Canon EF 100 mm F 2,8 Macro : un ancêtre toujours vert
Publié le 11 avril 2011 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Qualité optique
Il est plutôt difficile de trouver un objectif macro aux performances optiques modestes. Depuis de nombreuses années déjà, les fabricants veillent à produire des objectifs polyvalents qui conservent leur excellente qualité optique (planéité du champ, absence de distorsion, piqué homogène) à toutes les distances de mise au point, même à l’infini. Les objectifs macro peuvent donc aisément se substituer aux objectifs standard (50 à 60 mm), portrait (90 à 105 mm) et télé (150 à 200 mm), pour peu que vous puissiez faire abstraction de leur luminosité plus faible.
Chat, Metzeral/Vosges. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/2,8, 1/500s, ISO 200.
Piqué
Certains photographes nostalgiques attribuent à l’ancien objectif macro sans USM des vertus extraordinaires et les courbes de transfert FTM, publiées dans la première édition de l’ouvrage “Lens Work”, laissent paraître un contraste et un pouvoir de résolution proches de ceux du successeur. Les tracés sont en en plus quasiment horizontaux et les différences entre les courbes tangentielles et radiales plutôt menues, indiquant des flous d’arrière-plan (bokeh) très naturels. En pratique, la qualité optique de l’EF 100mm F2.8 Macro est exemplaire. Utilisable dès sa pleine ouverture, l’objectif offre un très bon contraste et un pouvoir séparateur élevé et ce, même lorsqu’il est associé à un capteur plein format de 21 mégapixels. Après avoir fermé le diaphragme d’un ou de deux crans, le piqué de l’objectif est excellent et très homogène. En revanche, mieux vaut se méfier des méfaits de la diffraction optique : sur le même appareil, j’évite de fermer le diaphragme au-delà des valeurs f/ 16 (infini) ou f/11 (rapports macro). En vissant davantage, la perte de piqué sera beaucoup plus néfaste que le gain en profondeur de champ sera bénéfique.
Sous la neige, Metzeral/Vosges. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/4, 1/125s, ISO 100.
Distorsions, vignetage et aberrations chromatiques
La distorsion est négligeable, et ce, quelle que soit la distance de mise au point. Le vignetage est particulièrement sensible (et gênant) à pleine ouverture, mais il disparaît dès f/5,6. Si les aberrations chromatiques latérales sont quasiment inexistantes, les aberrations chromatiques longitudinales sont parfois visibles. On parle alors souvent du “bokeh fringing”, phénomène qui se manifeste par des franges violettes et vertes, situées des deux côtés de la zone de mise au point. Toutefois, seules les optiques de conception véritablement apochromatique échappent à ce défaut, sachez qu’elles sont aussi rares qu’elles sont onéreuses.
Flare et Reflets parasites
Canon n’a jamais livré et proposé de pare-soleil avec cet objectif. Et pour cause, la lentille frontale se situe au fond du corps avant de l’objectif qui fait ainsi figure de pare-soleil incorporé. Il en résulte une excellente protection contre les lumières parasites. Cependant, ne cédez surtout pas à la tentation de lui ajouter un filtre de protection. La lentille frontale ne risque ni salissures ni abrasions mécaniques et l’emploi d’un filtre conditionnerai alors celui d’un pare-soleil.
Bokeh
Le diaphragme de l’EF 100mm F 2,8 Macro possède huit pétales et le bokeh, c’est à dire le rendu des parties hors profondeur du champ des images est très naturel et harmonieux.
Magnolia. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/2,8, 1/2000s, ISO 100.
J’ai ce 100mm ƒ/2,8 USM et il n’a rien d’un ancêtre ! Pour un amateur, même pour un « amateur expert » il est magnifique. Je me suis plongé dans la photo lors de l’achat de mon boîtier (350D) et j’entends toujours parler de cet objectif aujourd’hui ; il me semble donc pas être si inconnu que ça.
La stabilisation offre un confort supplémentaire certes, mais l’ouverture ƒ/2,8 autorise des vitesses relativement basses.
Je suis loin d’être un expert et pourtant j’ai réalisé d’assez belles choses même à la main levée ; le besoin de la stabilisation ne s’est jamais fait ressentir.
La version ‘L’ de cet objectif est, à mon sens, réellement à réserver aux professionnels ; contrairement, par exemple, au 70-200mm dont le label ‘L’ profite vraiment à tous.
@Romain : attention, Romain, vous êtes tombé dans un piège ;-): l’objectif présenté n’est pas celui que vous possédez, mais il s’agit de la version antérieure que personne ne semble connaître (votre réaction le prouve…), car même sur le Web, il n’existe quasiment plus aucune information le concernant. Donc, les Macro 100 mm Canon, il y en a eu trois…
Quant à la version « L », je pense que les professionnels réfléchissent deux fois avant de l’acheter. Par rapport à la version « classique » (la votre, donc le modèle II avec motorisation USM…), il n’offre que peu d’avantages décisifs. Les amateurs en revanche sont plus sensibles au sigle « L » 😉
Moi je connais, parce que je fais de la photo depuis pas mal de temps. J’ai même eu en main les versions FD pourtant je n’ai que 39 ans. Mais j’avais acheté ce matos à l’époque parce que le matos FD était moins cher pour équiper un vieux AE-1. Quand j’ai pu m’équiper je suis passé au 50 mm macro (1/2) et puis le 100 mm macro AFD que je vissais à mon 1V et à mon eos 3. Je n’ai pas changé à l’arrivée de la version USM parce que à l »époque je perdais pour revendre le mien, le paresoleil géant de la nouvelle version me gênais (alors qu’il est très discret sur la version AFD, intégré en plus et pour moi efficace), et que selon les calculs la version USM perdait 1 diaph entier à 1/1 alors que le AFD ne perdait que 2/3 de diaph! Crucial quand on faisait comme moi de la macro en diapo ou la nécessité d’exposer juste était essentielle et la quantité de lumière toujours trop faible avec des films de 100 iso (eh oui ça aussi on a tendance à l’oublier pas d panachage de sensito en diapo). Ces glorieux objo avaient été conçus pour être vissés derrière de cracheurs de diapo et pas des faiseurs de pixels! Maintenant que je suis au 1DS mk III je l’ai toujours et je ne fais pas une seule sortie sans lui, malgré que mon objo de base soit devenu le 180 macro.
Excellent objectif en effet! J’ai eu la chance de pouvoir en emprunter un il y a deux ans pour un projet personnel, pas vraiment de la macro, de la photographie de petits objets, mise au point manuelle et j’ai été bluffé par le piqué (mais je travaillais avec un 30D). A voir ici pour ceux que ça intéresse… http://thedoorsofmyperception.com/petites-choses.html
Je confirme aussi la marge de manœuvre vis à vis de la bague de mise au point, préférable en macro.
Effectivement, le sigle L n’est qu’un indicateur. Pour ma part, les capacités réelles d’un objectif, ainsi que son rapport qualité-prix (vis à vis d’un objectif + cher quasi équivalent) et l’usage prévu sont les seules données intéressantes à prendre en compte lors de l’achat.
Si, il y a au moins une troisième personne qui connais cet objectif.
Je l’ai acheté d’occasion il y a une bonne dizaine d’année à Bièvre.
Le seul soucis que j’ai eu avec, c’est le bouton de bascule AF/MF qui a cassé. Je l’ai basculé en manuel et c’est que du bonheur. Comme sont petit frère, le macro 50mm dont tu as parlé précédemment qui équipe le boîtier de mon épouse. Continu à nous parler de vieux cailloux, ça fait du bien dans cette course à l’armement.
@Volker Ah ! Voilà ce que c’est que de lire un article passionnant en écoutant du jazz encore plus envoutant !
[tentative de défense]Je me disais bien que la bague de mise au point semblait plus étroite que dans mon souvenir…[/tentative de défense]
Mais d’ailleurs, hormis les objectifs de ces dernières années (disons depuis les boîtiers numériques) l’évolution 1/ non usm ; 2/ USM voire 3/ USM II (éventuellement avec IS) est assez fréquente non ?
Merci pour cet article très intéressant qui fait revenir sur le devant de la scène de vieux cailloux certes, mais pas déjà hors course ! Je ne connaissais pas cette version, mais il semblerait qu’elle soit très performante. En revanche je connais un peu le 100mm Zeiss et à ce sujet, je te remercie Volker de ne pas l’avoir oublié… C’est extrêmement intéressant de faire revivre ces objectifs d’une autre époque et cela permet aussi de redescendre un peu sur terre… surtout en ce qui concerne le prix actuel alors que si l’on compare la qualité optique d’un L de chez Canon avec un Zeiss qu’il y a 30 ans, on pourra s’apercevoir que ces derniers avaient une sacrée avance sur leur temps. Avance que certains Zeiss n’ont d’ailleurs pas perdu de nos jours, mais ça… encore faudrait-il le reconnaitre et par exemple, j’avais publié un test sur le site préféré des canonistes il y a de ça quelques années où l’on pouvait constater la supériorité du 50mm 1.4 Zeiss face au Canon… mais visiblement je n’étais pas le bien venu !
Bonne continuation,
@Sylvain: Je ne suis pas un spécialiste mais il me semble que pour les Zeiss il faut quand même y mettre le pris pour les acquérir.
Très bon article qui nous montre qu’il ne faut pas forcément être équipé du dernier modèle.
@Sylvain :pour le résultat du match Zeiss 50 mm f/1,4 vs. Canon EF 50 mm f/1,4, je vous crois volontiers. Même le SMC Takumar 50 mm f/1,4 de mon ancien Spotmatic le surclasse allègrement et ce, même sur un 5D mark II…
@Yottapoint : oui, les Zeiss sont plutôt onéreux…
@Volker: Ah cela fait plaisir à savoir. Personnellement, ce qui me fait le plus sourire dans les remarques négatives que j’ai pu entendre jusqu’à présent sur les « vielles » optiques concerne l’absence d’AF… Fort heureusement que l’on a pas attendu la mise au point de l’AF 😉 pour pouvoir faire des photos! A ce sujet, je pense que le stigomètre reste le moyen le plus sûr pour s’assurer d’une bonne mise au point.
@Sylvain : c’est exact, par ailleurs de nombreux photographes de sport ont fait leurs photos d’action en anticipant le déplacement du sujet 😉 Cependant, tout dépend de l’expertise du photographe et des sujets traités : si l’AF est rarement nécessaire pour le portrait, l’architecture et la photo de paysage, sa présence est même parfois handicapant en macrophotographie.
Bonjour,
Merci pour ce » petit » rappel super sympa, je dispose de cet objectif acheté en 98/99 me semble t-il, d’ailleurs, sauf erreur de ma part, les références de date de fabrication ne figure pas à l’arrière comme sur les nouveaux ( uniquement le Nr de série ).
Les résultats obtenus avec mon 5DMK2 sont toujours assez bluffants en respectant quelques règles élémentaires.
je n’utilise pas l’AF en macro, inadapté et bruyant, surtout » si ça patine » un réglage manuel en approche douce est plus efficace.
Pour une séance de portrait, je le préfère souvent à mon 24-105/2.8L.
J’avais envie de le remplacer….mais plus maintenant.
Encore merci d’avoir remis au goût du jour ce bon ( vieux ) macro et vos publications, en particulier ( pour moi ) » Développer ses fichiers RAW 2edit .
Salutations
Bonjour,
effectivement c’est un très très bon objectif, toujours l’utiliser en mode manuel et on obtient ainsi des résultats remarquables.
Je compte malheureusement m’en séparer prochainement pour passer sur la série L, hélas je n’ai pas les moyens de le conserver !
Salutations.
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erer
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bonjour,
il existe donc 2 version du canon 100 mm 2.8 macro.
quelles sont les principales differences ?
l’un est il mieux par rapport à l’autre ?
merci
Avez-vous lu l’article ? En fait, il explique toutes les différences entre les deux modèles 😉
oui lu, mais n’ayant pas vu de conclusion definitive, je me demandais sur quelle point jugé le plus ou le moins de l’une des 2 versions.
merci
Oups… je n’avais en effet pas lu toute les pages de l’article : /
le prix d’occase du ‘vieux’ autour des 250€ est interessant ?
250 euros, c’est un prix correct pour un exemplaire en bon état 😉
ok.
merci.
quels points important à surveiller en 1er lieu ?
question supp 🙂 vaut il mieux celui ci à ce prix ou chercher une V2 à 300 ?
merci