Apprendre à voir en noir et blanc (Seconde partie)
Publié le 20 août 2011 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Mon fil de pensée
Lorsque je me suis décidé à prendre une photo, j’essaye de me faire une idée de l’image finale. Plusieurs étapes me permettent de parvenir à cette vision.
Quelle doit être l’orientation du cliché ?
Le sujet se prête-il à une orientation verticale ou horizontale ? Où se place-t-il dans le cadre ? C’est là que la règle des tiers entre en jeu. En présence d’une image symétrique, généralement, je compose la scène en plaçant le sujet au centre de l’image. Si je veux renforcer le dynamisme, je place le sujet d’un côté du cadre. À la figure suivante, j’ai voulu créer une impression pensive. Je me suis servi d’un repère visuel provenant du sujet (le chapeau de cowboy incliné sur la droite) et de son langage corporel (qui semblait dramatique). L’inclinaison de son chapeau et son attitude imposent l’exploitation de l’espace négatif, ce qui permet de créer une impression plus dramatique dans l’image finale.
Cette photo d’un danseur a été prise au Mexique. Je voulais restituer l’image d’un artiste dramatique. Je me suis servi de l’espace négatif pour essayer de créer une impression de mouvement et de drame. C’est aussi une image fortement contrastée ; elle est majoritairement faite de noir et de blanc, avec très peu de gris.
Si vous n’êtes pas sûr du cadrage, regardez dans le viseur en tournant l’appareil pour savoir quelle orientation est la plus agréable à l’oeil. Posez-vous la question suivante :“Quel est le but à atteindre ?” Déplacez le sujet dans le cadre et suivez votre instinct. Vous ne saurez peut-être pas exactement pourquoi (techniquement parlant) une certaine orientation paraît la bonne, mais il est probable que ce qui vous paraît correct le soit. Faites-vous confiance.
Prenez votre temps
S’il y a un message de base que j’essaye de communiquer au cours des séminaires que j’anime, c’est bien celui-ci : prenez votre temps. Inutile de vous presser. À moins de vous trouver sur la faille de San Andreas pendant un tremblement de terre, il est probable que rien de bouge. Dans le cas contraire, mettez-vous à l’abri dans un endroit sûr et prenez un maximum de photos ! Prenez le temps de vous poser des questions : Qu’est-ce qui vous a attiré à cet endroit ? Est-ce le bon moment de la journée ? Aurez-vous l’occasion de revenir ?
Quel objectif convient le mieux à l’orientation ?
Dans 90 % des cas, quand je photographie des paysages, j’utilise mon 16-35 mm. Pour les portraits, je préfère mon 85 mm, mais beaucoup de gens utilisent un 50 mm. Il faut que le sujet puisse remplir le cadre, tout en vous permettant de choisir quelle quantité d’arrière-plan ou d’environnement vous voulez inclure dans la photo. Parfois, dans un portrait, on veut que le visage du sujet remplisse entièrement le cadre, mais il arrive aussi que
la photo raconte une histoire bien plus forte quand on y laisse une part d’environnement. Réfléchissez à l’histoire que vous voulez raconter et veillez à ne placer que des informations pertinentes dans le cadre, en omettant tous les éléments superflus. En outre, en noir et blanc, on peut obtenir une image très forte d’un sujet en mettant en valeur l’espace négatif. Un arrière-plan noir profond ou blanc pur peut aussi produire une excellente image. Pensez-y quand vous choisissez votre objectif et la focale. Souvenez-vous aussi que le noir et blanc se résume à déshabiller une image pour raconter une histoire forte. L’espace négatif peut non seulement renforcer le contraste, mais il peut aussi souligner l’histoire. Un arrière-plan ou un premier plan chargé ne fait qu’ajouter des informations superflues qui encombrent inutilement le récit.
Cette photo a été prise par une froide journée d’hiver à Chicago. Hormis quelques joggeurs assidus, j’étais la seule personne sur les rives du lac. Le fort contraste et l’espace négatif de la neige blanche par rapport au ciel et à l’eau grise racontent l’histoire d’une jetée abandonnée. Les lignes fortes qui mènent nulle part vont aussi dans ce sens. Photo John Batdorff.
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