Etalonnage d’écran : gare aux solutions économiques !
Publié le 26 mars 2011 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Si la plupart des photographes s’accordent désormais sur la nécessité du calibrage de leur écran pour en normaliser les conditions d’affichage et caractériser la reproduction des couleurs, certains croient aveuglément à la pertinence dudit calibrage. Or, celui-ci contribue très souvent à produire des tirages trop sombres, et ce, même avec un outil réputé comme étant sérieux.
Si la plupart des photographes s’accordent désormais sur la nécessité du calibrage de leur écran pour en normaliser les conditions d’affichage et caractériser la reproduction des couleurs, certains croient aveuglément à la pertinence dudit calibrage. Or, celui-ci contribue très souvent à produire des tirages trop sombres, et ce, même avec un outil réputé comme étant sérieux.
Plusieurs fabricants (X-Rite, Datacolor, Pantone, etc.) se partagent le marché des solutions de calibrage, proposant soit des colorimètres soit des spectrophotomètres, accompagnés de différents logiciels. La précision des outils de calibrage est alors aussi importante que celle des logiciels. Le calibrage se déroule en deux étapes distinctes : le calibrage et la caractérisation. La première étape sert à régler l’écran selon des normes préétablies pour l’affichage (gamma, point blanc et luminance minimale et maximale), la seconde quantifie et corrige la réponse spectrale de l’écran en comparant les valeurs mesurées à des valeurs de référence.
Spyder3Express : mieux vaut investir quelques euros supplémentaires (Spyder3Pro ou Elite)…
Si cette seconde étape est maîtrisée par l’ensemble des solutions de calibrage du marché, on ne peut pas dire autant de la première. Les solutions d’entrée de gamme limitent les options au strict minimum vital. Ainsi, elles imposent le plus souvent des valeurs “standard” pour le gamma (2,2) et le point blanc (D65 ou 6500 K). Si cela n’enlève rien à leur utilité (la plupart des photographes se tiennent de toute façon à ces valeurs imposées), les solutions d’entrée de gamme souffrent d’un défaut rédhibitoire : Spyder3Express, X-Rite Display LT et Pantone Huey ne permettent pas de mesurer et d’ajuster la luminance du blanc, bien que cette fonctionnalité soit prise en charge par les sondes fournies. Si le bridage en question sert à différencier ces kits au rabais des autres ensembles plus ambitieux, il nuit aussi à leur exploitation. Par leur positionnement tarifaire, ils s’adressent à des utilisateurs peu aguerris et pour la plupart munis d’écrans bas de gamme. Or, les écrans grand public souffrent d’une luminosité excessive, souvent trois fois plus élevées que la valeur de luminance conseillée, se situant, elle, entre 90 et 120 cd/m2 ! De nombreux acheteurs de sondes bas de gamme se plaignent en effet de tirages excessivement sombres, résultant de la retouche sur un écran trop lumineux. Si Spyder3Express et ses consœurs génèrent un profil ICC pour caractériser l’écran, le profil en question ne compense pas la luminosité excessive de ce dernier, annihilant ainsi tous vos efforts visant à faire correspondre l’affichage de l’écran au rendu du tirage imprimé.
Faites attention aux fausses économies sur la sonde de calibrage. Si vous ne disposez pas d’un écran de qualité convenable (dalles PVA ou IPS) et pré-ajusté en usine, les solutions de milieu de gamme (Spyder3Pro, hueyPro) et de haut de gamme (Spyder3Elite, EyeOne Display2) offrent en réalité un rapport qualité/prix bien plus intéressant. Quant aux solutions “universelles” pour calibrer l’écran et l’imprimante (Spyder3 Print SR et ColorMunki), elles proposent, elles aussi, l’analyse et le réglage de la luminance. Si toutefois, vous possédez déjà l’un des kits “pas chers”, je vous conseille d’emprunter un des outils cités plus haut pour régler une fois pour toutes la luminance de votre écran. Notez la valeur de luminance et ne touchez surtout plus aux réglages OSD de votre écran.
Quant aux kits Spyder3Express et X-Rite Display LT, ils ne sont finalement utiles qu’aux heureux possesseurs d’un écran haut de gamme, doté d’un calibrage matériel. Le logiciel Color Navigator des écrans Eizo ColorEdge, pour ne citer que lui, se moque en fait de la puce d’identité du colorimètre, seule distinction physique entre une sonde à 100 et une autre à 300 euros…
On peut aussi utiliser un logiciel tiers pour piloter la sonde ! Pour ne pas le citer, argyllcms fait du très bon boulot avec la plupart des sondes du marché, et permet de maitriser à 100% le paramétrage de l’écran et d’affiner le profil généré selon ses souhaits. Le revers de la médaille étant que la profusion de paramètres possibles demande un peu de lecture et de culture colorimétrique pour savoir comment paramétrer le logiciel.
Et si on est hermétique à la ligne de commande des outils d’argyllcms, il y a une interface plutôt sympathique pour le paramétrage : dispcalGUI.
Pour ne rien gâcher, tout ceci est de plus multi-plateformes 😉
Si je prends mon cas, je peux ainsi piloter sous linux ma i1 display avec toute la précision souhaitée et définir mes paramètres librement (D50 sous 80cd/m²).
Et la sonde fournie dans les packs X-Rite LT et Display2 étant la même, je peux aussi me payer le luxe d’économiser sur le logiciel de fabricant qui m’est inutile et opter pour la version LT moins onéreuse 😉
@Guillaume C : c’est exact, j’avais carrément oublié Dispcal GUI. Et pourtant, j’avais écrit, il y a deux ans, cet article :http://www.questionsphoto.com/article/229-dispcal-gui-le-calibrage-d-ecran-open-source 😉 Merci donc pour ce petit rappel qui sera sans doute utile à certains utilisateurs dépités des pilotes d’entrée de gamme !
Bonsoir Volker
Je te rejoins sur un point : ne pas penser qu’un outil bas de gamme va permettre d’obtenir le bon profil de son écran et permettre ensuite le travail de traitement image en toute cohérence 😉
Par contre là où je suis moins d’accord c’est sur le fait de dire que la luminosité ou le contraste se règlent une fois pour toute.
Un écran évolue dans le temps et la caractérisation ainsi que le calibrage doivent être faits régulièrement.
Quant aux logiciels tiers qui peuvent être utiliser avec les colorimètres et spectrophotomètres, nous pouvons citer Adjust ou BasICColor (pour ne citer qu’eux) par exemple qui sont aussi deux bons logiciels (certes pas gratuits).
Sinon prendre un colorimètre tel une I1display 2 n’est pas très cher (les prix en moins de 10 ans ont été divisé par 5) pour un écran non Art Graphique et vaut le coup 😉 Sinon carrément investir dans un Colormunki qui va permettre de gérer une petite chaîne graphique (pareil, c’est pas très cher quand on a connu l’époque du spectrolino)
Je suis moyennement d’accord avec l’article. Je suis possesseur d’un écran bas de gamme ET d’une sonde express, et il suffit de connaître les limites et notions théoriques de tout cela. Mon écran a une luminosité très bien ajustée (bien que nativement, elle soit excessive) et des couleurs assez fidèles, je n’ai pas grand chose à redire à mes tirages…
Je suis moyennement d’accord avec l’article. Je suis possesseur d’un écran bas de gamme ET d’une sonde express, et il suffit de connaître les limites et notions théoriques de tout cela. Mon écran a une luminosité très bien ajustée (bien que nativement, elle soit excessive) et des couleurs assez fidèles, je n’ai pas grand chose à redire à mes tirages…
@Adrien : qu’avez-vous fait pour mesurer et pour ajuster la luminosité de votre écran ? Une telle manipulation devrait se passer au calibrage de l’écran et pas à la caractérisation, sinon, le profil ICC et la carte vidéo doivent l’assurer, ce qui produit des cassures dans les dégradés et des bascules de couleur… Bref, sans avoir comparé avec un bundle mieux équipé, il sera bien difficile de juger de la qualité d’un tel étalonnage.
Billet intéressant sur la calibration. Je te suis globalement sur pas mal de point Volker même si personnellement j’aurais insister sur le fait qu’il n’y ait aucune différence matérielle entre la Spyder3 pro et élite. Le bridage est seulement logiciel. Quant-a la différence avec la Syperd3 express, pour ma part, c’est juste l’absence d’une photodiode qui évalue la luminosité ambiante ; en effet, pour des raisons de coût de production, il est très probablement que ces trois sondes soient identiques, le bridage pouvant être effectué par le software.
@Volker : C’est dommage que tu n’es pas parlé d’Argyll et de GUIDispcal qui le rend plus accessible. J’ai personnellement utilisé ce logiciel pour calibrer plusieurs écrans pour des besoins professionnels et c’est encore ce qu’il y a de mieux pour limiter le coût. J’ai eu l’occasion de contrôler la justesse de la sonde grâce à un spectromètre optique calibré et parfaitement étalonné. L’erreur sur le point blanc que j’avais choisi était de 2% maximum. J’en conclue alors que la spyder est de qualité tout a fait honnête surtout si on compare son prix, 150€, à celui du spectro, ~10 000€ 😉 Qui plus est, ce logiciel est extrêmement puissant dès-lors que l’on maîtrise un peu la colorimétrie.
Peut-être un prochain billet sur ce logiciel libre multiplate-formes qui a énormément évolué depuis les 10 derniers mois…
@loganos : le problème se situe du côté des logiciels, volontairement bridés pour les solutions de calibrage d’entrée de gamme. Le hardware (la sonde) est souvent identique et seul un bridage par puce d’identification empêcherai d’utiliser une sonde S3Express avec l’un des logiciels plus sophistiqués…
Quant à Dispcal GUI, j’avais déjà fait un article il y a deux ans : http://www.questionsphoto.com/article/229-dispcal-gui-le-calibrage-d-ecran-open-source 😉
Bonjour,
Un bel article qui m’a fait jubiler sur ma chaise à la lecture du titre « Étalonnage d’écran ». Merci Mr Volker d’avoir utiliser le terme étalonnage. Mais très vite, j’ai déchanté en lisant des « calibrages » de partout.
Je vous invite à lire la définition wikipédia de calibrage: http://fr.wikipedia.org/wiki/Calibrage
Je pense que vous l’utilisez dans le sens « anglais ».
Alors oui, il y a écrit calibrage partout, mais ce serait-ce pas bon de dire que ce n’est pas français, et de parler d’ajustage et/ou d’étalonnage?
Mais pourtant, j’ai apprécié votre article. On y comprend les opérations à réaliser pour afficher les couleurs les plus justes. Et comme les camarades avant moi, je regrette la non citation de dispcalGUI, d’autant que les 2 opérations (ajustage des paramètres écran et caractérisation/étalonnage des couleurs) y sont clairement identifiables, la première se faisant par l’opérateur, la seconde s’effectuant tout en automatique.
Et un grand merci pour parler d’un sujet encore trop peu méconnu des photographes amateur de plus en plus nombreux.
Cordialement,
🙂
@renaud : oui, je mélange étalonnage et calibrage, mais dans un souci de ne pas toujours utiliser le même terme (une déformation professionnelle acquise avec l’écriture et la traduction d’ouvrages 😉 Je trouve « calibrage » plutôt anodin car nombreux sont ceux qui utilisent le terme « calibration », franchement anglais. Quant à Dispcal GUI, faites une recherche sous Google, vous trouverez un article rédigé par ma pomme. Par ailleurs, je suis en train de me pencher de nouveau sur ce logiciel qui a énormément évolué – il mérite dons sans doute un petit article.
Il me semble que « calibrage » soit le terme qui convient, et je crois même que Jean Deklmas s’en explique dans sa bible sur la gestion des couleurs (si ma mémoire est bonne).
Bonjour,
Non, calibrage et calibration ne veulent rien dire en francais, ce n’est pas une question de varier les termes, c’est une question de sens et de parler francais ou pas.
Ces mots n’ont pas de sens, il ne veulent rien dire. En anglais, on trouve « calibration » qui n’a pas de traduction en francais. Si l’article était en anglais, calibration serait correct mais en francais, même traduit, on ne doit pas le retrouver. En générale on retrouve le terme calibration dans les mauvaise traduction de notice, et je pense que vous pouvez mieux faire que d’utiliser des angliscismes barbare.
Et pour dispcalGUI, j’ai vu qu’il y avait un article dessus, mais un lien dans l’article du jour aurait permis de remettre en avant ce logiciel libre utilisant argyllcms, qui fait parti sans doutes des logiciels les plus ancien utilisable par le grand publique pour faire des profils ICC des écrans, imprimantes…
De plus, dispcalGUI permet d’économiser lors de l’achat de la sonde puisqu’en l’utilisant on peut éviter de payer le surcout du logiciel constructeur.
Cordialement.
Perso, je dirais profilage pour l’écran.
Pour Colorbase d’epson ou l’option spectro de l’epson 7900, étalonnage vu que c’est le débit d’encre qui est réglé pour correspondre à l’étalon de chez epson ayant servi à la création des profils ICC.
Dictionnaire Petit Robert (Dixel)
Calibrage : nm, action de calibrer; son résultat.
Equivalent à étalonnage.
Le terme est donc correct, en lieu et place de calibration qui est un anglicisme.
Personnellement, j’aurai tendance à réserver calibrage à quelque chose de mécanique, et étalonnage à un instrument de mesure. Mais le terme n’est pas faux.
Bonjour,
« Calibrage: action de calibrer »
Definition larousse de calibrer:
« Mettre au libre voulu: calibrer des obus
Mesure et classer selon les calibre : calibrer des oeufs »
Est-ce que cela à le même sens que dans l’étalonnage et l’ajustage des écrans….
Bonjour, je ne suis pas sûr de comprendre la fin de l’article. Pour le logiciel Eizo, il est recommandé de l’utiliser ou pas ?
@Fox, affirmatif. Le logiciel Eizo fonctionne, tout comme d’autres (notamment adJust et SpectraView Profiler) très bien avec l’Eye One LT et la Spyder3 des bundles plus économiques. Pas de problème donc de ce côté-là …
Je ne peux que confirmer ce qui a été dit plus haut.
La sonde spyder3express est une excellente affaire quand elle est utilisée avec le combo argyllCMS + DispcalGUI.
En effet pour 75€ on obtient un calibrage d’écran tout à fait équivalent à ce que peut faire une spyder3elite pourtant 3 fois plus chère. (mais identique au niveau du composant électronique faisant la mesure des couleurs)
La complexité d’argyllCMS est en grande partie masquée par DispcalGUI et en cherchant 2 minutes sur google on trouve des explications imagées sur les paramétrages à choisir.
Merci pour cet excellent article.
Pour résumer, faut il acheter la Spyder 3 pro ou la spyder 3 express avec les logiciels libres fait mieux ?
@didier : tout dépend de votre expertise en termes de gestion des couleurs. Si vous pouvez jongler avec tous les paramètres d’argyll CMS et Dispcal GUI, la Spyder3 Express suffira très probablement. En revanche, le couple composé de la Spyder3 et du logiciel Elite est plus convivial, nettement plus véloce et très performant. Sachez aussi que la Eye-One Display 2 de X-Rite est la meilleure sonde, intégrez-la donc dans votre sélection de configurations.
@Volker
Merci beaucoup pour le conseil 🙂
Je vais me tourner vers la simplicité pour me concentrer surtout sur la photo et son traitement plutot que sur les outillages annexes.
La Eye-One Display 2 semble excelente mais pour des questions de budget je vais devoir m’arréeter sur la Syper pro. (Déjà le double de l’express que je pensais acquerir).
Ma contribution perso au niveau logiciel je ne saurais que trop recommander ColorEyes Display Pro.
Fonctionne avec les principales sondes du marchés, interface de configuration pas à pas permettant d’intervenir sur tous les paramètres et possibilité à la fin de comparer son profil à des chartes de référence pour connaître les dE.
Possibilité d’enregistrer des présets etc,
Le site du fabricant est assez spartiate mais il est possible de tester une version totalement fonctionnelle pendant 10jours
http://www.integrated-color.com/cedpro/coloreyesdisplay.html
A l’occasion un test sur le site ?
Je viens d’acquerir une sonde et j’ai beau calibrer avec tous les paramétres possible je n’ai jamais la luminosité que j’ai toujours utilisé pour faire mes tirages avant la calibration, je m’en sortait mieux avant. Il y a quelque chose qui m’echappe !
Utilisez-vous des profils appropriés pour votre imprimante ? Quel est le modèle de sonde et quel éclairage utilisez-vous pour évaluer les tirages ?