Color-Skopar 20 mm et Distagon 21 mm : l’histoire de David et Goliath revisitée ?
Publié le 18 octobre 2010 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Depuis plusieurs mois déjà, je possède un magnifique objectif Voigtländer Color-Skopar 20 mm f 3,5 dont une des principales qualités consiste à se faire oublier au fond de mon sac à dos photo, tellement il est petit et léger. Quel plaisir donc de pouvoir le confronter à un objectif mythique : Carl Zeiss Distagon ZE 21 mm f/2,8.
Depuis plusieurs mois déjà, je possède un magnifique objectif Voigtländer Color-Skopar 20 mm f 3,5 dont une des principales qualités consiste à se faire oublier au fond de mon sac à dos photo, tellement il est petit et léger. Quel plaisir donc de pouvoir le confronter à un objectif mythique : Carl Zeiss Distagon ZE 21 mm f/2,8.
Nous remercions Jean-Christophe Courte du site Urbanbike.com et surtout Richard Frances du site Lapetiteboutiquephoto.com qui nous a permis d’essayer l’objectif pendant une période de prêt très étendue.
Ce dernier possède en fait une réputation qui n’est plus à faire : c’est simplement le meilleur objectif super grand-angle pour appareils reflex depuis qu’il était sorti en monture Contax. Si la dernière mouture intègre des verres sans plomb, le calcul optique n’a subi que quelques modifications mineures : composé de 16 éléments en treize groupes, l’objectif bénéficie aussi du traitement multicouche propre au fabricant allemand et d’une bague de mise au point manuelle qui ne déplace que le groupe arrière de l’optique pour conserver les performances optiques, de l’infini à la distance de mise au point la plus proche (0,22 m).
Sa réalisation est manifestement beaucoup plus ambitieuse que celle du Color-Skopar 20 mm f/3, 5 qui mise tout sur la compacité de l’objectif : avec un poids de seulement 200g et une longueur de 29 mm, l’objectif ne demande que peu de place dans un fourre- tout et rend l’ensemble appareil-objectif particulièrement discret — un atout majeur pour la photographie de voyage et de reportage. Le Carl Zeiss Distagon ZE 21 mm f/2,8 est trois fois plus lourd (600 g) et encombrant (109 mm) et il se remarque facilement par la finition chromée de sa bague avant, les matériaux et la forme de son pare-soleil.
Les deux objectifs sortent d’ailleurs de la même usine : bien que la société Zeiss soit à l’origine de la conception de l’objectif, celui-ci est, tout comme les autres modèles des gammes ZF/ZF II, ZK et ZE, fabriqué au Japon par le sous-traitant Cosina, également acheteur des droits de la prestigieuse marque Voigtländer. Et c’est leur réalisation qui trahit la parenté de deux optiques : fabrication en métal, finition noire satinée, inscriptions et repères gravées et peintes en blanc et rouge, le Color-Skopar et le Distagon promettent une robustesse à toute épreuve, surtout le dernier dont les matériaux utilisés semblent être particulièrement épais et résistants.
À noter aussi qu’aucun des deux n’offre une mise au point automatique, mais uniquement des contacts électriques pour assurer la communication entre objectif et boîtier. Toutefois, les circuits utilisés donnent des renseignements inégaux : seul le Distagon communique son identité à l’appareil pour que ce dernier puisse l’enregistrer parmi les métadonnées EXIF des fichiers. Quant au Color-Skopar, il ne révèle que sa focale et son ouverture…
Mise au point
Nous l’avons déjà évoqué : les deux objectifs sont à mise au point manuelle, bien qu’ils transmettent les informations nécessaires au témoin de mise au point, situé dans le viseur de l’appareil. Le viseur a tout intérêt à être aussi large que lumineux pour vérifier et affiner la mise au point. Les appareils plein format réussissent bien mieux à cet exercice, même si l’ajout d’un verre de visée « haute précision » est conseillé : un peu moins lumineux, il est aussi plus contrasté et ainsi mieux adapté à l’opération manuelle. Les deux objectifs possèdent une bague de mise au point agréable à manipuler, douce et fluide, signe d’une mécanique soignée. Si le Voigtländer offre une course sur 180 ° entre la distance de mise au point minimale (0,20 m) et l’infini, celle du Distagon est un peu plus courte et plus progressive, c’est qui est avantageux pour la photo de reportage, mais un peu moins pour la photo de paysage. La bague du Distagon claque bruyamment lorsqu’elle arrive en bout de course, c’est sans doute dû aux matériaux utilisés. Si ce bruit ne dérange guère en usage photo, il devient très gênant en mode vidéo — si vous utilisez le microphone interne, évitez de déplacer la bague jusqu’aux positions extrêmes. Si l’opération du Color-Skopar est nettement plus discrète, vous n’échapperez pas pour autant à un petit bruit sourd…
Bague de mise au point du Distagon : notez le repère destiné à la photographie IR
Pare-soleil
Zeiss/Cosina livre le Distagon ZE 21 mm f/2, 8 avec son pare-soleil en corolle dédié. Muni d’une baïonnette, le pare-soleil, dont le revêtement antireflet tend à se décoller, se fixe assez facilement sur la somptueuse bague chromée de l’objectif, pour peu que l’on dispose de suffisamment de lumière pour distinguer les repères. S’il est particulièrement discret, le petit point noir sur l’objectif est malheureusement fort difficile à localiser dans le noir. Sans lui, l’alignement des pétales du pare-soleil devient vite un jeu de hasard.
Très efficace : le pare-soleil du Distagon
Plutôt onéreux, le pare-soleil du Color-Skopar n’est pas fourni et doit être acheté à part. Allongeant l’objectif de seulement quelques centimètres, esthétiquement réussi, discret et d’une efficacité satisfaisante, ce pare-soleil n’est malheureusement pas compatible avec le bouchon de l’objectif : il faut donc choisir l’un ou l’autre pour protéger la lentille frontale, ce qui n’est guère commode.
Décline toute cohabitation avec le bouchon avant : le pare-soleil du Color-Skopar
Prise en main
La manipulation des deux objectifs est globalement très agréable, leur excellente finition contribue grandement au plaisir d’utiliser de tels objets superbement réalisés. Cependant, je trouve le fût du Distagon un peu trop lisse, malgré la présence d’une bague de mise au point finement rainurée (celle du Color-Skopar dispose d’un revêtement en caoutchouc, plus agrippant) : j’ai vécu constamment dans la peur de laisser l’onéreux cailloux s ‘échapper de mes mains. Qui plus est, aucun des deux dispose d’un repère saillant, (presque) indispensable dans l’obscurité pour bien positionner l’objectif face à la baïonnette du boîtier. Bref, à force de privilégier un design aux lignes épurées, le fabricant à fait quelques concessions sur la facilité d’emploi du Distagon ZE 21 mm f/2, 8.
Excellent billet sur ces deux optiques…!
Chouette, des photographies d’Alsace…!
Amitiés et bises à ta tribu…!
Merci pour ce billet.
Il est agréable de voir que les critères purement optiques ne sont pas toujours les seuls mis en avant, comme c’est trop souvent le cas au fil des nombreux « tests » sur le net.
Utilisateur (heureux) de l’Ultron 40 SL II grâce à ton précédent article, je suis content de voir que le facteur discrétion a encore sa place, et que certains « osent » encore dire qu’ils utilisent un objectif peut-être moins bon sur le plan optique pur, mais qui par ailleurs à des qualités dues à sa petite taille. Facteur qui pour moi, au fil des années est devenu un critère « de taille » (c’est le cas de le dire ;)).
Ayant quelques prime lens CANON, j’ ai été impressionné par ce premier achat ZEISS, au point que je rêve maintenant d’ un maco-planar 100 … La réputation de ces ZEISS ( made in JAPAN ) n’ est pas usurpée ! Pour le ZEISS, vous pouvez utiliser le module de correction de LIGHTROOM ( très utile ). En attendant ( avec impatience ) que DXO ( comme il l’ annonce, mais, bizarrement pas pour le 21 ??? ) nous propose son module de correction.
Je rejoint Guillaume C dans son commentaire.
Les qualités optiques sont importantes mais il ne faut pas oublier que l’on achète un objectif pour s’en servir !