Questions Photo

Calibrage et format RAW

DxO Optics Pro

Grâce à la DxO ColorEngine, la quatrième mouture du logiciel DxO Optics Pro gagne la possibilité de remplacer le profil d’entrée interne par un profil personnalisé. La commande Fichier>Exporter image pour Profil ICC génère un fichier TIFF, le logiciel n’applique ni profil ICC ni modification.

Depuis la version 4.02, il est possible d’effectuer une balance des blancs via l’outil Pipette du logiciel. Le profil créé après l’image ainsi exportée restitue avec précision les couleurs de votre appareil photo. Il suffit ensuite d’indiquer au logiciel votre nouveau profil (menu Profils de rendu des couleurs, puis commande Importer un profil ICC) pour que DxO l’utilise à la place du profil intégré.

Notez que Christophe Métairie, expert en gestion des couleurs, propose la création d’un jeu de quatre profils pour DxO à un tarif très raisonnable. Il livre en plus un mode d’emploi très détaillé pour la prise de vue de la cible et l’application du profil personnalisé.

Raw Developer

Raw Developer, de l‘éditeur Iridient, uniquement disponible dans une version anglaise pour ordinateurs Mac, est particulièrement apprécié outre-Atlantique pour son rendu d’images très “argentique” (très net mais aussi un peu granuleux). L’application dispose d’une gestion très fine des profils ICC et livre des profils d’entrée pour l’ensemble des appareils numériques pris en charge.

Lorsque vous cochez l’option Disable all processing…, de l’onglet In, Raw Developer désactive la gestion des couleurs et exporte un fichier TIFF non corrigé. Une fois le profil personnalisé créé, vous pouvez l’appliquer via le menu déroulant Input Profile.

Comparaison des gamuts de quatre profils créés, puis affichés par ProfileMaker (réglages par défaut), en utilisant les réglages préconisés pour chacun des logiciels. Le gamut du profil pour RawShooter est le plus étendu, suivi de près par celui établi pour Bibble. Les trois autres profils reproduisent moins de couleurs, l’espace du profil créé à partir de DxO Optics Pro étant le plus étriqué. Bien que parfois plus large, aucun des profils couvre en totalité l’espace couleur ECI-RVB V2 (représenté par le tracé vert)…

Camera Raw et Lightroom

Basés sur un moteur de développement RAW commun, Camera Raw et Lightroom intègrent deux profils génériques par appareil, mixés suivant la température des couleurs active au moment de la prise de vue. Souvent dénigrée dans les forums photo sur Internet, la qualité de ces profils s’avère très satisfaisante, mais gagnera encore un peu si vous utilisez une procédure de calibrage détaillée dans les livres de Bruce Fraser et Vincent Luc.

Cette méthode, hélas manuelle, est assez fastidieuse, voire frustrante pour un photographe peu initié à la gestion des couleurs. Heureusement, il existe un petit script pour Photoshop, basé sur la méthode manuelle de Bruce Fraser, qui automatise la procédure. Le script à été écrit par Thomas Fors. Il en existe plusieurs versions, pour les différentes versions de Camera Raw et Photoshop. Notez qu’il vous faut au moins Photoshop CS et Camera Raw 2.4 pour utiliser un de ces scripts… Voici la procédure, également détaillée dans mon ouvrage (Développer ses fichiers RAW) et dans celui de Martin Evening (Photoshop Lightroom pour les photographes).

1. Effectuez une prise de vue de la mire ColorChecker, en respectant les indications mentionnées plus haut (“Comment photographier la charte”).

2. Téléchargez le script, en veillant à sélectionner la version qui correspond à votre version de Photoshop, puis installez-le dans le dossier Script de Photoshop.

3. Ouvrez Photoshop et votre image de la mire ColorChecker.

4. Sélectionnez parmi les options de flux de production les dimensions les plus réduites (Taille), puis, sous Profondeur, l’option 8 bits par couche.

5. La balance des blancs est effectuée à l’aide de la pipette sur le gris le plus clair (deuxième plage en partant de la gauche).

6. Développez l’image. Vous devez maintenant indiquer la position des plages de couleur au script. Sélectionnez l’outil Plume de Photoshop (touche P) et passez en mode Tracé. Connectez ensuite le centre du patch “peau mate” à ceux des patchs blanc, noir, puis bleu-vert, en respectant l’ordre (attention, ceci est important).

7. Lancez le script (Scripts>AcrCalibrator). Une fenêtre s’ouvre et vous informe de la suite des opérations. Attendez jusqu‘à la fin de l’exécution du script (environ 1 heure).

8. Une fois la procédure d‘étalonnage accomplie, la fenêtre du script renseigne sur les réglages à adopter. La première partie, qui concerne l’onglet Réglages, est insignifiante, et bien qu’essentielle à la correction de la charte, elle ne sert pas à la création de notre profil personnalisé. Seules nous intéressent les données relatives à l’onglet Etalonner (en couleur bleue).

9. De retour dans Camera Raw, appliquez et enregistrez les valeurs (uniquement les paramètres de l’onglet Etalonner) à l’aide de la commande “Enregistrer les paramètres” et donnez-leur un nom explicite. Si vous utilisez à la fois Photoshop/Camera Raw et Lightroom, vous pouvez exporter les paramètres vers un fichier “side car” au format XMP (commande Exporter les paramètres vers XMP), puis importer l’image dans la Bibliothèque de Lightroom.
Si vous avez coché, dans Lightroom, l’option Ecrire automatiquement les modifications en XMP (dans Fichier>Paramètres du catalogue>Métadonnées), il affichera votre image avec les modifications de l’onglet Etalonner. Il ne vous reste qu‘à ajouter un nouveau paramètre prédéfini : votre “profil” ou plutôt “jeu de correction colorimètrique” est prêt à l’emploi !

Les réglages de l’onglet Etalonnage de l’appareil photo, communs à Camera Raw et à Lightroom, reflètent ici les valeurs obtenues grâce au script de Thomas Fors.

Le calibrage avec le script ACR Calibrator améliore grandement le rendu de cette image : les couleurs sont bien plus vives que celles que l’on obtenait avant calibrage.

Livres conseillés sur ce sujet

3 commentaires “Calibrage et format RAW

  1. Quelques compléments sur cette opération décidemment bien singulière qu’est le calibrage d’APN :

    Photographie de la mire de calibrage

    Les conditions d’exposition (niveau, uniformité, illuminant) de la mire sont un facteur essentiel de réussite. Et, sauf dans le cas de ProfileMaker, qui dispose d’une option complexe de compensation des erreurs d’exposition, les images interprétées avec un profil bâti sur une mire surexposée seront sous-exposées…

    Ces conditions d’exposition doivent être fixées non pas dans CIELAB mais plutôt dans l’espace de l’APN. Autrement dit, par de simples nombres RGB pris dans le fichier semi brut produit à l’issue du dématriçage par le logiciel de développement (sans application de profil). Pour contrôler l’image de la mire, il faut examiner ses composantes semi brutes et les comparer aux valeurs exigées par le logiciel de calibrage. En effet, en l’absence de profil, ce sont ces nombres, dépourvus de référence absolue, que le logiciel de calibrage doit digérer. D’ailleurs, si l’on fixe des conditions d’exposition de la mire avec des valeurs CIELAB, l’utilisateur, qui ne dispose que des composantes RGB semi brutes pour contrôler la validité de son image va devoir, soit les convertir en CIELAB à partir du profil nominal de l’APN (que l’on cherche pourtant à contredire par le calibrage) soit à partir du profil que l’on cherche à obtenir (lequel n’est pas encore connu lors de la prise de vue).

    A mon sens, les algorithmes de calibrage d’APN étant des opérations hautement « créatives » fondées sur des bases assez différentes selon les logiciels, il est prudent que l’utilisateur respecte tout simplement les conditions d’exposition imposées en général clairement par chaque logiciel. Dans le chapitre que je consacre au calibrage d’APN dans la seconde édition de mon bouquin « La gestion des couleurs pour les photographes » (encore de la réclame, mais il vient de sortir en librairie !), je donne quelques unes des limites requises par les logiciels de calibrage les plus courants. L’éditeur qui détaille le plus précisément les conditions de prise de vue de la mire est ColorEyes : son logiciel de calibrage ColorEyes 20/20 est accompagné d’un véritable bouquin traitant en détail de ce sujet. A titre d’exemple, rappelons ici que GretagMacbeth exige quant à lui que les composantes semi brutes RGB des cases « blanches » de la mire ColorChecker SG soient situées dans la fourchette optimale 235-245 sur l’échelle de 0 à 255.

    Etalonnage avec ACR

    Bien que cette méthode, inventée par le regretté Bruce Fraser puis mise en musique par Fors, soit basée sur un logiciel de développement RAW, elle s’apparente plutôt au calibrage effectué à partir d’un JPEG (ou d’un TIFF). Elle opère en effet, non pas à partir d’une image de mire « semi brute » mais à partir d’une image « rendue » interprétée dans un espace de sortie. Bien qu’elle ne se fonde pas sur l’ICC (ce qui est dommage mais je ne désespère pas que cela change grâce à l’influence des développeurs Pixmantec embauchés par Adobe) elle est dépendante de l’algorithme d’interprétation contenu dans ACR. C’est-à-dire, par exemple, qu’il faut re-calibrer ses APN pour chaque nouvelle version du logiciel…

    Comparaison de gamuts

    Bien que les experts américains soient en quasi totalité très réticents, voire opposés, au calibrage d’APN, je suis convaincu que c’est une source de progrès importante pour la photo numérique. En revanche, dans l’état actuel de la technologie ICC, il me semble qu’il faut garder une certaine prudence quand on évalue de manière théorique certains de ses résultats pratiques.

    Le processus d’interprétation modélisé par le logiciel de calibrage dans la construction du profil est, je l’ai dit plus haut, de nature « créative ». Il s’apparente à un rendu « hyper-perceptif » dont la tâche consiste à passer d’un espace dont la dynamique est immense (la nature) à un espace terriblement plus étriqué, celui de nos malheureuses images quel qu’en soit leur support. En dehors d’applications particulières comme la reproduction d’œuvres d’art ou de documents, ces algorithmes n’ont PAS pour ambition de « reproduire à l’identique » les couleurs de la nature, mais d’en donner une interprétation « agréable et plausible ». Ainsi, quand on compare des gamuts d’APN, ou des « améliorations quantitatives » apportées par le calibrage, il faut être aussi modeste que prudent. Je ne suis pas certain, par exemple, sauf bien entendu en reproduction de document, qu’on puisse affirmer de manière générale qu’un profil diminuant le DeltaE de la reproduction d’une mire constitue toujours une amélioration du rendu. D’ailleurs, quand on voit que certains DeltaE d’appareils numériques prestigieux sont diminués de plusieurs points par le calibrage, ce qui est énorme, on peut se demander pourquoi le constructeur n’y a pas pensé lui-même en produisant son profil générique…

    C’est la raison pour laquelle, j’aime bien l’approche de GretagMacbeth qui envisage le calibrage d’APN comme un outil donné au photographe pour traduire et corriger ses « intentions créatrices ». C’est aussi pourquoi, la satisfaction du photographe calibreur, qui assure que les images obtenues avec son profil lui plaisent d’avantage, me parait aujourd’hui, et de loin, la meilleure justification du calibrage…

    Bien que Bruce Fraser ait été défavorable au calibrage d’APN, tout cela me rappelle tout de même la réponse assez drôle qu’il présenta un jour sur le Web à la question classique « quel mode de rendu dois-je adopter pour mes photos ? ». Il répondit « Prenez donc celui qui donne les images qui vous plaisent le plus ! »

  2. Merci pour la clarté de votre article sur un sujet difficile (en tout cas pour moi). J’aimerais soumettre une idée peut-être un peu naïve. Serait-il possible de corriger le profile de couleur d’un logiciel de développement raw tel que lightroom par exemple pour obtenir le même résultat obtenu par un autre logiciel (en principe celui de la marque de l’appareil) et ceci à partir d’une même photo qui ne serait pas forcément une mire. On pourrait même envisager plusieurs photos pour « moyenner les différences » ?
    Cordialement, Yann

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