5D Mark III – Un boîtier pro en « tout auto programme vert », est-ce bien raisonnable ?
Publié le 2 novembre 2012 dans Articles et dossiers Livres par Jean-Marie Sepulchre
Le Canon EOS 5D Mark III a tout pour combler l’amateur expert et même le professionnel spécialisé dans la photo sociale (mariages) ou le reportage. Quant au vidéaste, il découvrira un boîtier encore plus puissant que le 5D Mark II qui a ouvert la porte des plateaux aux reflex 24 × 36. Mais pourquoi Canon a-t-il doté son modèle phare d’un programme « vert » tout automatique ?
Au cours des multiples essais effectués pour présenter dans mon dernier ouvrage les particularités et réglages du 5D Mark III, j’ai été intrigué par la présence sur la molette des modes classiques d’une position verte A+ ; était-ce bien raisonnable sur un boîtier haut de gamme ? (On pourra m’objecter que cette option existait déjà sur la version précédente…
Si j’avais mesuré pas mal d’objectifs sur le Mark II, jamais je ne l’avais exploré tous ces réglages, et j’avais oublié son rectangle vert – pour les tests d’optiques, on n’utilise que Av ou M !)
J’ai commencé sagement à utiliser le 5D Mark III que Canon m’avait prêté pour les essais en mode Av, voire parfois P, et puis, comme je le promenais en vacances, je me suis demandé comment le débutant qui ferait entièrement confiance en son appareil s’en tirerait. Bilan très positif…
Un autofocus plus facile
Quand on laisse faire tout seul son 5D Mark III en choisissant la position A+ (Scène intelligente auto – voir le manuel page 64), on perd tout de suite quelques contrôles, dont l’autofocus qui devient entièrement automatique. Tous les collimateurs servent à la mise au point, qui privilégie toujours le sujet le plus proche. Malgré tout, pour éviter que le sujet soit trop centré, on peut légèrement décadrer en maintenant le déclencheur à moitié enfoncé. Mais si le sujet bouge, le suivi autofocus s’activera automatiquement.
Évidemment, ce mode ne vaut pas une mise au point ultra précise avec un seul collimateur, à laquelle on peut accéder avec les autres modes d’exposition, ni les programmes spéciaux dédiés à différents sports, mais quand on a retenu qu’on peut mémoriser sur le premier plan ou l’arrière plan sans trop de difficulté, le système ne trahit pas le photographe.
Une exposition plus régulière
Ce mode multicollimateur a même un mérite que l’on découvre par la pratique : il ménage une exposition généralement plus équilibrée qu’avec la mémorisation de mise au point sur un seul collimateur en mesure évaluative : en effet, le 5D Mark III donne une prépondérance forte au collimateur actif autofocus pour l’exposition, au point de surexposer ou de sous-exposer l’image assez fortement si l’on fait la netteté sur une zone très sombre ou très claire. Utiliser la position multicollimateur automatique égalise souvent l’exposition, qu’un expert corrigera assez aisément, mais qui peut piéger un débutant, surtout en JPEG (car le RAW pardonne beaucoup plus).
Nos essais en mode A+ ont montré que les seuls cas où la mesure était moins satisfaisante étaient des sujets très délicats, tels des vitraux dans des églises très sombres : l’appareil a tendance à exposer pour les vieilles pierres, délavant la couleur des vitraux, sauf si l’on est si proche de ces derniers qu’ils recouvrent tous les collimateurs AF. Dans ces cas difficiles, on aura tendance à repasser en mode programme standard et à corriger l’exposition jusqu’à trouver le bon équilibre en regardant sa photo sur l’écran arrière.
Sensibilité automatique
En mode A+, l’appareil bascule tout seul en ISO AUTO de 100 à 12 800 ISO. Je ne cacherai pas que j’étais assez dubitatif, estimant qu’une borne à 3 200 voire 6 400 ISO serait plus efficace et moins problématique pour l’homogénéité des images. Or, on ne peut pas régler les bornes de la position ISO AUTO dans le mode A+. Dans les faits, je n’ai pas rencontré de problème en laissant l’appareil monter aussi haut en JPEG, j’estime même que les JPEG de ce Canon sont meilleurs que les JEPG des Nikon haute définition (D600 et D800) au-delà de 3 200 ISO. Cependant, on observe une perte de finesse et de netteté au-delà de 6 400 ISO ; à chacun de voir selon les sujets s’il n’est pas gêné par une si forte montée en ISO, qui ne s’accompagne pas de bruit gênant mais occasionne en revanche un certain lissage.
Je me suis fait la même réflexion avec le Nikon D600, à mon avis ça donne des indices sur le positionnement du produit et psychologiquement – c’est bête ! – j’ai un peu de mal du coup à choisir de tels boitiers !
Par définition, un boîtier « professionnel » est un appareil utilisé par des photographes profesionnels. Curieusement, les photographes amateurs sont généralement beaucoup plus sensibles à ce label – je connais de nombreux photographes pros ayant travaillé à un moment donné avec des outils « grand public », par exemple une photographe de mode qui avait pour seul équipement un Canon Ftb-QL, doté de son objectif standard (c’était au début de ce siècle…) et un photographe de voyage jonglant avec plusieurs Nikon F60 et des objectifs riquiqui au lieu d’investir dans un Nikon F5. Bref, rien ne sert à s’attarder sur ce genre de détails – déclenchez !
@Adrien, il ne faut pas accorder d’attention à de tels détails. Ça couterai probablement plus chère à Canon de le retirer que de le laisser.
Il y a des journalistes photographes qui sont avant tout des journalistes. Ils vont dans des endroits du monde pour réaliser des reportages écrits et doivent agrémenté de photos, mais ce ne sont pas des photographes au sens propre. Néamoins, ils doivent revenir avec des images correctes.
Il m’arrive de retoucher justement avant publication pour l’un d’entre eux et le programme vert lui est fort utile.
Oui, c’est une tendance actuelle de confier à un journaliste la réalisation d’un reportage entier, texte et images, sans le remunérer davantage…
Bonjour,
Je me permets une incise culturelle. Sur les premières photos d’Annecy. L’immeuble de gauche est un bâtiment à l’originie construit comme péage sur le Thiou mais qui a été très utilisé comme prison au cours de sa vie. C’est le Palais de l’Isle.
Concernant l’objet de l’article, je pense qu’effectivement ce mode est très utille pour l’illustration de reportage.
🙂
Bonsoir,
Pour l’illustration simple et efficace de reportages presse, locale ou même nationale, par un utilisateur peu au fait de la technique photo, si ce genre de pratique à cours, l’outil en question est, à mon avis, tout simplement démesuré (prix, encombrement, fichiers monumentaux pour des impressions de basse qualité) pour ne pas dire inadéquat (manque de discrétion notamment).
A titre de pratique personnelle, je préfère de loin, dans certaines situations, la discrétion de mon … brave 450D et de petites focales fixes, qui me donne toute satisfaction dans ces usages et permet de réaliser des images qui sont impossibles a réaliser avec du « gros matos », fusse t’il doté d’un autofocus de compétition ou d’une sensibilité de watt mille iso possible. Côté moins intrusif, discrétion, côté « touriste »…
« Gros matos » que je préfère, bien entendu, dans les usages ou son utilisation est plus facile : endroits et personnes connues, demandes officielles, etc…
A+
Très bonne synthèse de ce boitier; tout va bine, rien ne dépasse et le niveau des résultats est excellent voire superlatif.
À propos de ce boitier et de Jean-Marie Sepulchre, l’ebook récemment paru est très bon. Un regret cependant: chargé sur un iPhone il est illisible à la différence du PDF du mode d’emploi, parfaitement lisible. Avec de tels boitiers aux réglages innombrables, il est assez commode d’avoir à disposition, « in the pocket » une documentation de ce niveau.
Moi ce que j’aime dans le mode vert, c’est qu’on peut prêter son appareil à un membre de sa famille et lui dire que l’appareil s’occupe de tout. Nous laisser le choix est un luxe dont on ne saurait se passer en ce bas monde. Ma compagne remercie mon D600 de lui donner cette possibilité de ne pas être trop effrayée par le boitier