Photokina 2008 : les grandes tendances
Publié le 11 septembre 2008 dans Actualités par Volker Gilbert
Grande messe de l’industrie photographique, la Photokina rassemblera les aficionados de la photo dans une dizaine de jours. Si les fabricants ont pris la (mauvaise) habitude de dévoiler leurs nouveautés les plus importantes pendant les mois d’été, le rendez-vous à Cologne reste incontournable pour glaner les produits des petits et grands joueurs de l’univers de la photo. Voici les grandes tendances de ce cru 2008.
Grande messe de l’industrie photographique, la Photokina rassemblera les aficionados de la photo dans une dizaine de jours. Si les fabricants ont pris la (mauvaise) habitude de dévoiler leurs nouveautés les plus importantes pendant les mois d’été, le rendez-vous à Cologne reste incontournable pour glaner les produits des petits et grands joueurs de l’univers de la photo. Voici les grandes tendances de ce cru 2008.
La percée des capteurs grand format
Privilégiés pour leur excellent rapport signal-bruit, rendu harmonieux des zones floues et compatibilité avec les objectifs « argentiques », les appareils à capteurs plein format (24×36) étaient jusque-là destinés exclusivement à quelques photographes professionnels et amateurs fortunés. Or, depuis quelque mois ils s’apprêtent à se généraliser dans les appareils moyen et haut de gamme : après Nikon (D3, D700), Sony présente en avant-première le vaisseau amiral de sa gamme, l’Alpha 900 – et quel appareil ! Equipé d’un capteur plein format stabilisé de pas moins de 24,6 mégapixels, d’un magnifique viseur à couverture 100 % et d’une construction solide et bien dessinée , cet appareil à tout pour plaire, d’autant plus qu’il soit proposé à un tarif alléchant : moins de 3000 € ! En revanche, nous regrettons l’absence du dispositif Live View (pas si indispensable…), le choix d’un accu « grand public » et surtout une gamme d’objectifs aussi trouée qu’un gruyère – malgré deux nouvelles optiques, proposées au même temps (16-35 mm f/2.8 et 70-400 f/4-5.6).
Décidément, Nikon a le vent en poupe. Malgré une supériorité de Canon sur le plan technique pendant de longues années (capteurs CMOS et plein format, motorisation à ultrasons), la marque a réussi à remonter la pente. La gamme Nikon est aujourd’hui incontestablement la plus homogène : D90, D300, D700 ou D3, tous les boîtiers sont très performants et offrent dans leurs gammes respectives les meilleures performances et/ou des fonctionnalités introuvables ailleurs. Sans un véritable sursaut dans les mois à venir, Canon se verra reléguer à la position jadis occupée par Nikon, et ce pendant de longues années.
Nul ne conteste que le Canon EOS 50D ne soit un appareil efficace, mais les améliorations par rapport à son prédécesseur sont peu significatives. Nouvel écran arrière, prise HDMI, nouveau capteur de 15 mégapixels et processeur DIGIC IV s’attelant à corriger les défauts inhérents aux petits photosites, l’offre est certes intéressante, mais nous aurions préféré à regarder à travers d’un « viseur plein format » (100%) et à découvrir une tropicalisation totale – à quoi sert-il de disposer d’un capteur aussi puissant lorsqu’on recadre systématiquement ses images, faute à un viseur ne couvrant que 95% de leur surface ? Bref, les nouveautés présentées par Canon nous laissent un peu sur notre faim, d’autant plus que le remplaçant du Canon 5D, dont on peut apercevoir un « teasing » quelque peu succinct, risque de nous apporter qu’un capteur et un écran LCD plus puissants, une gamme de sensibilités ISO et un échantillonnage plus étendues (processeur DIGIC IV, là encore…), une visée LiveView et un dispositif de nettoyage de poussières. Verra-t-on, en revanche, un flash intégré pouvant fonctionner en tant que maître, une visée 100 %, une cadence supérieure en rafale et une tropicalisation plus poussée ?
Le mode vidéo, apparu avec le Nikon D90, est la suite logique de la fonction LiveView. Elle équipera sans doute bientôt d’autres appareils reflex numériques, y compris ceux de Canon. Bien que nous sommes encore sceptiques quant son utilité, la convergence entre les deux univers photo et vidéo semble se profiler à l’horizon : Red, fabricant célèbre de caméras vidéo numériques, prépare une gamme d’appareils hybrides (Digital Still & Motion Camera) qui se frotteront à terme aux ténors du monde photo.
« surtout une gamme d’objectifs aussi trouée qu’un gruyère – malgré deux nouvelles optiques, proposées au même temps (16-35 mm f/2.8 et 70-400 f/4-5.6) »
J’estime beaucoup votre travail mais on en a assez les « sonystes » d’entendre des « clients » Canon et/ou Nikon parler de la Gamme Sony sans la connaitre! Depuis deux ans, les choses ont évolué: Un Zeiss 24/70 2.8 SSM, un Sony G70/200 2.8SSM, des fixes Zeiss 85 mm et 135 mm ultra lumineuses (certes non SSM),…c’est pas mal pour du gruyère! Non?!
Hi, hi, je savais que je provoquerai des réactions fortes comme la votre : vous avez raison pour ce qui est des références phare du style 16-35, 24-70, 70-200 etc, 85/1.4, 135/1.8 à grande ouverture. Mais là je ne parle pas de ce qui existe, mais de ce qui n’existe pas (encore) : des objectifs abordables et d’excellente qualité côté focales fixes et zoom (24 mm f/2.8, 35 mm f/2, 85 mm f/1.8, 180 ou 200 mm Macro, 17-35 f/4et 70-200 f/4) pour ne pas parler des objectifs TS-E, inexistants. Bref, pour le Alpha 900 Full Frame, la gamme n’est pas encore suffisamment vaste ! Je vous invite à lire tout le texte, vous verrez que pour des clients Canon et Nikon (par ailleurs je me suis amusé à lire quelque part sur un forum que nous serons trop Pro-Nikon, un comble pour moi que je suis équipé en Canon :-)) nous ne sommes pas trop tendres avec eux…
Ne prenez pas mal la remarque 😉
Oui, depuis le rachat les choses évoluent et dans le bon sens… Mais, le catalogue Sony propose une trentaine d’objectifs contre un peu moins du double pour Canon et Nikon et que le marché de l’occasion est tout de même plus achalandé du côté de ces deux marques. Heureusement, les objectifs Carl Zeiss sont très bons (mais relativement couteux). Combien d’objectifs macro sont au catalogue ?
Néanmoins le qualificatif « outsider » correspond de moins à moins à Sony et la sortie de l’Alpha 900 en est une preuve irréfutable. Ne parlons pas de l’A700 qui est un boitier performant avec un rapport Qualité/Prix certainement le meilleur de la catégorie.
Volker, une remarque culinaire de la plus haute importance, parce que cette (fausse) information circule bien trop en France et hors Suisse en général disons : le gruyère n’a pas de trous, c’est l’emmental qui en a 😉
Pour en revenir à la photo, il me semble qu’en tant qu’amateurs d’images, on deviennent un peu trop exigeants voire trop gâtés par l’offre pléthorique actuelle. Enfin, c’est ça l’évolution.
Et oui, Tony, je me suis plié à la coutume française qui est fausse. Je suis d’accord avec toi, mais je me fais toujours corriger à la maison lorsque je parle de l’Emmental à trous – en Allemagne, c’est l’Emmental qui a les trous 🙂
Pour ce qui est des exigences des photographes, amateur ou pro, j’zuis d’accord aussi, mais là c’est un débat sans fin qui dure depuis l’intégration des cellules dans les appareils…
Euh, la Photokina n’est pas bisannuelle auquel car elle aurais lieu deux fois par an. Mais elle a simplement lieu tout les deux ans.
😉
Mince, Valery, c’est exact ! Merci, Docteur, malgré la relecture, je ne l’avais pas vu !
Un des plus grands chocs de mon existence a été de découvrir que le « gruyère » rapé Entremont était fabriqué… en Bretagne.
Et comme dirait le regretté Coluche : plus y a de gruyère, plus y a de trous, et plus y a de trous, eh ben moins y a de gruyère…
Plus sérieusement, Canon doit revoir une partie de sa gamme optique. J’ai refait des essais cet été avec mon 24 TS/E + 5D. C’est vrai que les bords de l’image ne sont pas terribles.
Par contre, l’offre Sony à 24 MP et celle de Canon à venir (21 ou 24 MP) risque de donner un coup de vieux prématuré à la nouvelle gamme Nikon. Ca n’empêche pas de faire des photos certes, mais ça va les obliger à revoir rapidement leur offre car, de toutes façons, les utilisateurs réclameront un bon en avant.
C’est quand même paradoxal de citer des optiques d’entrée ou de moyenne gamme comme gravement manquantes au moment de la sortie d’un boîtier de cette catégorie. Il manque certes encore des optiques complémentaires dans la gamme Sony, mais celles que tu as listées, Volker, me sembleraient plus destinées à l’Alpha 700 qu’au flagship.
Pour les pros (et les experts fortunés), il existe désormais le triple kit de luxe Zeiss 16-35/2.8, Zeiss 24-70/2.8 et Sony 70-200/2.8, des focales fixes exceptionnelles signées Zeiss et un 300/2.8 (en attendant les plus longs télés). Et tout ça est stabilisé par le capteur alors qu’on risque d’attendre très longtemps que les focales fixes, les 16-35/2.8 et les 24-70/2.8 Canon ou Nikon le soient…
Cet appareil semble très chouette mais je ne comprends pas cette course aux pixels. Un capteur à 12 millions de pixels me paraît un bon compromis. C’est comme les voitures: quel intérêt d’avoir 200 cv sous le capot pour rouler à 90?
Les logiciels vont encore ramer bêtement pour traiter des fichiers qui ne finiront que très rarement en posters muraux. Pour ne pas dire jamais.
Arto, la densité de pixels de l’Alpha 900 est inférieure à celle d’un boîtier APS-C 12 Mpx. Il n’est donc pas plus exigeant pour les optiques en terme de pouvoir séparateur.
Il y a plusieurs avantages à ce niveau de pixellisation : l’écrasement du bruit numérique par la résolution (le 1600 ISO est plus propre sur un tirage A3 que celui des D3/D700, d’après le test de CI), la possibilité de faire un recadrage en conservant une bonne résolution (les animaliers peuvent ainsi utiliser un mode crop avec encore 11 Mpx dans la zone APS-C), la possibilité de tirages plus grands formats, précieux par exemple pour les pros de studios, etc.
Le seul vrai désagrément est informatique : il faut une machine puissante et des capacité de stockage élevées. Mais celui qui achète un tel boîtier et les optiques qui vont bien n’est certainement pas à quelques euros près… 😉