Appareils reflex numériques Canon : Peut-on les acheter d’occasion ? (Deuxième partie)
Publié le 4 août 2009 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Les appareils professionnels
Canon est le seul fabricant qui s’offre trois formats de capteur : outre le format APS-C, apanage des appareils entrée de gamme et experts, il commercialise deux séries de capteurs différents : les appareils de la gamme EOS 1D incorporent ainsi des capteurs APS-H aux dimensions réduites, mais optimisés en vue d’une réactivité hors pair, grâce à des obturateurs plus petits (et plus véloces) et des poids de fichiers moins importants, les appareils de la gamme 1Ds des capteurs plein format pour une utilisation plus posée. L’EOS 1D, sortie en 2001, s’inspire directement des fonctionnalités du dernier appareil argentique professionnel, l’EOS 1V, tout en incorporant l’ultime capteur CCD : supérieur au capteur 5,4 mégapixels de son concurrent direct Nikon D1x, ce capteur pose un vrai dilemme, car ses performances sont sinon très convenables : fort peu doté en mégapixels, le capteur de l’EOS 1D produit souvent des artéfacts de moiré (son filtre passe-bas est très faible et la résolution des objectifs dépasse de loin celle du capteur…) et du bruit sous forme de stries colorées. Aux sensibilités les moins élevées, l’appareil fournit des fichiers bien nets (dont la plage dynamique reste toutefois un peu trop juste, et ce même au format RAW…) et un rendu proche de l’argentique. L’obturateur et la motorisation de l’appareil atteignent des performances extraordinaires : une vitesse maximale de 1/16 000 s, une vitesse synchro de 1/500 s et une fréquence de pas moins de 8 images par seconde en rafale ! Protégé, tout comme les autres appareils des séries 1D et 1Ds, des intempéries et de la poussière, l’appareil est très robuste, mais son ergonomie est moins étudiée que celle des appareils experts (un comble…) : il faut appuyer sur deux boutons pour choisir, puis pour valider chacune des options. La mise au point AF est plutôt précise et réactive, la mesure d’exposition parfois perfectible, surtout au flash, avec une petite tendance a la sous-exposition. L’appareil est plus gourmand que ses successeurs : le capteur CCD et l’écran LCD consomment beaucoup d’énergie, au point de faire plafonner la capacité de l’accu NiMh à 250 images environ — pour une journée de prise de vue, mieux vaut alors emporter deux ou trois accus de rechange. Quant à l’écran LCD, il est aussi petit (deux pouces) que peu défini (120 000 pixels). Pâle et verdâtre, il devient illisible à l’extérieur et il n’autorise aucun agrandissement pour scruter la netteté des images. L’histogramme affiche une moyenne des trois couches RVB et reste peu fiable quant à la détection des zones surexposées ou sursaturées. Une prise Firewire (IEE-1394) permet la prise de vue connectée, un emplacement pour cartes Compact Flash l’utilisation des cartes jusqu’à une capacité de deux gigaoctets (formatage FAT). Proposé à autour de 500 € en occasion, l’EOS 1D possède toujours de sérieux atouts, mais n’oublions pas sa résolution limitée : si vous pouvez obtenir sans peine des tirages jet d’encre d’excellente qualité au format A4, il vous faudrait « tricher » avec Genuine Fractals pour aller bien au-delà…
EOS 1 D mark 2, objectif 17-40 mm f/4 L USM à 100 ISO – avec un facteur de 1,3 fois, le format APS-H est utile pour ne pas (trop) compromettre le potentiel de ses objectifs grand angle
Son successeur, l’EOS 1D Mark 2, s’impose alors tout naturellement : avec un capteur CMOS de 8,2 mégapixels, il offre une connectique plus riche (USB et Firewire), un deuxième emplacement pour cartes SD/HC et un écran mieux défini (230 000 pixels). Si les performances de l’obturateur sont en retrait (1/8000s et 1/250s), celles du moteur sont en hausse (8,5 images par seconde) et la sensibilité ISO de base descend à 100 ISO pour faciliter l’emploi de l’appareils avec des flashs de studio. Le Canon EOS 1D Mark 2 propose une qualité d’image très élevée et bien conservée aux sensibilités les plus élevées, avec une texture d’image très fine. Seule la netteté laisse quelque peu à désirer, n’oubliez donc pas à bien accentuer les images dans votre logiciel de développement RAW. Le menu de l’appareil permet de choisir l’enregistrement simultané aux formats RAW et JPEG, plusieurs matrices couleur (sRVB et Adobe RVB) sont proposées, mais la gestion des supports de mémoire reste plutôt malaisée : il n’est pas possible d’enregistrer sur les deux cartes à la fois et le passage entre les deux cartes n’est pas automatique (lorsque la première est pleine…). Notons aussi une utilisation moins stable en prise de vue connectée : le câble tend souvent à se détacher de la prise Firewire 4-pin, incorporé pour faire la place à la prise USB supplémentaire et finalement peu utile. La mise au point AF est, quant à elle, bien plus performante que ce que proposent les modèle experts : nettement plus fiable, elle dépasse même souvent celle du successeur EOS 1D Mark 3, dont le bilan s’est alourdi de plusieurs défauts de conception. A noter qu’il existe une mouture améliorée de l’EOS 1D Mark 2 : l’EOS 1 D Mark 2n propose des styles d’image, un écran d’une diagonale de 2,5 pouces (identique à celui du 5D), une accentuation par défaut plus prononcée et des menus plus ergonomiques – mais pas de quoi le payer plus cher en occasion…
EOS 1Ds, objectif EF 70-200 mm f/4 L USM à 100 ISO, le grand capteur contribue à obtenir un « bokeh » agréable…
Premier appareil Canon à capteur « plein format », l’EOS 1Ds était aussi le plus performant des appareils de l’époque. Basé sur l’EOS 1D avec lequel il partage l’architecture et, fort malheureusement, aussi l’écran LCD, il intègre un capteur de 11 mégapixels, dont le filtre passe-bas procure un excellent équilibre entre netteté et absence d’artefacts. Si sa plage de sensibilité est plutôt restreinte, le niveau de bruit demeure acceptable jusqu’à 400 ISO en JPEG et 640 ISO en RAW. La sensibilité maximale de seulement 1250 ISO restera réservée au « sauvetage » et à des formats d’impression peu importants. Notez que cet appareil offre, tout comme son successeur et l’EOS 1D Mark 2, une sensibilité de 50 ISO qui délivre une structure d’image encore plus fine, au prix d’une plage dynamique plus étroite dans les hautes lumières. Celle-ci est par ailleurs très convenable pour les autres sensibilités. Côté alimentation, l’EOS 1Ds partage avec les autres « série 1 » de première et deuxième géneration l’accu NiMh lourd et encombrant : si l’autonomie est supérieure à ce que propose l’EOS 1D de première génération, elle est inférieure, avec 300 vues environ par accu, à celle délivrée par l’EOS 1D Mark 2. Pensez donc à vous munir d’accus de rechange. Que dire sinon de ce classique toujours vert ? Citons une conception saine (l’obturateur a été testé pour 150 000 déclenchements) et une réalisation robuste, un AF précis, mais pas suffisamment rapide pour des sujets mobiles, une motorisation limitée à trois images par seconde et une vitesse d’enregistrement plutôt médiocre, mais satisfaisante pour la plupart des sujets. La qualité de visée est somptueuse et prédestine ce boitier à l’utilisation avec des objectifs exotiques, TS-E et adaptations « contre nature » (objectifs M42, Nikon, Leica, Contax…). Reste à regretter le format RAW exotique (.TIFF) et l’impossibilité à enregistrer des fichiers à la fois au format RAW et au format JPEG. Le grand capteur agit aussi tel un aspirateur à poussières et il est souvent nécessaire de procéder au nettoyage. Quant à l’exposition, l’EOS 1Ds est moins fiable que l’EOS 1 D/1Ds Mark 2. Souvent, il faut intervenir « à la main pour » l’exploiter aux meilleur de sa forme. Mais c’est un point commun à tous les appareils professionnels de la marque : à mettre entre les mains d’un utilisateur expert seulement…
… et des tons chairs subtils. EOS 1Ds, objectif EF 100 mm f/2 USM à 800 ISO
L’architecture de l’EOS 1Ds Mark 2 se calque sur celle de l’EOS 1D Mark 2, paru un an plus tôt. Avec une double-connectique Firewire et USB et des emplacements pour cartes Compact Flash et SD-HC, cet appareil arbore aussi un puissant capteur « full frame » de 16,6 mégapixels, une plage de sensibilité ISO de 50 à 3200 ISO et une vitesse de rafale ramenée à 4 images par seconde. Étanche et d’une fiabilité à toute épreuve, l’appareil produit de superbes photos tant nuancées que bien définies, en amélioration par rapport à son ainé. Tout juste pourrait-on lui reprocher une ergonomie toujours aussi douteuse, un poids très élevé, une alimentation obsolète et un écran assez médiocre, peu lisible en plein jour, mais proposant un agrandissement pour l’évaluation de la netteté. L’histogramme, séparé en trois couches, facilite la détection des zones surexposées ou trop saturées. Notez que l’EOS 1Ds Mark 2 utilise le format CR2, désormais la norme chez Canon, pour l’enregistrement des fichiers RAW.
C’est bien gentil tout ça, mais on les trouve où tous ces appareils d’occasion ? En dehors d’ebay j’en vois pas beaucoup et perso j’ai du mal à me résoudre à claquer 1000€ dans un boitier que je n’ai pas vu et testé…
Des adresses ?
La grande majorité des forums photos français propose une rubrique petites annonces.
pour Canon, les plus connus:
http://www.planete-powershot.net/
http://www.eos-numerique.com/
http://www.megapixel.gkarnet.org/
http://forum.hardware.fr/hfr/AchatsVentes/Photo-Audio-Video/liste_sujet-1.htm
la liste est loin d’être exhaustive, il doit y en avoir d’autres.
On peut en trouver sur le site du magazine Chasseur d’Images
http://www.chassimages.com/accueil/Sommaire.xml
enfin il y a les sites de vente tels que Priceminister, 2xmoinscher, EBay, Le boncoin etc….
Les forums photos ont l’avantage (pour ceux qui ne sont pas trop gros) de permettre de se faire une idée sur le vendeur en regardant son activité (hors vente) sur le site, il est rare de trouver quelqu’un qui passe pas mal de temps à participer à la vie d’un forum, arnaquer d’éventuels acheteurs.
De plus il n’est pas rare de pouvoir faire une vente en main propre ce qui permet de vérifier l’état du matériel.
Il faut penser à demander une lettre de cession (signée) avec les coordonnées complètes de l’acheteur et du vendeur ainsi que le détail du matériel acheté avec numéro de série.
@Volker: quand vous parlez de se procurer un objectif standard
ouvrant à 1.4, vous faites référence à l’EF 50mm f/1.4 je suppose.
S’il est bien plus performant que le 1.8, il n’est pas réellement moins fragile, sa bague de mise au point en aluminium peut facilement se voiler et bloquer la mise au point (problème rencontrés de très nombreuses fois sur les forums photos amateurs, et ce, sans qu’il n’y ait eu de chocs ou de chutes).
D’ailleurs il faut faire extrêmement attention à ce point lors d’un achat d’occasion de cet objectif.
Pour avoir découvert le numérique (après mon antique Nikon F2 de 1972) via le 400D puis le 40D un an plus tard et enfin aujourd’hui un 1D Mk II, votre article décrit exactement le cheminement d’un passionné exigeant.
J’insisterai en outre sur d’une part, la nécessité de privilégier des optiques de qualité plus qu’une couverture parfaite des focales de « 10 à 400 mm » et d’autre par, sur l’apprentissage du tri/choix des photos à l’ère du numérique.
@redrag : je suis assez d’accord avec votre évaluation du 50 mm f/1,4 de chez Canon . En effet, je suis déjà à mon deuxième exemplaire, le premier m’a lâché pour des raisons mystérieuses (choc dans le sac à dos photo ??) du côté bague de MaP. Mais c’était encore à l’époque argentique et le deuxième exemplaire ne m’a posé aucun problème depuis. En ce qui concerne le 50 mm f/1,8, je préconise le Mark 1, vraiment mieux fini, dont j’avais bêtement vendu un exemplaire il y a quelques années. Ceci dit, en termes de « bokeh », le f 1,4 est devant, le diaphragme étant plus circulaire !
@rémi : hormis les nombreuses adresses fournies par redrag (merci à lui !!), il y a aussi les quelques rares vrais magasins pour acheter un modèle d’occasion. Là, on peut essayer, toucher et plus si afffinité ! Mais il est vrai que c’est un vrai privilège des citadins (et à fortiori des parisiens)…
Objectif Bastille mais aussi Shop Photo (j’ai raté un un 1D… snif !)
cette série d’articles conforte mon avis, le marché du numérique a atteint un régime de croisière où le marketing fait régner sa loi en imposant toujours plus de nouveaux modèles aux innovations pas toujours indispensables.
je suis toujours en argentique avec de vieux boitiers minolta x500 et x700, et grâce à ce principe, j’ai pu me payer sur ebay (allemagne) de très belles optiques pour 3 fois rien.
mon passage au numérique se fera bientôt sur un boitier 5d ou 40d; cruel dilemme quant au choix du capteur et de l’incidence sur les focales…
pour confirmer tout celà, j’ai été surpris de voir hier dans une grande boutique jaune du bd beaumarchais (en face du cirque…), un boitier 5d à 1050€, et 2 boitiers 40d à 550€, tous garantis 3 mois.
merci monsieur gilbert.
Cherchant à m’équiper d’un 50/1,4, j’ai choisi le Sigma dont je suis absolument enchanté, malgré mes réticences à me procurer une optique ni Canon, ni série L.
Je partage tout à fait cette analyse.
Depuis l’arrivée du numérique je n’ai jamais plus acheté de boitier neuf, toujours en occasion (objectif bastille essentiellement).
Du premier D30, ensuite un 1d et enfin un 5d.
Mais en privilégiant mes optiques:
35/2, 50/1,8, 85/1,8
17-40/4, 24-105/4, 70-200/4
2 flashs (occasion aussi) 420ex et 550 ex
et un convertisseur 1,4
Avec le 5d je crois que j’ai atteint ce que ej cherchais, à part la motorisation, je pense le garder jusqu’à sa mort technique, a priori pas pour demain ni après demain!!
En tout cas bravo pour ces articles qui remettent les pendules à l’heure sur la course technologique.
Par contre j’aurais une question sur le format raw canon, que j’utilise exclusivement sur tous mes boitiers en utilisant Dxo chez moi ou fastone en déplacement!
Je format CRW et CR2 comment convertir le crx en dng?? Je n’ai aps de logicile adobe dans mon pannel d’outils!!
Bravo et merci pour cet article… juste une petite correction : le 400D ne prends pas les cartes SD contrairement à ce que vous dites dans l’article… à part ça, rien à redire !
@algo : en ce qui concerne la conversion au format DNG, l’utilitaire DNG Converter d’Adobe est gratuit : http://www.adobe.com/fr/products/dng/, il existe un produit similaire pour Linux : http://www.digikam.org/drupal/node/373
@steph : oups, c’est exact
merci pour la précision!!
Bonjour Gilbert et bravo pour ces belles images. Comment faites vous pour avoir autant de piqué sans montée du grain, j’utilise un 40D et un 5D mkII avec un 70-200 f:2,8 et je trouve mes images très molles. Quel est votre process de dérawtisation ?
Merci.
Laurent.
@ Laurent,
C’est Volker son prénom 😉
Mais il n’est pas méchant… il faut juste veiller à ne pas recommencer 🙂
@ tt le monde :
Qq a l’adresse d’un site au Luxembourg qui semble-t-il a des prix « canon » ss mauvais jeu de mot 😉
Ex. : Sigma 50mm f1.4 DG HSM à €350
Idem pr matos occase Canon, puisque c’est le sujet…
Merci
@seb :-)))
@laurent : rien de très spécial comme procédé (plus de détails dans « Développer ses fichiers RAW »…), je les ai développé dans Camera Raw 5.4 en augmentant un peu la Clarté et la Vibrance (c’est mon Dada ces jours-ci…), pour les couleurs, c’est au pif, mon Eizo est resté à la maison et je n’avais comme seul « contrôle » l’écran de mon MacBook 13″ plutôt mal que bien calibré avec une Ione Display 2… Ah, j’ai oublié, j’affectionne aussi Nik Sharpener Pro 3 pour l’accentuation.
ok Volker, je recommencerai plus. Ce qui me surprend, c’est notamment les photos du 40D à 1600 ISO et particulierement celle de la voiture avec les maisons à colombages derrière. A cette sensibilité, mon 40D me donnerait un capot de voiture très granuleux. Mais je vais chercher Développer ses fichiers Raw dès ce soir..
😉
@laurent : en fait, en relisant mon texte, j’ai vu que j’ai effectué un mauvais copier/coller (là encore j’incrimine le petit écran de mon MB ;-)) la photo avec la voiture n’a pas été prise à 1600 ISO, ce qui m’a fait tiquer et la partie de la légende comportant l’objectif utilisé, non pas un 70-200 mm F/4 L, mais un 17-40 mm F/4 L, désolé…
C’est très amusant de lire cet article en 2015 !!
Mes boitiers principaux sont 5D1 et 1Ds1… Bah il tiennent en respect la plupart des reflex amateurs voire expert qu’on peut trouver au double du prix ! Sauf que l’obturateur de mon 1Ds est en train de lâcher, et ça, ça m’embête vraiment mais alors vraiment beaucoup… Je ne vois rien pour le remplacer pour un budget abordable… Et les 1Ds sont très très rares… :'(