ColorMunki Photo – Petit singe bien malin
Publié le 8 avril 2008 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Parmi les instruments de mesure dédiés à la gestion des couleurs, on distingue les colorimètres, les spectrocolorimètres et les spectrophotomètres. Alors que la première catégorie est uniquement adaptée au calibrage d’écran, les spectrocolorimètres et spectrophotomètres sont aptes à analyser le rayonnement d’un écran et la distribution spectrale des plages colorées d’une mire destinée à calibrer un appareil photo ou une imprimante.
Parmi les instruments de mesure dédiés à la gestion des couleurs, on distingue les colorimètres, les spectrocolorimètres et les spectrophotomètres. Alors que la première catégorie est uniquement adaptée au calibrage d’écran, les spectrocolorimètres et spectrophotomètres sont aptes à analyser le rayonnement d’un écran et la distribution spectrale des plages colorées d’une mire destinée à calibrer un appareil photo ou une imprimante. Les spectrophotomètres sont à la fois les plus sophistiqués et les plus chers à fabriquer, ce qui explique en partie la différence de prix entre le Spyder3Print de Datacolor (spéctrocolorimètre) et le Eye-One Photo LT de X-Rite (spectrophotomètre).
L’annonce par X-Rite d’un nouveau spectrophotomètre bon marché a fait l’effet d’une bombe : ColorMunki, disponible en deux déclinaisons qui visent respectivement les photographes (ColorMunki Photo) et les graphistes (ColorMunki Design), est commercialisé à guère plus de 500 € TCC (429 € ht) ce qui fait de lui la solution la moins chère du marché pour calibrer à la fois un écran et une imprimante (RVB ou CMJN).
Qui plus est, X-Rite dote ses nouveaux produits d’une suite logicielle particulièrement complète et attirante. Nous avons pu nous procurer, en avant-première, un exemplaire de ce “couteau suisse de la couleur” pour le tester dans des conditions réelles.
Déballage et première prise en main
Le coffret contient le ColorMunki, dont la forme rappelle furieusement celle d’un mètre ruban, son sac de protection (qui sert également à accrocher l’instrument de mesure sur un écran), un câble USB, un petit guide de démarrage et un CD-Rom. Alors que le ColorMunki Photo est d’une fabrication soignée (en Chine) et d’un design élégant (Suisse), sa surface noire laquée ne reste pas très longtemps aussi immaculée que les magnifiques photos de produit du site du fabricant peuvent le laisser supposer : la moindre manipulation laisse des traces de doigts disgracieuses et je crains que la finition soit peu résistante face aux frottements et aux rayures…
Fidèle au dicton anglais “Form follows fonction” (la forme suit la fonction), le ColorMunki est construit autour d’un disque de sélection central permettant de choisir parmi différents modes de mesure, pour mesurer la lumière ambiante, pour calibrer l’outil et pour caractériser un écran, une imprimante ou un projecteur vidéo. Un bouton situé à proximité de la prise USB permet de sortir un guide aidant à la mesure de plages colorées.
Installation du logiciel
La procédure d’installation de la suite logicielle rappelle celle de DxO Optics Pro. Au lieu de graver les applications directement sur le CD-Rom fourni, X-Rite a opté pour une installation en deux étapes : copiez le gestionnaire d’installation sur votre bureau, cliquez sur son icône pour lancer le téléchargement des logiciels à partir du site Web du fabricant et patientez pendant au moins trente minutes (!)
La suite logicielle téléchargée (qui comprend les applications ColorMunki Photo, Photo ColorPicker, DigitalPouch et AppSetter Plugins) ne pèse pas moins de 174 Mo (pour Mac OS X) – celle pour Windows est encore plus lourde puisqu’elle comprend également les dernières versions des applications Java et Microsoft .NET. Cette procédure pénalise bien évidemment les utilisateurs du ColorMunki : alors qu’elle installe automatiquement les versions les plus récentes des divers logiciels, elle nécessite une liaison Internet fiable et rapide, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde…
La mise en route est plutôt classique et rapide (un peu moins sous Windows…) et s’achève par l’établissement d’une liaison par câble USB pour installer les pilotes pour votre système d’exploitation. Lancez ensuite le logiciel ColorMunkiPhoto pour l’activer en ligne (il est possible de l’installer sur trois ordinateurs à la fois), puis pour calibrer vos périphériques.
Encore une fois, l’esprit de Lightroom n’est pas loin…
L’écran d’accueil du logiciel vous permet de choisir entre les tâches suivantes :
• Faire concorder mes périphériques vous propose de créer un profil pour votre imprimante, après avoir créé celui de votre écran.
• Les options Caractériser mon affichage et Caractériser mon imprimante vous permettent une calibrage séparé, ce qui est surtout utile pour rafraîchir un calibrage plus ancien ou pour ajouter un nouveau support d’impression.
• Les boutons DigitalPouch et Photo ColorPicker permettent de lancer l’un ou l’autre des deux logiciels annexes : DigitalPouch enregistre plusieurs fichiers images à l’intérieur d’un dossier, lui-même contrôlé par un applet Java signalant aux destinataires de vos photos si leur configuration est conforme à la gestion des couleurs ; Photo ColorPicker permet de créer ses propres gammes de couleurs, soit en mesurant des plages de couleur à l’aide du ColorMunki, soit en extrayant les couleurs d’une photo existante.
Cet intelligent petit engin est vraiment étonnant. Juste une remarque et une information complémentaire sur ce qui se cache au cœur de la boîte :
Mire en deux étapes
Le fait de décomposer la mire de calibrage d’imprimante en deux temps – les résultats de mesure de la première mire déterminant le choix des couleurs de la seconde – est une innovation intéressante car, pour un résultat comparable, elle réduit considérablement le nombre total de couleurs à mesurer. Cette diminution du nombre de couleurs permet au système de travailler sur des zones colorées plus grandes et donc d’éviter l’emploi d’un système de guidage comme celui du Eye-One Pro.
En contrepartie de cet avantage, l’impression de la mire en deux temps doit être convenablement gérée : les quelques minutes d’attente préconisées par le logiciel pour mesurer la première mire et calculer la seconde me semblent tout à fait insuffisantes pour une imprimante jet d’encres. Pour que le séchage des encres et les couleurs de la mire imprimée soient stabilisée, il faut attendre plusieurs heures et non quelques minutes, ce qui complique évidemment l’ensemble de l’opération.
Au cœur de l’instrument de mesure
Contrairement au Spyder3print qui est annoncé par Datacolor comme étant un « spectrocolorimètre » ce qui n’a pas grande signification, le petit singe X-Rite est un véritable spectrophotomètre. Le Spyder3print n’est pas un spectrophotomètre. C’est un colorimètre qui produit donc ses résultats sous la forme de valeurs RGB en simulant la perception visuelle par des capteurs filtrés conformes aux sensibilités des cônes rétiniens. Simplement, ce colorimètre dispose d’un illuminant standard et mesure sa réflexion par le papier. Plutôt que « spectrocolorimètre » le Spyder3print devrait ainsi s’appeler « colorimètre par réflexion » car il est incapable, à ma connaissance, d’établir l’analyse spectrale du rayonnement réfléchi par une mire imprimée.
X-Rite n’est pas très bavard sur le dispositif de mesure qui se cache dans le Munki. Selon des fuites commises sur des forums outre-Atlantique, il semblerait cependant que l’engin soit basé sur la technologie K2 déjà installée au cœur du spectrophotomètre automatique professionnel iSis. Si c’est le cas, ce petit singe situerait ses capacités de mesure au meilleur niveau des instruments professionnels, à moins que X-Rite ne l’ait bridé pour ne pas gêner la commercialisation de ses produits plus coûteux…
Par ailleurs, le singe étant un véritable spectrophotomètre, il est théoriquement capable de stocker ses mesures spectrales dans un fichier texte, ce qui permettrait de l’utiliser avec des logiciels plus sophistiqués que celui avec lequel il est livré : Eye-One Match et ProfileMaker…
Petit complément :
ColourConfidence qui distribue l’accessoire a conscience que le CD qui ne contient qu’un gestionnaire d’installation qui impose le téléchargement du logiciel est un handicap. Dans les boîtes de ColorMunki vendues par chez eux, on trouvera donc un « vrai » CD en plus avec un installeur classique, une attention à saluer !
Merci pour vos commentaires toujours aussi…éclairés, ô co-scribes !
@jean : ta remarque concernant le temps requis entre les deux mires est tout à fait pertinent. Pour ne passer des heures à les regarder sêcher, j’ai respecté le delai « reglementaire » préconisé par X-Rite (10 minutes), sachant pertinemment que ce dernier dépend à la fois des réglages de l’imprimante, des encres et du papier utilisé. Néanmoins, les résultats étaient concluants;-)
@vincent. C’est une très bonne initiative, ce CD supplementaire. Vivement que X-Rite même s’aperçoive de ce fait handicapant pour l’utilisateur !
epson se ventait sur les 4880, 7880 et 9880 d’avoir une stabilité des couleurs et séchage au bout de 30 minutes.
Etant un amateur passioné, comprendre peu fortuné mais prêt à investir un peu de temps en temps, je me demandais si un tel investissement valait la peine dans un cas comme le mien. A savoir que je possède la Spyder2Pro, un écran plûtot basique mais choisi avec soin (ViewSonic VX2255wmb), une imprimante Epson Stylus Photo 1400, un Canon EOS 400D + flash Speedlite EX430… Bref que de l’entrée de gamme en vérité!
PS: aux trois illustres messieurs qui ont commencé ces commentaires, merci pour vos livres qui sont de fidèles compagnons (Développer ses Raw m’a totalement converti au format…du coup j’ai acheté mon premier réflex…du coup j’ai acheté le bouquin de Vincent Luc…du coup je m’intéresse à la gestion des couleur avec le livre de Jean Delmas! Ca peut sembler un peu à l’envers mais c’est véridique!!!)
pour Jean,
Avez-vous mesuré la différence de valeur colorimétrique 5 minutes après la sortie d’imprimante et après 20 puis 40 puis 60 minutes ?
Il y a t-il une différence ?
Michel P :
Le temps de séchage donné par les constructeurs d’imprimante est celui à partir duquel l’image n’est plus « salissante » et non pas celui qui garantit une véritable stabilité des couleurs. Ces données dépendent beaucoup du solvant utilisé pour l’encre et des capacités absorbantes du papier, qu’il soit poreux ou couché.
Pour réduire les temps de séchage, les constructeurs sont confrontés à la nécessité paradoxale de ne pas diminuer ce délai au point de provoquer un bouchage des buses, et au fait qu’une encre insuffisamment visqueuse (et donc à séchage plus rapide) a tendance à « étaler » les pigments ou les colorants, ce qui diminue la précision de l’impression. De ce point de vue, les imprimantes les plus performantes en terme de précision d’impression, sont celles dont les impressions sont les plus longues à sécher et à se stabiliser…
Je ne connais pas d’étude systématique montrant l’évolution du calibrage d’une imprimante en fonction du temps de séchage de la mire. Mais la plupart des spécialistes, en particulier les fournisseurs de système de calibrage et les sous-traitants, s’accordent cependant sur le fait que les temps de séchage indiqués par les constructeurs d’imprimantes sont inférieurs aux délais de stabilisation des couleurs et qu’il est prudent de compter ces délais en heures plutôt qu’en minutes…
mmm pas trop de changement de delta là… 0,03 sur le delta max entre un contrôle 10 mn après l’impression et 90 minutes plus tard. je regarderai demain matin.
alors. contrôle ce matin sur mon icc clolor par rapport au 10 mn après impression.
delta moyen des couleurs 0,79 au lieu de 0,77 et delta max 3,15 au lieu de 3,06. autant dire, rien de visible pour notre oeil. amha. epson 9800 sur un kodak 190gr semi matte.
@belnea
Attention, il ne faut pas perdre de vue que le temps de stabilisation des encres pigmentaires et bien moindre que celui des encres à l’eau donc ce qui semble assez juste pour votre 9800 (veinard 😉 ne le sera pas pour tous les utilisateurs…
Merci pour cet excellent article.
J’ai acquis cet appareil de mesure il y a une semaine.
Et pour une fois j’ai lu le contrat d’utilisation ( il n’est pas imprimé sur la doc, il faut faire du copier coller dans une petite fenêtre), ça m’a déjà un peu agacé de lire ceci:
—- Vous n’êtes pas autorisé, …. a donner gratuitement, un Profil .
– Bon je sais on s’assoit dessus, mais ça prouve déjà un très mauvais état d’esprit.
Et puis , beaucoup plus grave, c’est en installant le logiciel que j’ai appris que je ne pourrais l’installer que sur un maximum de trois machine !!!
Par honnêteté il auraient pu afficher cette restriction dans leur publicité et au moins l’écrire bien visible sur la boite.
Donc 500 € pour trois poste de travail je m’excuse mais là c’est la sonde la plus cher du marché 🙁
Par ailleurs, à ma connaissance, aucune information commerciale n’est donnée pour acheter des jetons supplémentaires.
—————————— A savoir: mise en oeuvre
Au début je n’arrivais pas a passer l’étape de calibration de la sonde au point ou j’ai pensé a une panne et après avoir mis la dernière version de JAVA SE ( 1.6.0_06 au lieu de 1.6.0_03 fournie ) ça a marché…
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Pas encore vraiment utilisé sauf pour calibrer un écran, mais un grand regret de n’avoir aucune information sur la qualité du calibrage, on voit juste cette cette image avant après et puis le profil réalisé est avec un nom générique, donc impossible (facilement) de gérer plusieurs écrans.
Ma conclusion: peut être un très bon appareil de mesure mais vraiment trop bridé.
de toute façon, c’est un spectro à la base donc reconnu comme n’étant pas la panacé pour calibrer un écran mais ça peut dépanner mais ça ne sera jamais à la hauteur d’un colorimètre (gretag ou x-rite). donc si je le prenais, je garderai, de toute façon, ma gretag display2 pour les écrans.
Louis,
Je suis absolument d’accord avec vous. Les fabricants de systèmes de calibrage qui prétendent interdire à leurs usagers de donner ou de commercialiser leurs profils commettent un scandaleux abus de pouvoir. Il me semble que c’est Monaco qui a commencé dans cette triste veine, laquelle s’est ensuite propagée chez ses confrères. Certains logiciels de calibrage, sans s’en vanter, inscrivent simplement le nom de l’éditeur dans une balise de copyright hélas prévue par l’ICC pour cela… D’autres se permettent, comme X-Rite pour son singe, de graver explicitement dans la licence d’exploitation que les profils sont réservés à l’usage personnel du licencié. C’est par exemple aussi le cas des systèmes de calibrage Color Eyes publiés par Integrated Color Corp. Comme si les romans rédigés avec Word devaient subir un copyright Microsoft !
Pour ce qui concerne le nombre de postes de travail sur lesquels un logiciel peut être exploité, je serai un peu plus nuancé. La licence de la plupart des logiciels limite leur emploi à un poste de travail. Mais il s’agit en général d’une licence d’usage et non d’une licence d’installation. C’est-à-dire qu’une licence limitée à un seul usage permet par exemple d’installer le logiciel sur un poste fixe et un portable, pourvu que l’on puisse montrer que les deux postes sont exploités par la même personne et que celle-ci n’utilise pas les deux simultanément… Dans le cas du munki, si X-Rite autorise trois utilisateurs, je pense qu’il faut comprendre trois utilisateurs simultanés, ce qui laisse une certaine latitude pour l’installer « temporairement » chez des cousins chez qui on souhaite calibrer un écran ou une imprimante…
J’ajouterai par ailleurs qu’il me parait toujours stupide et commercialement contre-productif qu’un éditeur pose des conditions d’usage qu’il n’a aucun moyen de contrôler…
Bonjour,
Et si on laissait les termes anglais « calibration » et « calibrated » à nos amis anglosaxons ?…
En français, on dit -et on traduit par- « étalonnage » et « étalonné ».
Par contre, les concepteurs de logiciels, qui stipulent, comme le prévoit la Loi, que l’usage de leurs logiciels est strictement réservé aux personnes qui ont payé la licence d’utilisation, ne commettent aucun abus de pouvoir.
Il n’est jamais stupide de rappeler la Loi. La preuve, il y a des gens qui ne savent même pas que des lois existent.
Bonjour.
Installation et mise en route faciles sous Seven. Sous Win XP Pro, par contre, l’activation paraît impossible sans raccordement à Internet (machine de production…). X Rite ne propose pas de solution réelle. Donc, Color Munki est inopérant. Quelqu’un a-t-il la solution ?