Interview : Gérard Blondeau, photographe naturaliste
Publié le 12 avril 2009 dans Articles et dossiers par Hélène Pouchot
QP : Les reportages que vous réalisez sont-ils des œuvres de commande ? A quels supports les destinez-vous ?
GB : Il y a un peu des 2, je réalise des inventaires photographiques sur la biodiversité d’un site d’une région mais je démarche également des magazines qui pourraient être intéressés par mes reportages. Lorsque je photographie, j’essaye toujours de penser à la façon dont l’image pourrait être utilisée, à ce qu’elle va présenter/représenter : côté scientifique, nature, biodiversité ou aspect artistique et recherche de l’abstraction. Une photo peut aussi avoir un intérêt pour illustrer le thème d’une conférence. Avec le numérique, les possibilités de faire des photos se sont considérablement accrues, toutes sortes d’images envahissent le marché. Et l’on risque non seulement de voir ses images noyées dans une masse de clichés pas toujours de très bonne qualité, mais également de devoir les brader. Même les iconographes recherchent des photos sur des sites gratuits ! Difficile pour les professionnels de travailler dans ces conditions. Le seul moyen pour s’en sortir aujourd’hui, c’est d’avoir la connaissance du sujet et d‘être pointu dans son domaine.
QP : Quel boîtier et quelles optiques utilisez-vous ?
GB : Tout dépend du sujet et du lieu de prise de vue…, j’utilise généralement, lorsque je ne me déplace pas, un Canon EOS 1D ; sinon j’ai acheté un Canon EOS 50D pour voyager plus léger avec un grand-angle 10-22 mm avec lequel je peux éclater les sujets proches et garder l’arrière-plan en fond. Pour les insectes et parfois les fleurs, le 180 mm macro est indispensable, en particulier pour photographier les papillons et les libellules que l’on ne peut approcher. En fait, ces deux objectifs se complètent. Pour les petits détails, j’ai aussi un 65 mm macro Canon, mais il nécessite d’avoir le temps de se positionner très près du sujet, ce qui n’est pas toujours le cas…
QP : Quel matériel conseillez-vous à vos stagiaires, à un photographe débutant ?
GB : Pour les fleurs, les petits compacts sont pratiques. Pour les insectes, en revanche, il faut garder une certaine distance et le compact a ses limites. Ceux qui ont acheté un kit reflex avec un zoom transtandard peuvent ajouter des bagues pour augmenter le rapport de grossissement de leur matériel. Pour ceux qui ont davantage de moyens pour investir dans du bon matériel macro : un 100 mm macro est idéal.
QP : Que pensez-vous du mode Macro que l’on trouve sur les boîtiers ?
GB : Sur les petits compacts, il est indispensable. Sur les zooms, ce mode tient plus de la photo rapprochée, dite “de proximité”, que de la macro.
QP : La PMA s’est déroulée début mars à Las Vegas, vous êtes-vous tenu informé des nouveautés qui y ont été présentées ou êtes-vous attentif de manière générale aux évolutions du matériel ? Etes-vous satisfait de ce qui existe aujourd’hui ? Quelles sont vos attentes ?
GB : Non, je ne suis pas très attentif à ce type d‘événement. J’ai mon matériel, cela me suffit ; le 5D m’intéresse toutefois. Au niveau téléobjectif, j’ai un 300, multiplicateur et doubleur, c’est parfois un peu juste… aussi le coefficient 1,6× du 50D est intéressant. Le principal problème que je rencontre concerne le poids et l’encombrement des objectifs, difficiles à transporter et qui me valent parfois des surcoûts à l’aéroport. Si les compagnies aériennes pouvaient être plus tolérantes envers les clients photographes qui partent en safari… En revanche, je regarde davantage ce qui se passe du côté des logiciels de post-traitement : nouveaux outils de retouche, logiciels plus universels et faciles à manipuler, notamment pour classer ses photos, j’attends des nouveautés dans ce domaine. Lorsque je pars en voyage avec des stagiaires, à l’issue des journées de prises de vue, j’organise des projections de nos images, on les analyse, on discute des défauts, des possibilités de retouche, etc., et des outils qui existent. L‘échange est constructif.
Merci pour ce petit partage de connaissances, cela donne envie.
Le petit passage (obligatoire pour un pro) sur la profession est pertinante.