Enregistrer ses premiers plans vidéo avec le 5D Mk III
Publié le 18 avril 2013 dans Actualités Livres par Vincent Luc
Quand et comment déterminer le temps de pose ?
En soi, la gestion du temps de pose en vidéo répond à la même logique qu’en photo : plus il est bref, plus le mouvement du sujet (ou de la caméra) sera figé et net sur l’image ; on aura donc logiquement plutôt tendance à privilégier un temps de pose bref lors d’un événement sportif que lors d’une séquence plus « calme ». Attention cependant car, en vidéo, le temps de pose est déterminant pour la fluidité de la séquence. Ainsi, si un temps de pose très bref assure des images très nettes (idéales pour une extraction de photos de la séquence ou pour un montage dynamique avec ralentis et/ou arrêts sur image), la séquence en elle-même risque fort d’être saccadée. Pour réduire (ou éviter) ce problème, quand un temps de pose très bref est un impératif, il est conseillé de doubler la cadence d’acquisition et donc de passer à 50 images par seconde.
Certains conseillent par sécurité de fixer le temps de pose à environ le double de la cadence d’acquisition ; ceci étant, dans la grande majorité des cas, en s’en tenant à une plage raisonnable (1/30 à 1/250 s), on obtient de très bons résultats. Certes, on limite un peu la souplesse en termes d’exposition, mais on préférera utiliser des filtres gris neutre et conserver une grande ouverture du diaphragme en plein jour, plutôt que de réaliser des scènes d’action où les mouvements de caméra saccadés s’avéreront inesthétiques à cause d’un temps de pose trop bref.
Assurer la mise au point
La mise au point demeure le plus gros point faible des reflex vidéo actuels car aucun d’entre eux ne dispose d’un système efficace et rapide assurant le suivi du point pendant l’enregistrement. En pratique, il est donc impératif de réaliser le point avant de commencer à filmer ; les possibilités offertes par le 5D Mark III sont ici les mêmes qu’en Live view (voir le mode d’emploi pages 207 à 214).
Pour un plan relativement large avec un sujet pas ou peu remuant et une ouverture moyenne, ces possibilités s’avèrent suffisantes mais, quand la scène devient plus complexe, le sujet plus mobile et/ou que l’on combine le tout avec des mouvements de caméra, le point doit souvent être adapté pendant le filmage. Un appui sur la touche AF-ON suffit à relancer une recherche du point. Malheureusement, celle-ci s’accompagne de bruit, mais aussi d’hésitations du système qui, dans 90 % des situations, s’avère inutilisable en cours de filmage (sauf à pouvoir couper après coup ces moments de flottement tout en assurant un bon raccord avec les plans précédents et suivants…). Il est donc souvent préférable de ne pas chercher à refaire le point (d’où l’importance du contrôle de l’ouverture et de la profondeur de champ) ou d’opérer manuellement. L’opération sera plus ou moins aisée en fonction de l’optique dont on dispose et de la qualité de la bague. Très correcte sur les objectifs USM, cette dernière laisse à désirer sur les objectifs moins ambitieux. Dans les deux cas, sans une certaine pratique, quelques accessoires (voir la rubrique suivante) ou un assistant (si ce n’est les trois…), réaliser une bonne reprise de point frise la gageure (surtout à main levée), tant en raison de la difficulté du geste que de l’impossibilité d’activer la loupe à l’écran en cours de filmage. Dans un premier temps, nous vous conseillons donc de travailler en plans fixes et en vous arrangeant pour ne pas avoir à modifier quelque paramètre que ce soit pendant le filmage.
Quid de l’éclairage ?
On retrouvera ici encore des contraintes très voisines de celles que l’on connaît en photo en matière d’éclairage. On abordera donc la lumière par ses deux aspects principaux :
● quantité : déterminante pour l’exposition et la gestion des paramètres de temps de pose, ouverture et sensibilité ;
● qualité : dureté et direction de la lumière, par exemple pour aplatir ou souligner les volumes (en personnalisant au besoin le Style d’image) et température de couleur (pour y adapter la balance des blancs).
Dans l’absolu, la gestion d’une lumière stable ne devrait donc pas poser de problème. La donne ne se complique en réalité que du fait de la durée de la séquence et/ou des mouvements de caméra ou du sujet. En effet, il est alors possible, même sous un éclairage stable, que l’automatisme d’exposition soit piégé par l’arrivée dans le cadre d’un élément plus sombre ou plus clair, un peu comme en suivi AF en photo de sport, quand le système « décroche » et se met à suivre un élément qui n’est pas le sujet. L’automatisme constatant cet écart de luminosité, il cherche alors à le compenser, souvent brutalement, pour retrouver une densité moyenne. C’est le phénomène de « pompage ».
L’éviter est assez délicat. La solution la plus simple consiste évidemment à travailler en exposition manuelle et à déterminer, avant le filmage, des paramètres d’exposition fixes assurant un rendu convenable du début à la fin du plan. Lors d’un panotage par exemple (exactement comme quand on envisage une photo panoramique par assemblage), il arrive malheureusement qu’une exposition moyenne ne convienne pas du début à la fin du plan et qu’il soit indispensable de modifier un paramètre pendant le filmage (correcteur d’exposition en mode Av ou sensibilité par exemple en mode M). Si l’opération est théoriquement facile (et assez silencieuse si l’on active la Commande discrète), le fait est qu’assurer un mouvement fluide et régulier de l’appareil tout en corrigeant l’exposition à bon escient nécessite, là encore, un certain entraînement.
Le principe se retrouve en termes de balances des blancs. Ce critère étant d’une importance capitale en vidéo, on devra souvent faire quelques essais avant de filmer. Dans des conditions stables, la mesure personnalisée s’avère souvent la meilleure solution. En revanche, dans des conditions plus délicates, par exemple lors du suivi d’un personnage ou d’un panotage mêlant intérieur et extérieur, l’automatisme s’imposera. Si le mouvement est suffisamment doux et fluide, l’adaptation de la TC selon l’importance de la source dans le cadre devrait l’être elle aussi.
Exactement comme en photo, il est des conditions dans lesquelles on aura besoin d’un éclairage supplémentaire. À ceci près qu’il est évidemment impossible en vidéo de recourir à un flash ! Ceci étant, les principes de mise en oeuvre demeurent assez voisins. En effet, s’il peut parfois « sauver » une prise de vues, un éclairage complémentaire peut aussi souvent compliquer la donne, notamment quand on utilise des sources de différentes natures ou que l’on mixe lumière du jour et éclairage artificiel. On devra alors privilégier l’une ou l’autre des lumières (en termes de qualité) et y adapter le réglage de balance des blancs, ou employer des filtres de couleur placés directement sur les sources pour harmoniser leur température de couleur (au prix malheureusement d’une certaine perte de puissance). La méthode n’est ni nouvelle, ni vraiment difficile à mettre en oeuvre. Elle implique juste de disposer d’un éclairage continu, qu’il soit un dispositif léger à LED disposé sur le boîtier et destiné à déboucher le premier plan (comme un flash intégré en photo), ou un équipement plus lourd visant à rééclairer tout ou partie de la scène. Là encore, il est conseillé de réaliser un certain nombre d’essais et de séances d’entraînement dans des conditions contrôlées et simples (lumière stable, trépied, sujet pas ou peu remuant).
Une fois ces « exercices » maîtrisés, il sera temps de s’entraîner à main levée et de réaliser des plans un peu différents et plus vivants, voire du reportage. Se posent alors les questions du choix du point de vue et des mouvements de caméra. Tous deux amèneront souvent de nouveaux problèmes (stabilité, modification de certains paramètres en cours de séquence – exposition, mise au point, etc.).