Concevoir son livre de photographie : sélectionner ses images
Publié le 25 novembre 2012 dans Articles et dossiers Livres par Volker Gilbert
Quelles images choisir ?
La question est, là encore, cruciale. Procédez par étapes ; commencez par rassembler dans un même dossier toutes les images qui répondent de près ou de loin aux propos de votre livre. Bien évidemment, ne conservez pas d’images que vous êtes certain de ne pas mettre dans votre ouvrage. Lorsque je sous-entends d’être « large » dans cette présélection, c’est pour éviter de faire l’erreur de ne conserver que des images fortes. Je n’irai pas jusqu’à dire que si toutes les photographies qui composent votre ouvrage sont de force équivalente le lecteur s’ennuiera, mais vous n’aurez pas la matière adéquate pour jouer à votre guise sur le rythme ou apporter de la dynamique à votre propos.
Imaginez un film composé uniquement d’images fortes. Ce serait sûrement un beau film, mais arriverait-il pour autant à dépasser l’aspect contemplatif pour donner force à son propos ? Comment certains passages pourraient-ils vous marquer plus que d’autres ? Ne tombez pas dans le piège du « catalogue » et gardez à l’esprit que pour composer correctement la mise en pages de votre livre (voir chapitre 3), vous aurez besoin d’une matière variée. Des images peuvent paraître faibles isolées, mais être perçues différemment une fois associées à d’autres. Dans le domaine musical, le jazz est un bel exemple de ces jeux d’accentuation, car même en improvisant, le musicien choisit les notes qui se succèdent. Parmi elles, retenons les « chromatismes » qui désignent des notes sonnant un demi-ton plus bas que la gamme sur laquelle est fondée la mélodie. Leur utilisation permet de faire ressortir d’autant plus fort les notes parfaitement justes. Il en va de même pour vos photographies, certaines d’entre elles pourront servir à introduire ou à mettre en valeur d’autres images.
Appuyez-vous sur ces notions tout au long de la sélection de vos images définitives, mais commencez tout d’abord par épurer votre sélection de base en supprimant les possibles « doublons » ; ils n’apporteront rien et il est inutile de dire deux fois la même chose. À moins que vous ne vous serviez d’une série répétitive pour ponctuer votre ouvrage, ces images prendront la place d’autres plus parlantes.
Ensuite, portez plus d’attention aux images que vous connaissez le mieux et qu’au final vous ne regardez plus, tellement elles sont dans votre coeur. Celles là mêmes qu’il vous semblerait inconcevable de ne pas faire figurer dans votre livre. Demandez-vous si elles parleront aux autres autant qu’à vous. Le fait de connaître le contexte de leur prise de vue influe considérablement sur vos choix et il est important de se dégager au maximum de ses souvenirs pour juger de l’intérêt de leur place au sein de l’ouvrage.
Il n’y aura jamais d’éditing parfait, vos choix pourront encore évoluer selon votre état d’esprit. L’important est que votre sélection fasse passer ce que vous avez envie d’exprimer. Si vous le pouvez, prenez le temps de la réflexion ; ce recul vous permettra de laisser mûrir votre projet et les éléments le constituant. Revenez plusieurs fois sur l’éditing pour l’affiner au mieux. N’hésitez pas à le soumettre à des amis, mais, tout en écoutant leur avis, ce sera à vous de prendre les décisions. Enfin, n’oubliez pas que des images pourront être utilisées pour être insérées dans un texte, une préface ou les remerciements.