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Calibrage et format RAW

En guise de conclusion

Les expériences acquises lors de cette petite excursion dans le monde des profils d’entrée confortent les informations glanées sur divers sites Web et dans les quelques ouvrages assez courageux pour entrer sur le terrain glissant qu’est le calibrage d’appareils photo numériques. Il est bel et bien possible de caractériser son appareil photo – en créant avec soin un profil personnalisé qui sera d’au moins aussi bonne qualité que le profil fourni avec le logiciel. L’opération n’est pas sans risque : si vous ne respectez pas scrupuleusement les recommandations à la fois pour la prise de vue et pour la création de profil, vous risquez obtenir des résultats aussi aléatoires que disparates.

Parfois, le profil personnalisé sert même à corriger le rendu par défaut : grâce au profil personnalisé, je me suis débarrassé d’une légère surexposition dans Capture One, tout en corrigeant une légère dominante bleue, provoquée par le profil par défaut. De même, j’ai pu corriger, dans Camera Raw et Lightroom, une dominante magenta dans les teintes bleues, puis un manque de saturation dans les couleurs primaires. Le profil personnalisé représente également une autre interprétation des couleurs, complétant favorablement celle prescrite par le logiciel.

La souplesse d’emploi d’un tel profil personnalisé est d’ailleurs bien plus grande que ne le laissent croire certains spécialistes de la gestion des couleurs. J’ai pu établir, à partir d’une photo de la mire effectuée sous un éclairage tungstène de 3200 K, un profil qui garde son intérêt pour des photos faites en lumière du jour – il était seulement nécessaire de réaliser une balance des blancs précise à la prise de vue. Tant que vous ne photographiez pas votre mire sous un illuminant “exotique” en matière de transmission colorimétrique (ce qui est le cas des éclairages de type fluorescent), le profil fabriqué reste valable sous un illuminant différent. Il n’est donc pas nécessaire de créer autant de profils que des types de lumière, ou pire, que de séries de prises de vue !

Les différents logiciels de création de profil (SilverFast, ProfileMaker, Eye-One Match, Input et ColorXact) produisent d’ailleurs des profils dont le rendu des couleurs diffère parfois autant que celui des différents logiciels de développement RAW. Bien que l’on puisse imaginer utiliser la création d’une série de profils personnalisés pour harmoniser le rendu entre différents logiciels, je reste dubitatif quant au succès d’une telle entreprise. Mes propres essais montrent que les différences s’amenuisent sans pourtant disparaître…

Liens utiles

  • Logiciels de développement RAW :

Bibble Pro
Camera Raw
Capture One
DxO Optics Pro
Lightroom
Raw Developer
SilverFast DC Pro

  • Logiciels de création de profils :

BasICColor Input
InCamera
X-Rite Profile Maker

  • Cibles de calibrage :

X-Rite
SilverFast

  • Cibles de calibrage et service de calibrage en ligne :

Christophe Métairie
ColorXact

  • Chartes gris neutre :

Digi Grey
Christophe Métairie
QpCard
WhiBal

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3 commentaires “Calibrage et format RAW

  1. Quelques compléments sur cette opération décidemment bien singulière qu’est le calibrage d’APN :

    Photographie de la mire de calibrage

    Les conditions d’exposition (niveau, uniformité, illuminant) de la mire sont un facteur essentiel de réussite. Et, sauf dans le cas de ProfileMaker, qui dispose d’une option complexe de compensation des erreurs d’exposition, les images interprétées avec un profil bâti sur une mire surexposée seront sous-exposées…

    Ces conditions d’exposition doivent être fixées non pas dans CIELAB mais plutôt dans l’espace de l’APN. Autrement dit, par de simples nombres RGB pris dans le fichier semi brut produit à l’issue du dématriçage par le logiciel de développement (sans application de profil). Pour contrôler l’image de la mire, il faut examiner ses composantes semi brutes et les comparer aux valeurs exigées par le logiciel de calibrage. En effet, en l’absence de profil, ce sont ces nombres, dépourvus de référence absolue, que le logiciel de calibrage doit digérer. D’ailleurs, si l’on fixe des conditions d’exposition de la mire avec des valeurs CIELAB, l’utilisateur, qui ne dispose que des composantes RGB semi brutes pour contrôler la validité de son image va devoir, soit les convertir en CIELAB à partir du profil nominal de l’APN (que l’on cherche pourtant à contredire par le calibrage) soit à partir du profil que l’on cherche à obtenir (lequel n’est pas encore connu lors de la prise de vue).

    A mon sens, les algorithmes de calibrage d’APN étant des opérations hautement « créatives » fondées sur des bases assez différentes selon les logiciels, il est prudent que l’utilisateur respecte tout simplement les conditions d’exposition imposées en général clairement par chaque logiciel. Dans le chapitre que je consacre au calibrage d’APN dans la seconde édition de mon bouquin « La gestion des couleurs pour les photographes » (encore de la réclame, mais il vient de sortir en librairie !), je donne quelques unes des limites requises par les logiciels de calibrage les plus courants. L’éditeur qui détaille le plus précisément les conditions de prise de vue de la mire est ColorEyes : son logiciel de calibrage ColorEyes 20/20 est accompagné d’un véritable bouquin traitant en détail de ce sujet. A titre d’exemple, rappelons ici que GretagMacbeth exige quant à lui que les composantes semi brutes RGB des cases « blanches » de la mire ColorChecker SG soient situées dans la fourchette optimale 235-245 sur l’échelle de 0 à 255.

    Etalonnage avec ACR

    Bien que cette méthode, inventée par le regretté Bruce Fraser puis mise en musique par Fors, soit basée sur un logiciel de développement RAW, elle s’apparente plutôt au calibrage effectué à partir d’un JPEG (ou d’un TIFF). Elle opère en effet, non pas à partir d’une image de mire « semi brute » mais à partir d’une image « rendue » interprétée dans un espace de sortie. Bien qu’elle ne se fonde pas sur l’ICC (ce qui est dommage mais je ne désespère pas que cela change grâce à l’influence des développeurs Pixmantec embauchés par Adobe) elle est dépendante de l’algorithme d’interprétation contenu dans ACR. C’est-à-dire, par exemple, qu’il faut re-calibrer ses APN pour chaque nouvelle version du logiciel…

    Comparaison de gamuts

    Bien que les experts américains soient en quasi totalité très réticents, voire opposés, au calibrage d’APN, je suis convaincu que c’est une source de progrès importante pour la photo numérique. En revanche, dans l’état actuel de la technologie ICC, il me semble qu’il faut garder une certaine prudence quand on évalue de manière théorique certains de ses résultats pratiques.

    Le processus d’interprétation modélisé par le logiciel de calibrage dans la construction du profil est, je l’ai dit plus haut, de nature « créative ». Il s’apparente à un rendu « hyper-perceptif » dont la tâche consiste à passer d’un espace dont la dynamique est immense (la nature) à un espace terriblement plus étriqué, celui de nos malheureuses images quel qu’en soit leur support. En dehors d’applications particulières comme la reproduction d’œuvres d’art ou de documents, ces algorithmes n’ont PAS pour ambition de « reproduire à l’identique » les couleurs de la nature, mais d’en donner une interprétation « agréable et plausible ». Ainsi, quand on compare des gamuts d’APN, ou des « améliorations quantitatives » apportées par le calibrage, il faut être aussi modeste que prudent. Je ne suis pas certain, par exemple, sauf bien entendu en reproduction de document, qu’on puisse affirmer de manière générale qu’un profil diminuant le DeltaE de la reproduction d’une mire constitue toujours une amélioration du rendu. D’ailleurs, quand on voit que certains DeltaE d’appareils numériques prestigieux sont diminués de plusieurs points par le calibrage, ce qui est énorme, on peut se demander pourquoi le constructeur n’y a pas pensé lui-même en produisant son profil générique…

    C’est la raison pour laquelle, j’aime bien l’approche de GretagMacbeth qui envisage le calibrage d’APN comme un outil donné au photographe pour traduire et corriger ses « intentions créatrices ». C’est aussi pourquoi, la satisfaction du photographe calibreur, qui assure que les images obtenues avec son profil lui plaisent d’avantage, me parait aujourd’hui, et de loin, la meilleure justification du calibrage…

    Bien que Bruce Fraser ait été défavorable au calibrage d’APN, tout cela me rappelle tout de même la réponse assez drôle qu’il présenta un jour sur le Web à la question classique « quel mode de rendu dois-je adopter pour mes photos ? ». Il répondit « Prenez donc celui qui donne les images qui vous plaisent le plus ! »

  2. Merci pour la clarté de votre article sur un sujet difficile (en tout cas pour moi). J’aimerais soumettre une idée peut-être un peu naïve. Serait-il possible de corriger le profile de couleur d’un logiciel de développement raw tel que lightroom par exemple pour obtenir le même résultat obtenu par un autre logiciel (en principe celui de la marque de l’appareil) et ceci à partir d’une même photo qui ne serait pas forcément une mire. On pourrait même envisager plusieurs photos pour « moyenner les différences » ?
    Cordialement, Yann

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