5D Mark III – Un boîtier pro en « tout auto programme vert », est-ce bien raisonnable ?
Publié le 2 novembre 2012 dans Articles et dossiers Livres par Jean-Marie Sepulchre
Style d’image automatique
Comment le 5D Mark III devine-t-il qu’il photographie un paysage ou un portrait ? Peut-être par l’analyse des teintes ou des contrastes ; toujours est-il que le mode A+ adapte tout seul le contraste, la saturation et la netteté, avec une prédominance importante pour les photos claquantes et saturées. C’est un style qui était déjà recherché par les fabricants de pellicules argentiques négatives couleur du siècle dernier, et qui donnera des résultats concluants en JPEG pour bien des sujets. Là aussi, en cas d’excès, il vaudra mieux repasser en mode P et choisir son Style d’image, le « standard » étant déjà bien soutenu en matière de contraste et de couleurs.
Combinaison avec une optique stabilisée
Deux zooms transtandards stabilisés existent dans la gamme Canon, le classique 24-105 mm f/4 proposé en kit avec le 5D Mark III, et le bien oublié mais très démocratique 28-135 mm f/3,5-5,6, dont le piqué mesuré a été une très bonne surprise de nos tests. Il existe aussi le très haut de gamme 28-300 mm f/3,5-5,6 L, qui, lui, nous a un peu déçus en longue focale. Quand on utilise le mode A+, l’appareil déduit automatiquement la vitesse minimale de la focale sélectionnée, et dès lors que l’on attend une fraction de seconde déclencheur à mi-course, pour que le stabilisateur démarre, on est certain d’avoir une très belle netteté.
Ce mode automatique intégral atteint cependant ses limites si l’on photographie un sujet qui se déplace très rapidement, par exemple une voiture ou une moto de course à peu de distance, car la vitesse choisie par l’appareil (qui a pour règle d’être assez basse pour ne pas trop monter en ISO) risque de ne pas pouvoir figer le mouvement. Dans ce cas, il vaut mieux choisir sa vitesse avec le mode Tv (par exemple 1/1000 s) et ajuster les ISO le cas échéant.
Si l’on veut user d’une vitesse lente, il faut se souvenir que le stabilisateur ne peut pas figer les mouvements, mais ici l’effet vitesse lente est volontaire.
Éviter le mode A+ en vidéo
Le mode A+ est également proposé pour la vidéo (voir le manuel page 218), mais il risque là de présenter l’inconvénient inverse de celui qui peut exister en photo sportive. En effet, pour contrôler les effets en vidéo, il convient de maîtriser l’ouverture (pour gérer la netteté sur le sujet principal et les flous de fond, si prisés au cinéma) et la vitesse d’obturation, afin que les images soient fluides.
Beaucoup de photographes qui passent à la vidéo ignorent le principe selon lequel une image est bien fluide si la vitesse d’obturation est seulement le double de la cadence de prise de vues : par exemple, en cinéma, dont la norme historique est le 24 images par seconde, les caméras sont calées avec une vitesse d’obturation de 1/48s. Si on tourne à 30 images/seconde, on devrait choisir une vitesse de 1/60 s. En pratique, on peut décaler d’une vitesse sans trop de problèmes (1/125 s par exemple), mais choisir une vitesse rapide rend les images scintillantes et saccadées, ce qui est d’ailleurs indiqué dans le manuel à la page 219. Laisser faire l’appareil en tout automatique est bien risqué, et cela vaut tout autant pour le mode Av et le mode P.
Imaginons que vous filmiez un personnage au soleil et que vous vouliez obtenir un flou en positionnant votre diaphragme à f/2. L’appareil choisira naturellement 100 ISO et… 1/8000 s, ce qui procurera une vidéo inexploitable. La seule solution est de choisir une vitesse proche de 1/125 s et de coiffer votre objectif d’un filtre gris neutre (ND) qui absorbera autant de lumière que nécessaire, ici de l’ordre de 6 crans de diaphragme. Évidemment, comme le Live view tient compte de la lumière qui parvient au capteur, votre image de visée restera très claire alors qu’elle sera tellement sombre dans le viseur optique que vous croirez la nuit tombée.
En conclusion
Se servir d’un appareil en mode « vert » est toujours déroutant pour quelqu’un habitué à souvent utiliser le mode M dès que la lumière est délicate, mais les résultats du 5D Mark III sont à la hauteur si l’on est attentif aux points signalés plus haut. Certes, beaucoup d’experts rechigneront (à juste titre) à laisser leur appareil prendre la main sur tous les réglages, mais si le boîtier passe de mains en mains en famille, au cours d’un voyage, il n’y a guère de craintes à avoir sur les résultats.
Je me suis fait la même réflexion avec le Nikon D600, à mon avis ça donne des indices sur le positionnement du produit et psychologiquement – c’est bête ! – j’ai un peu de mal du coup à choisir de tels boitiers !
Par définition, un boîtier « professionnel » est un appareil utilisé par des photographes profesionnels. Curieusement, les photographes amateurs sont généralement beaucoup plus sensibles à ce label – je connais de nombreux photographes pros ayant travaillé à un moment donné avec des outils « grand public », par exemple une photographe de mode qui avait pour seul équipement un Canon Ftb-QL, doté de son objectif standard (c’était au début de ce siècle…) et un photographe de voyage jonglant avec plusieurs Nikon F60 et des objectifs riquiqui au lieu d’investir dans un Nikon F5. Bref, rien ne sert à s’attarder sur ce genre de détails – déclenchez !
@Adrien, il ne faut pas accorder d’attention à de tels détails. Ça couterai probablement plus chère à Canon de le retirer que de le laisser.
Il y a des journalistes photographes qui sont avant tout des journalistes. Ils vont dans des endroits du monde pour réaliser des reportages écrits et doivent agrémenté de photos, mais ce ne sont pas des photographes au sens propre. Néamoins, ils doivent revenir avec des images correctes.
Il m’arrive de retoucher justement avant publication pour l’un d’entre eux et le programme vert lui est fort utile.
Oui, c’est une tendance actuelle de confier à un journaliste la réalisation d’un reportage entier, texte et images, sans le remunérer davantage…
Bonjour,
Je me permets une incise culturelle. Sur les premières photos d’Annecy. L’immeuble de gauche est un bâtiment à l’originie construit comme péage sur le Thiou mais qui a été très utilisé comme prison au cours de sa vie. C’est le Palais de l’Isle.
Concernant l’objet de l’article, je pense qu’effectivement ce mode est très utille pour l’illustration de reportage.
🙂
Bonsoir,
Pour l’illustration simple et efficace de reportages presse, locale ou même nationale, par un utilisateur peu au fait de la technique photo, si ce genre de pratique à cours, l’outil en question est, à mon avis, tout simplement démesuré (prix, encombrement, fichiers monumentaux pour des impressions de basse qualité) pour ne pas dire inadéquat (manque de discrétion notamment).
A titre de pratique personnelle, je préfère de loin, dans certaines situations, la discrétion de mon … brave 450D et de petites focales fixes, qui me donne toute satisfaction dans ces usages et permet de réaliser des images qui sont impossibles a réaliser avec du « gros matos », fusse t’il doté d’un autofocus de compétition ou d’une sensibilité de watt mille iso possible. Côté moins intrusif, discrétion, côté « touriste »…
« Gros matos » que je préfère, bien entendu, dans les usages ou son utilisation est plus facile : endroits et personnes connues, demandes officielles, etc…
A+
Très bonne synthèse de ce boitier; tout va bine, rien ne dépasse et le niveau des résultats est excellent voire superlatif.
À propos de ce boitier et de Jean-Marie Sepulchre, l’ebook récemment paru est très bon. Un regret cependant: chargé sur un iPhone il est illisible à la différence du PDF du mode d’emploi, parfaitement lisible. Avec de tels boitiers aux réglages innombrables, il est assez commode d’avoir à disposition, « in the pocket » une documentation de ce niveau.
Moi ce que j’aime dans le mode vert, c’est qu’on peut prêter son appareil à un membre de sa famille et lui dire que l’appareil s’occupe de tout. Nous laisser le choix est un luxe dont on ne saurait se passer en ce bas monde. Ma compagne remercie mon D600 de lui donner cette possibilité de ne pas être trop effrayée par le boitier