Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC : une première prise en main
Publié le 12 mai 2011 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Après avoir passé de nombreuses années dans l’ombre des grands, le sous-traitant coréen Samyang est actuellement en voie de devenir un fabricant d’objectifs incontournable. À l’instar de Cosina (Zeiss, Voigtländer), Samyang dédie ses produits à une niche aussi petite que prestigieuse : celle des focales fixes à luminosité ou à couverture extrême.
Après avoir passé de nombreuses années dans l’ombre des grands, le sous-traitant coréen Samyang est actuellement en voie de devenir un fabricant d’objectifs incontournable. À l’instar de Cosina (Zeiss, Voigtländer), Samyang dédie ses produits à une niche aussi petite que prestigieuse : celle des focales fixes à luminosité ou à couverture extrême.
Canon EOS 5 D Mark II, Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC, f/1,4, 1/30s, 2500 ISO, à main levée.
Par ses caractéristiques, le nouveau Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC est particulièrement alléchant, sa focale de 35 mm aussi polyvalente que sa luminosité est exceptionnelle. Quant à son tarif (400 euros), il paraît particulièrement honnête, surtout compte tenu de celui de ses concurrents, entre trois et quatre fois plus cher.
C’est au déballage que l’acheteur se rend compte qu’il est en bien en présence d’un produit au prix serré : à l’intérieur d’un simple carton à peine rembourré se trouve l’objectif muni de ses deux bouchons avant et arrière, son pare-soleil, un étui de protection souple et un mode d’emploi succinct, rédigé dans la seule langue de Shakespeare.
L’objectif est plus long (111,5 contre 86 mm) et plus large que son équivalent chez Canon (83 contre 79 mm), l’EF 35 mm f/1, 4 L USM, et son diamètre de filtre plus important (77 contre 72 mm). Quant au poids, il est légèrement plus important : 660 g au lieu de 580 g pour l’original.
La formule optique reflète, elle aussi, les ambitions du fabricant coréen : hormis un élément à surface asphérique, le Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC arbore deux éléments à faible indice de réfraction pour corriger la distorsion ainsi que les aberrations sphériques et chromatiques. Il partage avec les autres optiques de la gamme le traitement anti-reflet UMC dernier cri.
Bien qu’il ne soit pas stipulé dans l’appellation de l’objectif, il possède des lentilles flottantes qui varient leur position relative aux autres pour ainsi compenser les aberrations optiques liées aux faibles distances de mise au point. Un premier groupe se déplace à l’intérieur du fût avant et un second à l’arrière de l’objectif. Le déplacement des éléments optiques n’influe guère sur la manipulation de la bague de mise au point : celle-ci demeure particulièrement agréable et précise, grâce aussi à sa course bien plus longue que celle d’un objectif AF. Sur mon exemplaire, la bague de distances manque cruellement de précision : le réglage de l’infini se trouve à 5 mètres environ et en se fiant aux seules inscriptions, les images seraient systématiquement floues. Heureusement, j’ai trouvé une petite astuce pour rajuster la bague de mise au point à l’infini. Cependant, l’opération nécessite de démonter le revêtement en caoutchouc et risque de détériorer l’objectif et/ou de vous faire perdre la garantie de trois ans. Vivement que Samyang fasse bénéficier chacun de ses objectifs d’un ajustement précis en usine – ce n’est pas la peine d’ajouter une échelle de profondeur de champ si l’infini n’est pas respecté ! A noter que mon opération s’est soldé par un repère correctement calé mais aussi par une bague dont la butée se situe au-delà de l’infini. Il sera donc toujours nécessaire de bien aligner le repère blanc et l’icône Infini….
Point d’interrogation. Canon EOS 5 D Mark II, Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC, f/1,4, 1/125s, 1000 ISO, à main levée.
Alors qu’il possède un châssis en aluminium, la carrosserie du Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC est entièrement usinée en matières plastiques de bonne tenue, y compris pour le filetage de filtre à l’avant. Seule la baïonnette à l’arrière est en métal chromé. La finition de l’objectif est donc très satisfaisante bien qu’elle reste en retrait par rapport aux objectifs Zeiss et Voigtländer. Notez la prétentieuse bague rouge, située juste à l’avant de la bague de diaphragmes, qui fait écho aux fameux objectifs de série L : pensez à la cacher avec du ruban noir pour ne pas attirer les convoitises des pickpockets et les railleries des collègues !
En monture Canon, le fonctionnement de la bague de diaphragme est entièrement manuel, autorisant ainsi l’examen de la régularité de ses huit lamelles. De nombreux acheteurs potentiels du Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC s’intéressent en effet aussi bien à ses performances optiques qu’à son rendu des zones hors profondeur de champ (bokeh) et la forme du diaphragme contribue au moins en partie à la beauté dudit bokeh. À défaut d’être circulaire aux valeurs les plus fermées, le diaphragme demeure parfaitement symétrique.
Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC : recto à pleine ouverture…
Je viens de l’évoquer plus haut : en monture EF, l’objectif est entièrement dépourvu de contacts. Il n’y a donc aucune communication entre le boitier et l’objectif. Cela engendre des problèmes lors de la mise au point (le témoin dans le viseur est inopérant et la visée très sombre aux ouvertures intermédiaires et fermées), limite le choix des automatismes d’exposition (seuls les modes Av et M fonctionnent) et fait sauter de précieuses informations EXIF. La perte de signature de l’objectif (l’ouverture s’affiche en f/0 et la focale en 50 mm…) produit aussi des difficultés pour appliquer un profil de correction optique, basé justement sur les EXIF manquantes. Il faut donc peser le pour et le contre avant d’investir dans un tel objectif, l’utilisation des Zeiss Distagon T* 35 mm F/2.0 et Voigtländer Ultron 40 mm F/2 en monture Canon sera plus judicieuse dès lors que l’ouverture spectaculaire du Samyang ne fait pas partie des désidérata incontournables.
Le pare-soleil du Samyang 35 mm f/1, 4 AS UMC est bien conçu. D’une part, il s’adapte via une monture en baïonnette, dont les repères sont clairement indiqués des deux côtés, et d’autre part il se retourne facilement sur l’objectif afin de gagner de la place dans le fourre-tout et d’en protéger le fût avant au transport. Il s’agit d’un pare-soleil en corolle, plutôt efficace pour minimiser les reflets parasites.
Merci Volker pour ce billet ; très intéressant de porter un regard sur des optiques plus modestes que les classiques des deux grands… Je rebondis sur cette article qui souligne une fois encore que l’absence d’AF ne joue en rien sur la qualité de images produites tant l’optique est bonne. Je pense cependant qu’il est possible d’utiliser ces derniers même avec des boitiers à capteur APS-C. Tu évoques des difficultés due à l’absence de stigomètre ; je me permets de préciser qu’il est tout à fait possible de changer le dépoli ; par exemple Katzeye en propose pour un prix correcte. J’ai d’ailleurs modifié mon vieux 350D avec un de ces verres et voici le résultat avec un 300mm Zeiss f4 http://imageshack.us/photo/my-images/266/6huppecanoneos350ddigit.jpg/
Le seul problème reste la taille du viseur, mais là il n’y a pas de solution, un full frame reste quand même le top !
@Sylvain : j’oublie toujours ces verres de visée, merci de m’avoir rappelé leur existence. Comme tu précises, un seul problème subsiste : la taille du viseur. J’ai essayé avec mon 450D est je ne suis pas convaincu de l’efficacité du couple appareil/objectif, d’autant plus que ce dernier est gros et lourd, créant un déséquilibre. D’autant plus que le Sigma EX 30 mm est nettement plus compact, plus léger et doté de tous les agréments pour l’AF et l’exposition. Superbe image d’oiseau, félicitations !