Affinity Photo : l’interface Développement (1)
Publié le 14 juillet 2015 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Transformation monochrome
Si l’interface d’édition Bitmap du logiciel offre de nombreuses manières de transformer une image en noir et blanc et d’en parfaire les tonalités, il est également possible d’effectuer la conversion plus en amont, dans l’interface Développement. A cette fin, la commande Noir et blanc vous propose six curseurs qui interviennent sur les couleurs issues des synthèses additives (RVB) et soustractives (CMJ). Pour éclaircir une couleur, poussez le curseur correspondant à droite, pour l’assombrir, tirez-le à gauche. Malheureusement, le logiciel ne fournit aucun paramètre prédéfini (Tri-X, etc.) pour vous aider à retrouver un rendu d’antan.
Les commandes du panneau Séparation des tons s’apparentent à ceux du panneau Virage partiel de Camera Raw et Lightroom. Vous pouvez les utiliser pour séparer les tons clairs des tons foncés et pour ainsi attribuer à chacune des deux gammes de tons une teinte (curseurs Teinte) et d’en définir la saturation des couleurs (curseurs Saturation). Le curseur Balance permet de privilégier la teinte de l’une des gammes de tons au détriment de la teinte de l’autre. Le curseur Intensité de l’onglet Détails permet d’ajouter du bruit sous forme de grain. En cochant l’option Gaussien, la texture demeure monochrome, l’option Couleur introduit des pixels colorés, mieux adaptés à des images en couleurs.
Outils de correction locale
Les corrections locales de Photo suivent la même logique que celle déjà utilisée dans Capture One Pro et Camera Raw/Lightroom. L’onglet Superpositions permet de choisir entre un masque à opacité graduelle (Superposition de dégradés) ou fixe (Superposition de pinceaux). Dans le premier cas, il suffit de superposer, avec votre souris, un tracé à l’image, puis de choisir la ou les corrections à appliquer à partir de l’onglet Basique ; dans le second, de sélectionner l’outil Pinceau de superposition (B) puis de peindre au pinceau les parties de l’image auxquelles vous souhaitez appliquer les corrections.
- Le masque de l’outil Dégradé de superposition (G) se décline en trois versions : le masque linéaire correspond à celui appliqué par l’outil Gradué, les masques Elliptique et Radial ressemblent à ceux appliqués par le filtre Radial de Camera Raw et Lightroom.
- Il est possible de contrôler le diamètre (Taille) et la progressivité des contours (Dureté) du pinceau. Pour effacer le masque, activez l’outil Gomme de superposition (E), puis passez avec le curseur de votre souris sur les parties préalablement peintes au pinceau. L’option Prise en compte des bords facilite la sélection des zones à corriger, en fonction de leurs tonalités et couleurs.
Flux de production
A l’heure actuelle, on ne peut pas encore parler d’un véritable flux de travail pour le développement des fichiers RAW. Ces derniers sont ouverts les uns après les autres dans l’interface Développement, soit à partir d’un explorateur de fichiers tel que Bridge (fourni avec Photoshop…) ou Perfect Browse, soit en passant directement par la commande Ouvrir ou le Navigateur Multimedia d’Affinity Photo. L’architecture du logiciel interdit une utilisation en tant qu’éditeur externe d’un catalogueur d’images tel qu’Aperture ou Lightroom – si le transfert vers Photo fonctionne, il n’en va pas de même pour le rapatriement du fichier modifié au sein du catalogue – au lieu de la commande Enregistrer (qui enregistre un fichier propriétaire à l’extension « .afphoto »), le logiciel impose une exportation (Fichier>Exporter) qui casse le lien entre l’original et la copie Bitmap modifiée….
Pour l’enregistrement des paramètres de développement, le tableau est pour l’instant aussi sombre. En fait, les développeurs du logiciel ont oublié d’établir un système de fichiers annexes permettant de sauvegarder les paramètres appliquées au sein de l’interface Développement – à chaque nouvelle ouverture d’un fichier, celui-ci est donc vierge de toute modification ! C’est d’autant pus rageant que le logiciel propose une fonction Historique, répertoriant l’ensemble des ajustements, et une fonction Instantanés, enregistrant différents états de traitement. Mais uniquement tant que l’image reste ouverte dans l’interface Développement. Le fait de pouvoir attribuer des métadonnées GPS au sein de l’onglet Emplacement n’est donc qu’une faible consolation – là encore, les métadonnées ne sont pas enregistrées autrement que dans le fichier final. Autre découverte étrange : s’il est possible d’enregistrer des préréglages, ces derniers se bornent aux réglages de l’onglet en question, nécessitant de sauvegarder un fichier par onglet d’outils et rendant ainsi la sauvegarde d’un jeu de préréglages maîtres impossible. Enfin, sachez que les développeurs d’Affinity Pro n’ont pas seulement boudé les XMP et XML, mais ils ignorent également la norme IPTC ! C’est impardonnable, car si la gestion des métadonnées est une des caractéristiques sine qua non d’un catalogueur, elle sied aussi bien à un éditeur d’images, Photoshop en est la preuve par l’exemple.
En guise de conclusion
Peut-on comparer l’interface Développement d’Affinity Pro à Camera Raw ? Pour répondre à cette question, il faut tenir compte de la différence d’age de ces deux modules de développement RAW. Si Affinity Photo vient tout juste de joindre le rang des éditeurs photo après plus de quatre années de développement, Camera Raw est un des doyens en matière de développement RAW puisqu’il existe depuis 2003. Il n’est donc guère étonnant que le module d’Affinity Photo soit moins abouti que celui de Photoshop. En matière de qualité d’image, le rendu par défaut étant à la fois plus saturé, plus contrasté, moins défini et plus bruité qu’avec Camera Raw, et en matière de productivité, le module ne bénéficiant pas, à l’heure actuelle, d’un environnement de production à la hauteur de celui de son alter ego d’outre-atlantique (Adobe Bridge, fichiers annexes XMP, prise en charge des métadonnées IPTC, gestion des paramètres de développement et du traitement par lot, etc.). Pour ce qui est des outils de développement, Affinity Photo est également moins bien doté. Cela commence par l’absence de profils de couleur et de correction optique, se poursuit par celle des modes de fusion panorama et HDR et finit par la faiblesse actuelle des outils de réduction du bruit. Si la sortie d’Affinity Pro s’annonce sous les meilleures auspices (l’interface Photo est simplement superbe), les développeurs ont encore du pain sur la planche pour rendre l’interface Développement utilisable dans un contexte de production. Espérons qu’ils y parviennent rapidement pour qu’Affinity Pro devienne une alternative crédible à Photoshop. En attendant, l’interface Développement peut déjà convenir à un usage occasionnel, parallèlement à celui de Camera Raw, Lightroom, Capture One Pro, Photo Ninja ou DxO Optics Pro.
Il est bon qu’il y ait une concurrence pour pallier le quasi monopole de Photoshop et Lightroom, mais ceux-ci restent encore les grands maîtres.
J’arrive de mon côté à peu près aux mêmes conclusions.
Dans l’état actuel des choses, Affinity Photo n’est pas une alternative aux ténors du développement Raw, loin de là, et que le meilleur du programme se situe bien dans l’édition bitmap, avec une concurrence frontale à Ps.
Reste à espérer qu’une version Windows est réellement envisagée car, en asseyant le logiciel sur la base la plus large possible, cela permettra d’assurer à la fois une évolution ambitieuse et la pérennité du programme.
Personnellement, j’espère bien que cette suite (3 logiciels en tout, dont unà sortir) restera bien dédiée aux Mac, et continuera à être optimisée pour leur architecture matérielle, ainsi que les spécificités de Mac OS. Les limitations dues à la compatibilité Window sont une plaie.
Il est vrai que la vélocité du logiciel, qui est due à une optimisation pour Mac OS X et qui se manifeste à l’utilisation quelle que soient les corrections effectuées, représente un des attraits les plus forts d’Affinity Photo. Pour la version Windows, il faudra attendre sans doute quelques années encore, l’éditeur préférant se concentrer sur la sortie de Publisher, puis sur le perfectionnement du trio de logiciels Affinity.
Justement, en termes de performances, notamment graphiques, on ne peut pas dire qu’OS X soit la panacée, tout au moins sur une bonne partie de sa gamme.
oui, mais plus facile pour un développeur souhaitant optimiser les performances de son logiciel, grâce au nombre beaucoup plus retreint de configurations hardware 😉
La présentation d’Affinity Photo répond aux canons de beauté actuels, avec une teinte grise foncée (anthracite) et une organisation des outils qui correspond peu ou prou à celle utilisée par Photoshop CS6 et CC.
Le fond gris anthracite n’est certes pas un critère de beauté.
Plutôt un fond neutre, reposant et, parfaitement adapté à la retouche/lecture des clichés.
Si ces fonds gris étaient à 18%, le confort serait total, les clichés évalués au mieux.
A quand une version PC !
Tout à fait d’accord avec vous, c’est pour cette raison (et pour d’autres) que je continue à préférer Camera Raw à Lightroom 😉
Quant à la version PC d’Affinity Photo, je ne crois pas que nous la verrons avant 2017…
N’en déplaise à certains, une version Windows existe déjà, avec pour le logiciel de dessin, beaucoup plus de fonctionnalités.
Mais l’interface date un peu, elle n’en est pas moins très facile à appréhender pour des débutants.
Photoplus, DrawPlus et PagesPlus…
Ce dernier est par exemple très performant pour ouvrir les PDF.
Savez-vous ou trouver les tutoriels et didacticiels d’Affinity photos en français.
J’ai téléchargé la version gratuite qui n’a une durée de vie que de 10 jours et je crains de ne pouvoir me faire une idée,ne trouvant que des versions de didacticiels en anglais !!!
Merci d’avance.