je le gère plus tard, dans Lightroom ou Photoshop CS3, bien que cela prend plus de temps que dans le logiciel de numérisation, le dépoussiérage est finalement assez rapide !
Merci pour cet article vraiment très intéressant pour un amateur comme moi.
Je vais ressortir mon 100mm macro.
Aujourd’hui, les réflex sont à 15 Mpix en moyenne, même en APS-C.
Mais y a-t-il contre indication à utiliser un APS-C de 14 Mpix actuel et donc très performant pour scanner des diapos 24*36 ?