Questions Photo

DNG, le « négatif numérique » revisité

Il y a DNG et DNG…

Si le DNG est avant tout destiné à enfermer les données brutes d’un capteur, il est devenu au fil des années une enveloppe pouvant contenir, comme le format TIFF, des données fort disparates : brutes ou dématriçées, originaires d’un appareil photo numérique ou d’un scanner. Pire encore, il est tout à fait possible d’obtenir un fichier DNG 16 bits à partir d’un fichier JPEG 8 bit –le fichier résultant ne partage alors que l’extension avec un négatif numérique au format DNG. Hormis le format « DNG-RAW », qui comprend les données brutes et quelques métadonnées supplémentaires, il existe en fait une autre variante, abusivement appelée « DNG linéaire ».


Options d’enregistrement pour le Convertisseur DNG : l’option “Conserve l’image brute” préserve l‘état brut du fichier, l’option “Convertir en image linéaire” transforme le fichier brut en une image Bitmap dématriçée.

Il s’agit d’un format réservé aux données dématriçées (et non pas linéaires, d’un gamma égal à 1.0 ! Cette ouverture aux données Bitmap sème la confusion sur la véritable vocation du format DNG : devenir une alternative crédible à la myriade des fichiers Raw du marché. Mais il serait prématuré de condamner le format « DNG linéaire » sans en avoir examiné les bénéfices.


Options d’enregistrement pour Capture One 4.1 : il s’agit du format DNG RAW

Le regretté Bruce Fraser précise que le format DNG linéaire permet à un logiciel de lire les fichiers qu’il ne peut pas lire en suivant la procédure par défaut, notamment les fichiers RAW « exotiques », produits par les capteurs de type Super-CCD ou Foveon. Les anciennes versions de Camera Raw peuvent ainsi ouvrir les fichiers du Fuji S5 Pro, Silkypix ceux des appareils Sigma à capteur Foveon et DxO Optics Pro de corriger les défauts optiques de vos fichiers avant de poursuivre le traitement avec un autre logiciel (Camera Raw, Lightroom, LightZone, SilkyPix…).


Options d’enregistrement pour Dxo Optics Pro 5 : il s’agit du format DNG linéaire

Loin d’être parfait (le poids de fichier est plus important que celui d’un fichier DNG Raw…), un fichier au format DNG linéaire a tout d’un fichier Bitmap : les corrections appliquées lors du dématriçage sont irréversibles et vous ne bénéficiez plus de la souplesse d’un fichier RAW pour corriger tonalité, couleurs et balance des blancs !

Livres conseillés sur ce sujet

9 commentaires “DNG, le « négatif numérique » revisité

  1. Après la polémique qui avait opposé Adobe et Nikon sur le cryptage de la balance des blancs de certains NEF, Thomas Knoll avait solennellement annoncé que, désormais, TOUTES les métadonnées contenues dans un fichier RAW Nikon ou Canon seraient systématiquement copiées dans le DNG résultant de sa conversion par un logiciel Adobe.

    Cette recopie systématique est donc faite « bêtement » pour toute donnée, qu’Adobe sache l’interpréter ou non, ce qui est la manière la plus intelligente de procéder.

    Si Adobe fait ce que Knoll lui dit de faire, et pourvu qu’on soit utilisateur de Canon ou Nikon, on est donc (théoriquement) assuré de ne perdre aucune information en passant du RAW propriétaire au DNG. Il est alors (théoriquement) inutile d’incorporer le RAW dans le DNG et (tout aussi théoriquement) superflu de conserver le RAW d’origine.

    Volker, sais-tu si :

    1 – Knoll a tenu sa promesses ?
    2 – la liste du traitement de faveur s’est étendu à d’autres marques que Canon et Nikon ?
    3 – on dispose d’infos sur la proportion de photographes Canon/Nikon qui, ayant été convaincus par Knoll, ont adopté DNG en abandonnant la conservation des RAW originaux ?

    Je vais envoyer un mail à notre expert national sur les métadonnées, l’incontournable Patrick Peccatte. Peut-être pourra-t-il nous éclairer ici sur les deux premiers points…

    Pour terminer, juste une remarque personnelle. Je trouve aujourd’hui que le seul avantage des DNG (mais il est à mon avis colossal) réside dans le fait qu’il incorpore les annotations (IPTC…) ce qui évite de mettre en branle l’infernale usine à gaz Adobe dont les multiples bras saupoudrent nos malheureux disques durs d’innombrables fichiers side-cars…

  2. Bonjour,
    Merci pour la réputation dont vous m’avez qualifié et qui me semble usurpée … car pour être clair, je ne sais pas répondre à vos questions (le format DNG ne m’est pas bien familier).
    J’essaie de me renseigner.
    Minuscule point de détail: les sidecars ce sont plutôt des informations XMP, ce qui peut aller bien plus loin que les annotations IPTC.
    Bien cordialement
    PP

  3. Patrick Peccatte, merci de nous avoir rendu visite…

    Les infos XMP stockées dans les fichiers side-cars dépassent bien entendu les seules annotations IPTC. C’est pour cela que j’avais ajouté une prudente série de points de suspension après le mot IPTC.

    J’en profite pour donner ici l’URL du chapitre que vous consacrez, sur votre site, à la présentation des métadonnées. Cette initiation devrait intéresser tous les photographes concernés par la gestion des images : http://peccatte.karefil.com/software/Metadata.htm

    Cordialement

  4. Un petit point pour Jean Delmas :
    J’avais décidé de passer tous mes RAW en DNG, sans conserver le RAW d’origine.
    Par choix, j’ai quitté Windows pour Linux.
    Or, il s’avère que les logiciels de conversion RAW disponibles avec Linux ne sont pas tous capables d’ouvrir un fichier DNG.
    J’ai eu une frayeur jusqu’à ce que je découvre qu’il en existe bien qui savent ouvrir le DNG, mais le choix n’est pas pléthorique.
    Maintenant, en raison de cette expérience, je conserve précieusement les RAW.

  5. FX Belloir,

    J’ajouterai un argument pour encourager à la prudence les amateurs de DNG. Comme l’a bien fait observer Volker, les logiciels de développement autres que ceux d’Adobe n’ouvrent souvent les fichiers DNG que de manière limitée (par exemple ceux issus de certains RAW…) voire ignorent totalement ce format, cette position étant étant accompagnée d’une sorte de militantisme anti monopoles. On se souvient des déclarations des fondateurs de Pixmantec (aujourd’hui salariés de leur ex bête noire) qui déclaraient que leur logiciel n’ouvrirait JAMAIS les fichiers DNG… Ils ont du changer d’avis…

  6. @jean : merci pour tes précisions. Ayant été en déplacement ces derniers jours, je n’ai malheureusement pas pu répondre à tes questions. Quant à l’intégration des données propriétaires, il me semble d’avoir lu (mais je ne retrouve plus la source…) que toutes les informations sont dorénavant reproduites, pixel par pixel et bit par bit, à l’intérieur du fichier DNG lorsque ce dernier est écrit à partir du fichier RAW. Mais encore est-il que certaines de ces informations sont copiées en vrac, sans avoir été préalablement décryptées. Dans la mesure ou chaque logiciel utilise sa propre « pipeline » pour développer les fichiers RAW, ces informations ne sont donc pas seulement inexploitables par tout logiciel tiers, mais aussi perdues, dans la mesure ou il est devenu impossible de lire le fichier DNG résultant dans un logiciel propriétaire qui est lui seul à comprendre toutes les données créées par l’appareil. Il est donc à mon avis bien dommage de jeter toutes ces informations – Nikon Capture NX, Canon DPP etc. deviennent plus forts au fil des versions et les appareils intègrent des processeurs capables d’algorithmes de plus en plus sophistiqués pour corriger à la fois tonalité, couleurs et aberrations optiques….
    @fxbelloir : tu as bien fait de préserver les deux, on ne sait pas ce que le futur nous apportera.
    @jean : tant que les fabricants « vedettes » (Canon et Nikon) continuent à faire barrage, il serait risqué de ne conserver que les DNG….

  7. Personnellement je trouve le DNG tres pratique pour l’importation de fichiers RAW entre logiciels de traitement incapable de fonctionner en partenariat complet. Par exemple DxO Optics Pro et Lightroom. Dans ce cas c’est vraiment interessant.

  8. Il semblerait qu’il y est une grande confusion dans l’esprit des photographes amateurs sur le format DNG.
    Beaucoup s’attendent, après avoir traité leur photos avec Lightroom par exemple, à ce que leur photo finalisée et exportée en DNG puisse être ouvert telle quelle avec un autre logiciel capable de les lire (exemple picasa).
    Hors il se trouve qu’a l’ouverture ils retrouvent la photo RAW originale mais aucun des traitements effectués dessus.
    Mon explication est que les traitements effectués sous lightroom sont encapsulés sous forme de balises de type XML et que seuls d’autres logiciels du même éditeur (Adobe en l’occurence) sont capables d’interpreter ces balises et donc d’afficher le DNG avec ses traitements.
    Le DNG véhicule avec les fichier original des infos techniques sur le couple Apn/objectif, les métadonnées (sous forme ITPC ou XMP), les profils ICC pour pouvoir être récupérés dans une chaine graphique et traité en pré-impression, mais ne fournit pas de « photo traité prête à l’impression » comme un fichir JPG…
    Me trompes je ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !