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Macrophotographie : utiliser des objectifs d’agrandisseur (1)

Autrefois utilisés dans la chambre noire, les objectifs d’agrandissement sont désormais fréquemment bradés pour une poignée d’euros. Pourtant, il s’agit d’optiques de performances souvent très élevées, rivalisant avec celles des meilleurs objectifs macro dédiés. Voici comment les choisir.


Rappelons que les objectifs d’agrandissement n’ont pas été conçus pour une utilisation à l’infini. Optimisés pour des rapports de reproduction supposant un tirage nettement plus long que leur focale, ils offrent des performances optimales aux agrandissements compris entre 2 et 10 fois, mais avec une trajectoire inverse des rayons lumineux par rapport aux objectifs de prise de vue, le sujet, c’est-à-dire le négatif à agrandir, étant situé du côté de la lentille arrière de l’objectif. En théorie au moins, il faudrait donc inverser un objectif d’agrandissement pour ainsi rectifier le cheminement de la lumière et tirer parti de son meilleur piqué ; dans la pratique, il est tout à fait possible de l’utiliser tel quel pour peu que le rapport de reproduction ne soit pas trop important. En fait, les objectifs les mieux corrigés possèdent une formule de type Plasmat ou Planar, quasi symétrique et peu sensible à la modification du rapport de reproduction, avec pour résultat une qualité optique élevée et constante, à même de s’adapter à une plage d’utilisation très étendue.

Canon EOS 5D Mark III, objectif d’agrandissement Fujinon -EX 75mm f/4,5 + tube allonge hélicoïdal, 1/800 s à f/5,6, 800 ISO.

Qualité optique

Par définition, la vocation première d’un objectif d’agrandissement était de restituer fidèlement l’image enregistrée sur un négatif noir et blanc ou couleur. Il fallait donc qu’il soit d’une « neutralité » aussi parfaite que possible pour ne pas ajouter des défauts optiques à ceux préalablement enregistrés par l’objectif de prise de vue.

  • De manière générale, la distorsion est parfaitement maitrisée, avec des valeurs qui ne dépassent que rarement 0,5 %.
  • Le vignetage s’estompe progressivement pour devenir nul aux ouvertures de travail, comprises entre f/5, 6 et f/11.
  • Alors qu’on tolère souvent à la prise de vue un piqué hétérogène entre le centre et les bords de l’image (le sujet principal occupant souvent la partie centrale du cadre), un objectif d’agrandissement se doit de restituer la texture du grain du film sur toute la surface de celui-ci. La planéité du champ doit être exemplaire pour assurer une netteté satisfaisante à la fois au centre et sur les bords. Heureusement, la plupart des objectifs d’agrandissement se plient à cette exigence, une fois fermés aux ouvertures moyennes.
  • Les objectifs à six lentilles offrent les meilleures performances optiques, avec une homogénéité plus importante entre le centre et les bords. De plus, il suffit de les fermer de deux crans pour obtenir le meilleur piqué. Les objectifs à quatre lentilles offrent le meilleur rapport entre qualité et prix, avec une hétérogénéité plus importante entre le centre et la périphérie. Qui plus est, il faut les fermer à f/11 pour tirer la quintessence de leur formule optique ; en macrophotographie, il faudrait fournir une intensité lumineuse équivalente à f/22 (au rapport 1 x), ce qui n’est guère pratique. Les objectifs à trois lentilles ne fournissent des bons résultats que lorsqu’ils sont « vissés » à fond, mais le piqué n’est alors présent qu’au centre de l’image. Situés aux antipodes des objectifs à petit budget, les objectifs « APO » représentent la « crème de la crème » en matière de performances optiques : dotés de verres spéciaux pour une correction plus poussée des aberrations chromatiques latérales, ils sont proposés à des prix plus élevés (même en occasion), limitant leur intérêt pour une utilisation occasionnelle en macrophotographie.
  • Si certains objectifs plus modernes bénéficient d’un traitement multicouche des lentilles (par exemple les Fujinon-EX 75mm f/4,5 et EL-Nikkor 50 mm f/2,8 N que j’utilise mais également les versions APO des fabricants allemands Rodenstock et Schneider-Kreuznach et les Meogon du fabricant tchèque Meopta), la plupart des objectifs d’agrandissement en sont dépourvus. Il en résulte souvent un pouvoir de contraste moins élevé avec des images plus douces mais tout aussi piquées et une sensibilité plus grande au flare et aux images fantômes.

Fermé d’un ou de deux « diaphs », un objectif haut de gamme à six lentilles offre des performances optiques  qui n’ont rien à envier à celles d’un objectif macro dédié, pour un tarif nettement inférieur ! Canon 5D Mark III, objectif d’agrandissement Fujinon -EX 75mm f/4,5 + tube allonge hélicoïdal, 1/400 s à f/8, 1250 ISO.

3 commentaires “Macrophotographie : utiliser des objectifs d’agrandisseur (1)

  1. Article intéressant.
    J’aurais aimé qu’il nous informe également de la manière d’adapter ces objectifs sur nos boitiers.

    Je possède un Nikon 50mm 2.8 d’aggrandisseur, et j’ai un Nikon D750

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