Photoshop, Holga et Polaroid SX-70
Publié le 18 janvier 2008 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Face à la recherche de perfection ambiante qui trouve son expression dans des appareils numériques toujours plus puissants, et qui génèrent des photos toujours plus larges, plus propres et plus proches de la réalité, on oublie souvent qu’il existe une autre esthétique fondée sur la “sensualité de l’imperfection”, sur des images floues et déformées.
Face à la recherche de perfection ambiante qui trouve son expression dans des appareils numériques toujours plus puissants, et qui génèrent des photos toujours plus larges, plus propres et plus proches de la réalité, on oublie souvent qu’il existe une autre esthétique fondée sur la sensualité de l’imperfection, sur des images floues et déformées.
Image réalisée avec le script HolgaRoid Generator
Il y a peu de temps encore, le grand public raffolait d’appareils, aussi désuets que passionnants, fabriqués avec un manque de rigueur affligeant dans les usines du tiers monde photographique : les Holga, Lomo, Diana et Seagull, pour n’en nommer que les plus populaires. Victimes de leur succès, les plus encensés de ces “toy cameras” se négocient aujourd’hui à des tarifs irréalistes et qui frôlent l’arnaque – les Holga sont à plus de 50 € et le Seagull, qu’on pouvait acheter pour une bouchée de pain il y a vingt ans, à 200 €. En plus, afin de pouvoir photographier dans toutes les conditions, il est souvent nécessaire d’en acheter plusieurs exemplaires, chacun ayant ses propres particularités et défauts. Et il y a “last but not least” un autre facteur aggravant : tous ces appareils utilisent… des pellicules.
Image realisée avec un scanner à plat et le script PolaRoid Generator V1.1
Fort heureusement, il est possible de photographier en numérique, tout en utilisant les appareils et objectifs les plus perfectionnés, puis de dégrader les images a posteriori, grâce à deux scripts pour Photoshop, disponibles ici et là.
Les scripts, mis au point par Maxmilian Jaenicke alias rawimage, sont d’une réalisation vraiment astucieuse et professionnelle. Grâce à plusieurs points d’arrêt, ils permettent de personnaliser l’aspect final des images. Le premier s’évertue à reproduire le rendu d’une photo faite avec une Holga sur du film Polaroid “type 87”, le second le rendu d’une photo Polaroid sur du film “600” ou “SX-70 Time Zero”.
Intéressant de faire cette juxtaposition entre la perfection du numérique et l’esthétisme toujours d’actualité des magnifiques photographies réalisées par les grands auteurs et leur matériel très souvent imparfait.
Je fais souvent le rapprochement entre la photo numérique et le « son laser » en comparaison avec la photo des années 1930-1960 et l’amplificateur à lampes. Les premiers sont justes, acérés, précis mais souvent métalliques et impersonnels alors que les seconds peuvent être flous et imprécis, mais ronds et chaleureux.
Pour ma part, bien qu’utilisateur du numérique, c’est justement le charme de l’ancien matériel, la sensualité du grain de l’argentique et l' »imprécision » géométrique qui m’attire le plus.
Ce genre de plugins peut en effet avoir une certaine utilité, reste qu’à mes yeux, ce qui fait l’attrait de ces appareils, c’est autant leur utilisation que le rendu des images 😉
J’utilisais le polaroid 665 pour ma série de photos réalisées chaqe dimanche depuis 1992, puis j’ai abandonné le Konica Instant Press acheté chez BIP (clin d’oeil à Volker!) pour utiliser différents autres polaroids et passer au numérique. L’immédiateté est aussi au rendez vous mais la « matière » a disparu, j’ai dans un premier temps éviter les « pièges » de la signature du film ou du type de boitier (Polaroid …) mais même pour mon travail de commande la matière me manque et j’utilise maintenant plus souvent des scripts ou logiciel comme DXO film.
Certes travailler à 6400 iso va nous permettre de travailler en ambiance mais la disparition du grain , de la matière, uniformise le rendu.
Une liste des scripts ou logiciels spécialistes du rendu serait une bonne idée!
Certains crieront que c’est de la triche!
Luc,
Effectivement, je me souviens encore de cet appareil dans la vitrine de Bip, d’ailleurs cela a dû rester le seul durant toutes ces années passées dans ce magasin…
difficile d’avoir des surprises en utilisant ces scripts. c’est le rendu souvent imprévisible qui fait le charme de ces appareils
Oui, Nacho, c’est d’ailleurs toute la problématique de la photo numérique : avant, il y avait toujours cette incertitude (ou plutôt la peur) d’avoir raté ses photos, une peur qui ne s’estompait qu’au moment de récupérer ses photos dans le labo. Aujourd’hui, une grande partie du mystère a disparu. Il suffit d’observer certains photographes numériques, qui visent plus souvent l’écran LCD de leur appareil que leur sujet, pour s’en convaince…